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Mark Waid, Thrillbent et l'avenir des comics digitaux

Mark Waid, Thrillbent et l'avenir des comics digitaux

NewsIndé

Nous sommes le 14 Avril 2012, de l’autre côté de l’Atlantique, à Chicago précisément, où se déroule la Chicago Comic & Entertainement Expo. Une convention aux 41 000 visiteurs choisie par le célèbre Mark Waid (The Flash, Kingdom Come, Daredevil) pour annoncer en grandes pompes sa plateforme de distribution de comics digitaux, Thrillbent.

Dix-huit mois et dix séries publiées plus tard, Thrillbent continue tranquillement son petit bonhomme de chemin, avec pour objectif d’améliorer et de fournir en nouvelles séries un service dont la version 2.0 est apparue le 1er Avril dernier. Des ambitions qui n’ont pourtant rien d’une vaste blague, et qui, à force de persévérance,  pourraient faire de Thrillbent un futur incontournable de la distribution de comics dématérialisés dans les années  à venir.

Mais il y a deux ans, la situation était bien différente de celle d’aujourd’hui. Mark Waid, persuadé que le digital s’apprêtait à rendre les supports physique obsolète, se mettait à dos une partie de l’industrie, encore trop attachée au sacro-saint support papier.

A travers une longue lettre intitulée « How I Fumbled the Ball » publiée sur le site 13th Dimension, Mark Waid s’est décidé à revenir sur ses propos, tout en analysant avec beaucoup de justesse un marché actuellement en pleine mutation.


"Bienvenue dans l’industrie des comics du 21ème siècle

Croyez-moi lorsque je vous dis que quand la foule retourne le village armée de torches et de fourches, et que vous réalisez que vous êtes le seul à ne rien tenir dans les mains, c’est une situation très inconfortable.

Il y a quelques années, à une conférence consacrée aux éditeurs de comic book et aux piliers de l’industrie, quand Comixiology n’était encore qu’un « arriviste » et les IPads de simples jouets, je me suis violemment attaqué aux Anciennes Méthodes. Je n’étais pas le premier à le faire, mais j’ai su faire entendre ma voix. J’ai crié haut et fort que nous devions concentrer notre attention vers le marché émergent du digital et qu’en tant qu’industrie, nous ne pouvions continuer à être retenus en otages par notre unique et important distributeur de comics, nous et les quelques 1800 boutiques spécialisées aux Etats-Unis. J’ai soutenu que les tablettes et smartphones étaient devenus les nouveaux kiosques, les nouveaux outils de diffusion.

 Alors que la majorité des éditeurs me tournèrent le dos pour avoir prêché l’hérésie et me tombèrent dessus comme un enfant obèse sur un gâteau au chocolat, j’ai continué de croire que les Anciennes Méthodes étaient destinées à mourir plus vite que ce que nous pouvions imaginer, et que l’avenir des comics s’articulait autour de la distribution numérique. 

Et vous savez quoi ?

J’avais tord.

Enfin, pas complètement. Je n’ai pas de regrets de m’être exprimé sur les Nouvelles Méthodes, soit le rôle d’outil de diffusion que peuvent jouer les écrans portatifs. D’ailleurs, j’ai parié la totalité de ma légendaire collection de comics et trois ans de nuits et de week-end, avec la douce assurance que les comics digitaux représentaient le futur de l’industrie.

C’est ainsi que mon portail de distribution de comics digitaux Thrillbent.com est né, et se développe aujourd’hui comme une plateforme où l’on peut raconter des histoires via un nouveau média qui permet de toucher un public qui ne peut se déplacer jusqu’à un comic shop tous les Mercredi. Et jusqu’ici, tout se passe bien.

Mais en toute franchise, les Anciennes Méthodes n’étaient pas condamnées. Il y a trois ans, si vous m’aviez dit que les ventes de comics aux Etats-Unis enregistreraient de telles hausses alors que toutes les autres formes de presse écrite perdaient des lecteurs à une vitesse impressionnante, c’est moi qui vous aurais qualifié d’hérétique. Pourtant, nous en sommes là aujourd’hui.

Les comics papier ne sont plus le marché florissant qu’ils étaient durant leur âge d’or et pourrait bien ne plus jamais l’être, mais personne ne peut nier qu’un boom durable est en train de se produire, et cela sans aucuns signes avant-coureurs d’une quelconque faillite prochaine. 

Et voilà ce qui est vraiment cool : Il arrive la même chose aux comics digitaux. Ils ne se contentent pas d’égaler la croissance de l’industrie des comics papiers, ils la dépassent.


Il y a un an ou deux, quand les lecteurs  (nouveaux, vieux ou dépassés) ont commencé à déclarer que la lecture de comics en ligne les avait incité à se rendre en magasins, nous avons envisagé la possibilité qu’il y ait un effet positif et une symbiose entre les deux. Aujourd’hui, nous avons des données chiffrées pour le prouver ; chacune d’entre elles tend à prouver que l’un ne « vole » pas les lecteurs de l’autre. Le digital permet la diffusion, mais les points de ventes sont les lieux de rassemblement de la communauté, les plateformes de ventes, les oasis de la culture pop.

J’en suis si persuadé que j’ai décidé de prendre un nouveau pari. Moi qui ait pourtant la réputation d’être un fanatique du digital qui déteste les versions papier, je possède désormais ma propre boutique, Alter Ego Comics à Muncie dans l’Indiana. Je n’en fais pas mention pour me faire de la pub, je le jure, mais pour prouver que j’aborde les possibilités de cette nouvelle relation entre virtuel et points de vente avec le même zèle qui m’a amené à créer Thrillbent.

Nous sommes en train d’installer un kiosque à Alter Ego où les clients peuvent feuilleter les titres Thrillbent sur l’écran et, en utilisant leurs téléphones pour activer les codes QR, effectuer des achats digitaux directement sur le site. Je suis très curieux de savoir comment cela fonctionnera pour nous. Ce sera étrange d’offrir les services physiques et dématérialisés sous le même toit. Nous pourrions ne pas obtenir des résultats satisfaisants, mais dans ce cas là, l’expérience suivante les obtiendra, ou la suivante encore.

Je viendrais vous tenir informés de nos progrès de temps à autres. L’audience existe bel et bien – vous en êtes la preuve vivante.

Je parle au nom de toute l’industrie pour vous dire que nous apprécions votre soutiens, peu importe les raisons qui vous ont amené à nous.

Cordialement,

Mark Waid

Fauteur de Trouble professionnel"

Darkseid
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