Sans aucun doute dans le top 3 des plus grandes arlésiennes de l'industrie des Comics (Duke Nukem Forever et Detox de Dr. Dre n'ont pas à rougir de leur retard), Age Of Ultron est enfin là. D'abord annoncé comme un event estival colossal, l'histoire "la plus importante depuis plusieurs années" de Brian M. Bendis se retrouve finalement publiée à la fin de l'hiver, après un marasme des plus comiques lors des sollicitations cet hiver.
Cette fois pourtant, le titre est bel et bien là, en couverture épaisse et dorée, prêt à se laisser dévorer par les sceptiques tels que moi. Une petite demi-heure plus tard en revanche le doute n'est plus permis : le véritable crossover Marvel de 2013 se trouve ici !
Brian M. Bendis sait tout écrire. Celui qui a commencé avec du Polar (Sam & Twitch), qui s'est fait connaître avec les aventures adolescentes de Peter Parker (Ultimate Spider-Man), qui est devenu une star mondiale à grands coups de crossovers et d'aventures Vengeresses (House Of M, Siege, Avengers...) et qui chapeaute aujourd'hui les univers Mutants et cosmiques n'avait pourtant toujours pas attaqué la dernière corde qui manque à son (énorme) arc : le Post-Apocalyptique.
Puisant aussi bien son influence dans le Hollywood des 80's (Mad Max, Espace from New York et j'en passe) que dans les travaux récents de Mark Millar (Old Man Logan), le natif de Cleveland s'offre une récréation avec Ultron, l'un de ses vilains favoris, après 5 ans de gestation catastrophique.
Le pitch, on-ne-peut-plus-simple, est le suivant : Ultron, devenu beaucoup trop intelligent,est parvenu à conquérir le monde et à devenir juge et bourreau de la condition humaine qui l'a pourtant créée. Les Super-Héros sont défaits et reclus dans le meilleur des cas (Luke Cage, She-Hulk...) quand ils ne sont pas tout simplement morts (Thor, Hank Pym?). Seul Hawkeye continue le combat avec son arc, ses flèches et parfois même une arme à feu (!), preuve du désespoir qui s'est emparé des pourtant vaillants héros Marvel. Autant ne pas se le cacher, ce numéro est très noir. De sa mise en place fine (le numéro ne souffre d'aucune introduction contextuelle lourde et tout se laisse comprendre à grands coups de dialogues bien sentis) à sa conclusion terrible, Age Of Ultron #1 est aussi étouffant que l'androïde créé par Giant Man il y a plusieurs dizaines d'années. Très cinématographique, cette introduction ne souffre d'aucun temps mort et rassure les lecteurs sceptiques devant l'ambition rabaissée du titre aux yeux des grands pontes de la Maison des idées. A ce rythme pourtant, Marvel tient ici un potentiel million-seller, qui aurait peut-être d'avantage rencontré son public en Juin, au moment de dégainer les très grosses cartouches éditoriales...
Et pourtant il y a un "mais". Mineur certes, mais il est impossible de passer à côté : Bryan Hitch n'est pas tout à fait au niveau. Une fois de plus avec le département communication de Marvel (qui n'a apparemment pas appris grand chose de la présentation de Killzone 2 il y a quelques années), toutes les images présentées en preview sont à la fois réhaussées et triées sur le volet, tant le reste du numéro n'est pas au niveau.
Il suffit d'ailleurs de tourner plusieurs pages pour voir que la faible motivation du Britannique s'amenuise à mesure que les pages de script s'empilent dans sa boîte mail, livrant même quelques pages aux bords du risible en toute fin de chapitre. Le salut viendra peut-être de Carlos Pacheco (sic) et de Brandon Peterson (sic boosté aux rayons gamma), les deux artistes qui prennent en charge Age Of Ultron dans quelques semaines à peine.
Surprise, tel est le mot qui définit Age Of Ultron #1 à tous les niveaux. Là où je ne m'attendais qu'à un pâle ersatz d'event pour pallier l'attente et enfin donner aux fans ce qu'ils réclament depuis 4 ans, Brian M. Bendis prouve qu'il sait tout faire et que chaque nouveau style qu'il aborde est maîtrisé de la première à la dernière case. Rythme, dialogue, ambiance et cliffhanger sont des modèles du genre et Marvel a pris la peine d'aider son architecte alpha en offrant une vraie belle édition à ce premier numéro, fort d'une couverture cartonnée et dorée. Seul petit problème, récurrent avec lui malheureusement, Bryan Hitch est incapable de dessiner un numéro entier correctement...