Bien décidé à se débarrasser des formats de publications conventionnels, Ed Brubaker surprend, en annonçant dans les colonnes du Hollywood Reporter une version étendue des deux derniers numéros de Criminal au format roman graphique. La densité du volume et les conditions de publications évoquent le projet My Heroes Have Always Been Junkies, autre dérivé de ce même univers mafieux bâti par l'auteur sur plus d'une décennie.
Entre Criminal #2 et Criminal #3, Brubaker, Sean et Jacob Phillips se sont attaqués au passionnant Bad Weekend, un arc compartimenté mêlant le style habituel de Criminal et ses intrigues de polar à l'histoire "authentique" de la bande-dessinée aux Etats-Unis. Un auteur fictionnel, Hal Crane, doit recevoir un prix pour l'ensemble de sa carrière à une Comic Con de 1997 et retrouve l'un de ses assistants pour le guider dans ce grand rassemblement de fans. Sa venue n'est cependant qu'une couverture pour régler un conflit vieux de plusieurs années.
La vie de Crane, inscrite dans la réalité historique des comics, évoque le monde souterrain des auteurs, artistes et maisons d'éditions, les scandales internes du milieu et les suspicions de toute sorte dans un récit en deux numéros construit comme un fantastique mise en abyme de l'industrie, du style de Brubaker et de son propre parcours d'auteur affranchi. Le volume Bad Weekend compilera les deux numéros, avec du matériel inédit, certaines scènes rallongées, une version "remasterisée" d'après le scénariste.
Sur le papier, la proposition est des plus intrigantes. Là où il aura évoqué son envie de rendre ses lettres de noblesse au single issue avec la nouvelle série Criminal, on peut voir dans cette initiative une envie d'apporter un plus aux éditions reliées avec davantage de contenu, par-delà la simple compilation de numéros. S'il s'agit de la seule édition en trade de cet arc, les nombreux fans de Brubaker qui préfèrent la lecture en reliés auraient ainsi une plus-value intéressante, à défaut d'une oeuvre totalement inédite. Une sorte de rapprochement de deux philosophies après My Heroes, où l'univers de Criminal passe, plus que jamais, pour un laboratoire d'expériences innovantes dans le champ des comics indé'.
A voir si le scénariste choisit de reproduire cette façon de faire aux prochaines sorties en relié d'autres arcs de la série, ou s'il ne s'agit que d'un caprice isolé né du caractère "personnel" de ce récit en particulier. Pour l'heure, on sera surtout ravis d'avoir plus de Brubaker/Phillips à manger pour cette année.
Bad Weekend est prévu pour le mois de juillet chez Image Comics.
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