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Descender #1, la review

Descender #1, la review

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On a aimé• Un univers vaste
• Un récit immédiatement prenant
• Le dessin sublime de Dustin Nguyen
On a moins aimé• Faut vraiment remplir cette case ?
Notre note

Jeff Lemire nous a prouvé ces dernières années toute la diversité de son talent, aussi bien capable de traiter de sujet aussi intimiste qu'Essex County que de science-fiction avec un fort background philosophique dans Trillium. Si bien que l'on se demandait en ouvrant ce premier numéro de Descender à quoi nous devions nous attendre. Rien, peut-être, n'aurait pu nous préparer à cela.

"God ? I don't think so, Dr. Quon..."

Dès la première page, c'est un univers totalement inédit qui s'offre à nous. Jeff Lemire a imaginé une vaste coalition interstellaire, nous expliquant même par le menu à la fin du numéro quelles sont les planètes principales de ce système qu'il ne va pas explorer de suite. Le scénariste préfère que le monde qu'il a imaginé s'ouvre à nous de façon empirique, organique, suivant les mouvements des personnages. A nous de comprendre comment fonctionne cet univers infiniment vaste, d'en saisir les subtilités, tous les tenants et aboutissants d'un écosystème politique bien complexe. Alors que l'on cherche toujours à se situer au milieu de ce foisonnement inédit, surtout que le scénariste comme le dessinateur s'amusent à remplir les pages de multiples petits détails qui donnent vie à ce monde imaginaire, un univers qui nait de sa richesse affichée.

Théâtre complexe, ce monde que Lemire a mis sur pieds n'est pas la finalité de son propos. Ici, ce n'est pas une œuvre de space opera où ce qui prime est le dépaysement, mais le récit qui y prend place. Un peu à la manière des meilleurs Steven Spielberg, c'est un univers sensible qui sert de socle à une histoire qui, on s'en doute, a beaucoup de choses à dire. D'ailleurs, ce n'est sans doute pas pour rien que le héros de cette histoire est un jeune androïde qui nous a furieusement fait penser à A.I. même si le récit en est très éloigné. On peut souvent juger d'une œuvre à l'attachement que l'on éprouve envers les personnages, plus ceux-ci ont l'air vivants, crédibles dans leur réalité de fiction, plus nous sommes concernés par leurs aventures. Surtout que celle présentée ici risque d'être bien riche, Lemire tissant dès le premier numéro des liens complexes qui unissent les différents protagonistes sans qu'ils s'en doutent.


"You've been asleep for nearly ten years, Tim-21."

Le héros est un jeune garçon qui se réveille sur une colonie minière qui a connu un grave accident durant son sommeil. Il se réveille seul au milieu d'une station spatiale jonchées de cadavres. Enfin seul, jusqu'à ce qu'il retombe sur Bandit, espèce de chien robotique au design aussi bien pensé (pour le cinéma, notamment) qu'efficace. Pendant qu'il fait face à une solitude qui nous rappelle encore les meilleurs films de SF, notamment le Moon de Duncan Jones, une autre intrigue se déroule simultanément sur l'une des planètes les plus habitées de cette galaxie. Du moins, jusqu'à ce que des robots géants, qui nous rappellent fortement les Célestes imaginés par Jack Kirby,  dévastent cette planète après une Rencontre du Troisième Type (Spielberg encore) ratée. Que peut bien unir ces deux trames narratives ? C'est tout l'enjeu de ce premier numéro qui nous laisse le sentiment d'être face à une œuvre qui va s'ouvrir vers l'immensité.

Si Jeff Lemire est dans la retenue dans ce numéro d'introduction qui ne nous laisse que l'envie de nous jeter sur l'épisode suivant, Dustin Nguyen explose en une palette aussi colorée que riche. L'artiste passé par Detective Comics montre un nouvel aspect de son talent. Il nous transporte ici dans des sphères aussi métaphysiques que science-fictionnelles, sachant adapter son trait aux immensités qui sont convoquées ici. Si nous avons déjà évoqué l'aspect Kirbiesque de son trait, on pourrait aussi voir dans ce désir de monter un monde aussi cohérent que lourd de sens, avec une propension à développer son univers sur une galaxie entière, qui pourrait nous rappeler un scénario qu'Isaac Asimov aurait mis de côté - mais de manière bien plus sensible, Lemire sachant toujours aussi bien caractériser ses personnages. Nous devenons ainsi les spectateurs de scènes de la vie quotidienne, mais d'un quotidien qui se déroule à des années-lumières d'ici.

Certaines œuvres ont cette faculté incroyable de provoquer en nous le sentiment d'être devant un chef-d'œuvre instantané. Un nouveau classique à ranger dans sa bibliothèque dès le premier numéro terminé. Ce qu'on appellera désormais "l'effet Saga" fonctionne à plein dans ce premier épisode de Descender. Si Jeff Lemire et Dustin Nguyen continuent sur cette même lancée, nous avons probablement déjà le meilleur comics de SF de l'année. La bonne nouvelle, c'est qu'il semble aussi entre de bonnes mains au ciné

Alfro
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