Voilà quelques (7 pour être exacts) années déjà que nous entendons parler de la venue de Batman en Europe, via Batman Europa, titre en forme d'arlésienne qui vient enfin d'arriver dans les rayons des comics shops, pour le plus grand bonheur des fans du chevalier noir, et tout particulièrement de ses fans européens tel que nous. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le voyage du croisé en cape vaut le coup d'œil.
Pour autant, on ne pourra pas dire que le résultat est proportionnel à nos attentes, tant les années ont travaillé sur notre impatience, et que ce premier numéro, pour le moins irréprochable, reste très classique. Dans le bon sens du terme, par contre. On s'en rend très vite compte à chaque nouvelle planche, planches qui sont la parfaite synthèse du style de Jim Lee - qui n'est jamais que la quintessence du comic book industriel, à mon sens - et d'une approche plus typiquement européenne.
Parlons de l'Europe justement. La série s'ouvre sans doute sur l'une de ses villes. Et après un bref passage par notre habituelle Gotham, qui sert avant tout à contextualiser cette nouvelle aventure de Batman, on se retrouve à Berlin, que le scénario prend le soin de décrire, d'explorer, de visiter, au sens propre du terme, finalement, comme le ferait n'importe quel touriste. Matteo Casali et Brian Azzarello réussissent déjà ce pari : celui de plonger Batman au cœur du vieux continent, que les auteurs présentent avec un certain respect.
L'interlude "visite" passée, on plonge la tête la première dans une intrigue finalement plus intelligente que prévu. Ce n'est pas un nouveau méchant mais un virus qui attaque Batman. La métaphore est filée d'ailleurs, puisque ce ne sera pas seulement le sang du héros qui sera infecté d'un virus, mais aussi la mémoire de son ordinateur. Une double piste qui servira de prétexte scénaristique au voyage de notre héros, amené à se rendre aux quatre coins de l'Europe. Plus étonnant encore, il devra faire équipe avec sa némésis de toujours, Le Joker, pour remonter cette fameuse piste.
Pas de doute, les années et l'impatience ont permis à Casali et Azzarello de savamment tisser leur toile. Et pour le moment, premier numéro oblige, le mystère est entier et saura piquer notre curiosité. Par conséquent, et comme toujours avec ce genre d'histoire concernant le meilleur détective du monde, il faut peut-être déjà s'attendre à une douche froide en guise de résolution.
Mais soyons honnêtes, ce ne sera pas l'intrigue, malgré toutes ses originalités, mais les dessins qui capteront toute notre attention. Il faut dire que les planches sont pour la plupart superbes, et subliment un Batman moderne et impérial comme on pouvait déjà le trouver dans Hush, puisque Jim Lee assure ici la deuxième partie des dessins. Se basant sur les structures de Giuseppe Camuncoli, artiste italien de renom, l'américain met en effet tout le charme de son trait au service du chevalier noir et de ses cavalcades. Seul petit bémol, Jim Lee assure aussi son propre ancrage. Et particulièrement léger voire invisible, il se marie assez mal aux couleurs d'Alex Sinclair.
Ce travail à six mains trouve ainsi ses limites à l'occasion de quelques cases, où le trait est à peine prononcé, laissant les détails s'échapper et la couleur, parfois radicalement fluorescente, déborder. Un peu dommage, mais prévisible : ces différentes couches, signées par des artistes singulièrement différents, ne pouvaient avoir que les défauts de leurs qualités. En l'occurrence, ici, c'est une règle assez courante qui s'applique : plus le résultat est impeccable, plus le moindre défaut paraît grossier.
On ne boudera pas notre plaisir. Batman Europa est enfin là, et nous propose une aventure a priori assez fraîche, tant dans son intrigue que dans son propos et bien sûr, dans sa réalisation, toujours impressionnante, même lorsqu'elle est perfectible. Une rencontre assez inspirée entre le Chevalier Noir selon Jim Lee et une saveur toute européenne.
20 Novembre 2015
min@corentin, je trouve que sa bouffe son trait, ce qui rend un coté pateux, j'ai toujours cette impression avec la colorisation sur du crayonné, ça marche bien, sur des dessinateurs plus cartoonni, et puis sinclair je ne suis pas très fan. mais c'est quelques chose qui est personnel.
är contre j'ai le souvenir d'un comics à l'aquarelle de jim lee dans les années 90, je n'ai pas retrouvé le titre, mais c'était magnifique.
19 Novembre 2015
CorentinTu trouves ? C'est intéressant au contraire, avec les couleurs descendues. L'effet est sobre et ça sert le côté carte postale de ce voyage en Europe (puis "sobre", c'est pas souvent un terme qu'on emploie pour le trait 90's. Sur Unchained, il était encré, et c'était pas affolant non plus).
Perso je trouve ça intéressant comme manière de renouveler un style.
19 Novembre 2015
minexactement la mm impression avec Hush et exactement du mm avis... sinon il faut vraiment encrer jim lee, ou laisser l'histoire en crayonné, mais les couleurs ça a été le gros point noir.
19 Novembre 2015
Trunks93Clair, j ai eu aussi la pression de lire une suite de Hush.Le Killer Croc doit y jouer aussi
18 Novembre 2015
CorentinC'est certain que ça change du Bat-Chappie. Après, c'est peut-être parce que Hush représente un genre d'alpha-récit du Batman détective, mais dans la narration, la manière d'écrire Bruce et de présenter les enjeux, perso, j'y vois énormément de points communs (bon, le dessin y est pour quelque chose aussi).
Mais, oui, un récit bien classique comme ça, après les années récentes, ça fait juste du bien.
18 Novembre 2015
Republ33k@Corentin : tu me rassures :] je pensais le seul à voir du Hush absolument partout !
Mais du coup, je trouve que le titre est d'autant plus appréciable maintenant et face au Batou de Snyder. Un peu de changement fait du bien.
18 Novembre 2015
CorentinC'est drôle de relire cette relation Batman/Joker après Snyder et les New 52.
Sans ça, le récit est bon. Ca s'appréciera davantage en relié cela dit, mais la vibe Batman : Hush all over again m'a bien plu.