Il
y a un mois Jeff Lemire et Andrea Sorrentino venaient à la rescousse
de Green Arrow et faisaient table rase de 17 numéros maintenant
devenus anecdotiques. Si ce premier épisode faisait plus office de
ménage de printemps avant l'heure qu'autre chose, Green Arrow #18 passe à la
vitesse supérieure et approfondit toutes les bases posées le mois
dernier.
Après s'être débarrassé de l'ancien supporting cast de Oliver, Lemire balance un nouvel assistant dans
les pattes de l'archer vert. Fyff est un loser qui vit dans la cave
de sa mère et qui se déplace dans un van aux couleurs du resto
asiatique pour lequel il livre. Le ton est posé. Au milieu de
l'histoire plutôt sombre amorcée le mois dernier, le lecteur aura
droit à sa touche d'humour mensuelle. Mais le véritable point fort
de cet épisode, celui qui vol la vedette à Ollie et ses amis, c'est
bel et bien Komodo.
Ce numéro est des plus denses. La
quantité d'informations que Lemire parvient à y livrer en 20 pages
sans étouffer le lecteur est véritablement impressionnante et le
développement du vilain de l'histoire en est la preuve la plus
vibrante. Quand Komodo était limite cliché pour le peu qu'on en
avait vu l'épisode précédent, le découvrir dans le privé fait
froid dans le dos. Des ressources dont le méchant dispose à ses
méthodes impitoyables en passant par sa vie de famille totalement
tordue, tout fait de lui l'ennemi parfait pour pousser Oliver Queen
dans ses retranchements.
Quand je me plaignais de ne pas
réussir à m'investir sur le plan émotionnel à la lecture du #17,
Green Arrow #18 m'en a donné pour mon argent de ce côté. Une tâche
qui n'aurait au final pas été possible sans les bases posées par
Lemire dans son premier épisode. Tout ce qu'on a vu il y a un numéro
de ça est ici repris et intensifié. Komodo est impitoyable, Ollie
touche le fond, et les demi-mesures n'ont certainement pas leur place
dans cette situation. Lemire profite d'ailleurs de la situation
désespérée dans laquelle il a foutu son personnage pour faire un
clin
d'œil intelligent à son nouveau statut de membre de la JLA.
J'avais découvert le talent de Sorrentino lors de son
arrivée sur la série. La finesse de son trait et de son ancrage
m'avait laissé bouche bée et sa colorisation m'avait mis des
étoiles plein les yeux. Ce mois-ci Marcelo Maiolo prend le relais
côté couleurs et permet au titre d'atteindre de nouveaux sommets
graphiques.
Cela vient sûrement du fait que le Brésilien a une
distance sur le travail de Sorrentino que ce dernier n'a pas et qu'il
s'est habitué au trait de son collègue et ami sur I,Vampire, mais tout
dans ses couleurs est un poil plus beau, plus achevé, plus précis
que ce que le dessinateur nous avait livré le mois dernier. Maiolo
participe à établir la palette si particulière de cette série
avec un maîtrise prodigieuse. Et le bonhomme colorise trois séries
par mois... Constantine et Demon Knights pour ceux du fond qui se
posent la question.
En plus d'être meilleur que le #17
sur tous les points, Green Arrow #18 donne une raison d'être à cet
épisode qui m'avait un poil déçu et éclaire sur la direction que
Jeff Lemire a décidé d'emprunter. L'identité visuelle du titre est
clairement la plus remarquable et la plus raffinée des New 52 et
participe grandement à l'immersion dans cet univers urbain et sombre
dans lequel l'équipe artistique fait tout pour nous plonger. Une
nouvelle ère est en marche pour l'archer vert.