Alors qu'on évoque de premiers différends créatifs entre Marvel Studios et Sony quant au retour de Spider-Man sur nos écrans, un nouveau fichier issu du piratage de l'entreprise nippone fait surface, et risque bien de faire parler de lui.
Et pour cause, ce document n'est autre que le cahier des charges élaboré par Sony pour le personnage de Spider-Man. Une sorte de nomenclature, si vous préférez, qui liste les activités et la personnalité du héros. Et hélas, notre Spidey est bien trop dirigé dans sa vie pour être intéressant.
Peu importe que Peter Parker ou qu'un autre alter-ego se cachent sous le masque, Spider-Man est ainsi défini :
• C'est un homme
• Il n'utilise pas la torture
• Il ne tue pas sauf pour se défendre ou défendre les autres
• Il ne jure pas au-delà du PG-13 (comprendre : il ne prononce pas le mot "fuck")
• Il ne fume pas
• Il ne vend ou ne distribue pas de drogues
• Il n'abuse pas de l'alcool
• Il n'a pas de relations sexuelles avant ses 16 ans, et n'a pas de relations sexuelles avec quelqu'un de moins de 16 ans.
• Il n'est pas homosexuel (à moins que Marvel ne le représente comme tel)
Pour revenir sur Peter Parker, voilà ce que détaille le document sur le jeune lycéen :
• Son nom complet et Peter Benjamin Parker
• Il est blanc et hétérosexuel
• Ses parents étaient absents de sa vie lors de son enfance
• Il a donc été élevé par tante May et oncle Ben à New York
• Il a obtenu ses pouvoirs en entrant au lycée ou à l'université
• Il obtient ses pouvoirs en étant mordu par une araignée
• Il imagine son premier costume, rouge et bleu
• Le costume noir n'est pas de son fait, mais est un symbiote
• Il a été éduqué dans les banlieues de classes moyennes dans le Queens, New York
• Il va au lycée dans le Queens, New York, et à l'université à New York
Maintenant que nous avons énuméré la liste des conditions du studio, nous pouvons revenir sur deux choses. La première, c'est la banalité de cette grille. Il faut savoir que de nombreuses entreprises hollywoodienne les utilisent pour créer et solidifier des franchises. En revanche, on peut noter que cette nomenclature est pour le coup très restrictive, et joue un peu sur les mots en distinguant les traits de personnalité de Spider-Man de ceux de Peter Parker ou son alter-ego : si Spider-Man ne peut pas fumer, Peter Parker non plus, non ?
Une embrouille qui peut en cacher d'autres : si Spider-Man peut-être homosexuel mais pas Peter Parker, on ne peut que représenter Spider-Man sous les traits d'un nouvel alter-ego, forcément moins bankable que Peter : vous avez là toutes les flammes nécessaires pour enfumer votre partenaire business.
Les marges de manœuvre sont bien étroites, ce qui donne à la liste un aspect restrictif plutôt évident. Pire encore, cette nomenclature, qui fonctionne ni plus ni moins que comme un contrat, juridiquement parlant, est entrée en vigueur en septembre 2011, soit un mois après l'apparition de Miles Morales du côté des comics Marvel.
L'entreprise craignait-elle de devoir adapter les aventures de Miles au cinéma ? Sans doute. Il faudrait rentrer dans les détails des contrats d'exploitation de Spider-Man sur grand écran pour comprendre ce qui aurait poussé Sony à autant blinder les définitions des personnages, et savoir si cette nomenclature est toujours valide - cela dit, puisque Peter Parker sera de retour à l'écran après deux incarnations, on peut imaginer que oui.
Mais il ne faudrait pas rejeter toute la faute sur l'entreprise nippone pour autant. Cette liste a forcément été co-signée par Marvel. Et peut-être que Kevin Feige, qui n'était apparemment pas opposé à l'idée de voir débarquer Miles ou un Peter Parker noir au cinéma, commence à en payer les frais.
