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Batman : Gotham by Gaslight, une réinvention animée

Batman : Gotham by Gaslight, une réinvention animée

ReviewCinéma
On a aimé• L'ambiance de l'Elseworld
• Une histoire vraiment différente du comic book
• Un casting vocal de qualité
On a moins aimé• La prise de position sur le vilain pourra faire tiquer
• On fait bien mieux techniquement
Notre note

En attendant sa sortie physique le mois prochain, le film d'animation Batman : Gotham by Gaslight s'est rendu disponible au format numérique, l'occasion de jeter un oeil au nouveau produit de Warner Bros. Animation, qui s'inspire du comic book éponyme de Bryan Augustin et Mike Mignola. Emphase sur le "s'inspire", puisque le film prend énormément de libertés, mettant en discussion le terme "d'adaptation", et ce n'est pas forcément un mal.

Pour aborder le sujet, partons du principe même de Gotham by Gaslight, titre regroupé sous la bannière des Elseworlds, ces récits qui réinventent des personnages connus dans un contexte tout autre, séparés de la continuité principale. Concernant cette histoire publiée chez DC Comics, il s'agit là de replacer le Bat-verse dans une Gotham City d'inspiration victorienne, façon Londres du XIXe siècle, avec des éléments steampunk également bien représentés. Le pitch est lui aussi assez simple : Jack l'Eventreur est présent dans Gotham, et c'est ce Batman d'époque qui sera chargé de l'arrêter.

Mais de cette idée de départ, les équipes d'animation dirigées par Sam Liu (un habitué des films animés DC) se détachent très vite du récit d'Augustin. A regarder le comic book, on peut comprendre la décision assez facilement, le titre n'offrant que peu de moments d'action et une histoire assez étirée, que le format d'une heure et quelques que Warner Bros. maintient à chaque fois ne permettrait pas de développer convenablement (et ce malgré un "Rated R" qui pourrait permettre de proposer un film "adulte" qui différerait véritablement des productions axées pour la jeunesse).


Ainsi, dans l'animé, on n'assistera pas au retour de Bruce Wayne à Gotham et sa prise du costume. Le super-héros est déjà installé, et le film ne perd pas de temps à rentrer dans le sujet. Jack the Ripper assassine violemment des femmes des quartiers pauvres (grosso modo, des prostituées et danseuses de cabaret) et Batman doit le stopper, sous fond d'ouverture d'une grande fête foraine dans la ville, financée par Bruce Wayne. Quelques éléments du comics d'origine se rappellent au fil de l'intrigue, mais encore plus que de prendre quelques libertés, la version animée de Gotham by Gaslight réinvente son histoire, s'attachant surtout à garder une ambiance et à développer son concept d'Elseworld.

On retrouve donc une quantité plus importante de personnages ré-imaginés dans cette Gotham du XIXe siècle, avec quelques impressions violentes de simple name-dropping, et une volonté de parler plus à un grand public qui est déjà familiarisé avec les personnages de la ville de Batman. Notamment, la présence des jeunes Dick, Jason et Tim (ce dernier n'existant pas encore à l'époque de la sortie papier de Gotham by Gaslight), de multiples protagonistes féminins (Pamela Isley, Selina Kyle, Leslie Thompkins). Et surtout, une modification complète du "grand vilain" de l'histoire, qui permet aux lecteurs d'avoir une vraie surprise. Mais la décision de faire de ce personnage en particulier le méchant, et au vu de ses motivations, pourra faire grincer quelques dents.

En soi, on ne pourra pas critiquer cette approche d'avoir fait quelque chose de si différent. Ca permet d'avoir une discussion sur le terme "d'adaptation", où il faut toujours faire des choix entre fidélité et libertés, certains arguant (à raison, dans une certaine mesure) qu'avoir une simple retransposition d'une bande dessinée en animé n'est pas très intéressant. L'envie de se démarquer est donc là plutôt intéressante, surtout dans sa démarche, le résultat final étant de toute façon apprécié à la valeur de chacun. Ici, on a donc une histoire neuve, menée avec un rythme appuyé qui fait que l'on ne s'ennuie pas, avec ce qu'il faut malgré tout de clins d'oeil au récit d'Augustin et Mignola pour ne pas se sentir lésé.


Car le véritable intérêt de Gotham by Gaslight est dans sa démarche de transposer l'Elseworld en version animée, afin de voir si l'idée fonctionne pour un public pas forcément averti. L'ambiance fonctionne bien, même si d'un point de vue technique, les dessins souffrent d'un certain manque de détails (les décors sont assez pauvres), et l'animation n'est pas bien fluide, malgré quelques bonnes idées de mise en scène, et des cadrages assez dynamiques. On peut regretter malgré tout que Warner ne fasse pas plus d'efforts de ce côté là (alors que d'autres productions comme le futur Batman Ninja s'annonce dantesque à cet égard).

On pourra également discuter du côté "Rated R" du film, qui trouve un sens dans un Jack par moment effrayant, et quelques scènes très violentes, qu'on ne conseillera donc pas à un jeune public. Même hors-champs, certains meurtres marquent, et la façon dont sont traitées les femmes dans le long-métrage est assez dure. On pourra d'ailleurs s'interroger sur quelques plans/scènes un peu coquines dont la justification n'est pas si évidente que ça. Le film compense par la mise en avant de Selina Kyle et Leslie Thompkins, mais cette sexualisation ne sera pas forcément bienvenue par tous.

Batman : Gotham by Gaslight est un film d'animation plutôt réussi, bien que Warner ne soit toujours pas au top d'un pur point de vue technique. Mais en plus de proposer une ambiance réussie pour cet Elseworld, le film s'émancipe complètement de son matériel d'origine pour proposer une histoire véritablement différente de celle que vous avez pu lire. Une initiative bienvenue qui permet de relancer le débat sur ce que doit être/faire une adaptation, pour un film assez agréable, mais clairement pour les enfants.

Arno Kikoo
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