Au fil des dernières années, le secteur de l'indépendant en comics s'est vu connaître une nouvelle dynamique, avec de nombreux nouveaux acteurs se mettant sur le marché. Parmi les derniers en date, on retrouvait notamment AWA Studios (et leur label Upshot), dont le premier titre The Resistance résonne curieusement avec notre actualité, mais également Bad Idea, projet fomenté par les anciennes têtes pensantes du nouveau Valiant Comics, dont le lancement était prévu au mois de mai prochain.
L'idée de Bad Idea était d'établir une rupture importante avec le système traditionnel des autres éditeurs de comics (une façon de faire à mettre en parallèle avec le modèle TKO Studios). Ainsi, la maison d'édition souhaitait forcer les lecteurs à se rendre dans les shops, avec des comics disponibles uniquement au format physique, disponibles à une centaine de comicshops sélectionnés au préablable, et un nombre de copies par personne limité. Malheureusement, le lancement de Bad Idea ne pourra pas se faire dans le contexte actuel de fermeture des comicshops aux Etats-Unis, lié à l'épidémie de Covid-19 qui fait rage.
Sans trop de surprises, Bad Idea annonce donc que son lancement (avec notamment le titre ENIAC de Matt Kindt et Doug Braithwaite) est remis à plus tard dans l'année, sans plus de précisions sur la date au vu d'un contexte encore très incertain. La maison d'édition ne se laisse néanmoins pas abattre, en annonçant dans son communiqué de presse redoubler d'efforts et de travail pour ses prochaines sorties. Avec la volonté de travailler deux fois plus et de promettre la venue de titres cette année, alors qu'ils étaient prévus pour 2021. En théorie, l'idée est d'inciter encore plus, lors de la "reprise", les lecteurs à aller dans les comicshops avec ces titres que l'on suppose attractifs.
Bad Idea va encore plus loin dans son soutien aux comicshops en annonçant avoir créé un fond de soutien de 25 000 dollars, qui sera redistribué à l'ensemble des boutiques qui devaient accueillir le lancement de leurs publications. Rapporté aux 100 shops sélectionnés, il ne s'agira "que" de 250 dollars par boutique, ce qui n'est évidemment pas assez pour satisfaire tous les besoins dont elle a besoin, mais le geste a le mérite d'exister - surtout pour un éditeur qui n'a même pas pu se lancer.
Ne reste donc qu'à espérer que le direct market (l'ensemble des comicshops US) puisse tenir pendant cette période de crise afin que Bad Idea puisse proposer plus tard le lancement dont ils ont l'ambition, sachant que de premières boutiques ont déjà mis clé sous porte à l'heure de publication de cet article... Croisons les doigts.