Attention avant de commencer, cette review risque de contenir quelques spoilers, pas sur le numéro en lui même mais sur l’arc narratif en général.
Il arrive toujours un moment dans une relation intime où les reproches commencent à se faire entendre, à se faire sentir. Si au début tout est rose et l’on passe le plus clair de son temps main dans la main, ce contact charnel révèle quoi qu’il arrive une pointe de critique quand arrive les jours plus las. Les oreilles de Batman ont commencé à siffler sous son masque; faute à une perte d’amour pour son scénariste du moment, Scott Snyder, qui a pourtant reçu tant de fleurs depuis la célébration de son ménage à trois avec la chauve-souris et Greg Capullo. Le divorce n’est tout de même pas annoncé, pour tout vous dire il va être très compliqué de donner un réel avis sur Batman #15. Même si le numéro est très bon et qu’il aguiche une suite que l’on se sent obligé de suivre, beaucoup de défauts ressortent. Des tics agaçants, pourtant involontaires, qui poussent à modérer son amour ou à le penser trop longuement. Ce Batman nous sourit, vous caresse le bras en posant ses lèvres sur votre joue mais ne finira pas dans vos bras, du moins pas tout de suite.
Scott Snyder avait un rêve, celui d’écrire sa propre histoire du Joker. Il faut dire que le personnage inspire par ses méthodes, sa psyché, sa verve et sa constante implication dans les pires et meilleurs moments de son Batounet. Après son arc magistral en tout point sur la Cour des Hiboux, le scénariste hérite de son souhait, du moins ce qu’il en reste. Le visage séparé du reste de sa tête, le Joker revient à Gotham rafistolé de bouts de ficelles. Snyder entame alors une guerre psychologique avec la police municipale et toute la famille du chevalier noir. Cette dernière, particulièrement visée, a un avenir sombre; la série sous-intitulée Death of the Family présage pertes et fracas sur un, plusieurs ou tous les membres connaissant le secret de Bruce Wayne. Le quatorzième numéro finissait sur une révélation que beaucoup attendaient et espéraient en murmures, le Joker dévoile connaitre l’identité secrète de son jouet et de tous ses petits amis. Une menace planante, qui a toujours causé plus d'inquiétude pour Bruce Wayne que d’affronter son pire ennemi. Sous ces airs d’histoire aux tremblements, Snyder prend son temps, décortique sa pistache sans vouloir enlever la peau mais au final ne nous donne rien. Le scénariste est talentueux, c’est un fait, il suffit de lire les premières lignes et sa tirade sur le regard, pour comprendre qu’il maîtrise les mots et l’ambiance comme personne. Il se mue en ambianceur et plus un conteur comme il l’a prouvé précédemment. Alors oui le Joker est de retour, plus flippant que jamais, preuve en est la scène dans le commissariat quelques numéros auparavant. Oui le Joker semble connaître les identités secrètes de chacun, et après... pas grand chose. Plus qu’une histoire sur le Joker, c’est un hommage qui lui est rendu mais ce n’est peut être pas ce que l’on attendait. Pour le moment Snyder semble passer à côté du potentiel énorme que lui donne cette dissociation entre le visage étiré et malmené du Joker pour juste jouer sur un mauvais placement dû à un coup du nez et des yeux. L’auteur veut nous faire déballer, morceau de scotch par morceau de scotch, notre cadeau de Noël, mais il faut qu’il comprenne qu’il est dur d’attendre cet instant quand quelques mois auparavant il nous avait offert un poney sorti de nul part. Essai raté? Trop de pression? Non, assurément pas, mais l’on sent, et ce n’est pas qu’inhérent à Batman , que Snyder perd le rythme ces derniers temps.
Je me passerai de parler des dessins de Capullo avec lesquels j’ai toujours beaucoup de mal, mais sachez qu'il est meilleur qu'à l'accoutumée, fort de quelques fulgurances vraiment impressionnantes.
Le Joker est un piège terrible pour un auteur. Snyder a pris l’angle de la tumeur s’implantant dans le cerveau de Batman (couverture du #15). Très certainement le plus intéressant de tous les vilains jamais crée, il est pourtant l’un des plus simples à écrire. J’en veux pour preuve le Joker de Christopher Nolan dans The Dark Knight. Implacable tortionnaire il agit pour nuire et seulement pour cela. Le rôle du Joker est la base du personnage de la terreur et du chaos au cinéma. On ne connaitra ni son nom, ni son origine et n’est là que pour mettre à mal les idées du héros mais jamais son intégrité physique. L’omniprésence dans les esprits de ce dernier reposant à mon sens que par la prestation exceptionnelle de son acteur et beaucoup moins de ses lignes de texte.
Le Joker n’est qu’un gringalet qui physiquement ne peut rivaliser avec Batman. S’il est si fort c’est parce qu’il est une coquille vide et sans attache que seul la haine et le chaos peuvent remplir, agissant dans la lumière comme un clown qu’il est. Le Joker de Snyder aime l’obscurité, les actions soufflées et non dites, et range le grand spectacle. Portant son visage comme un masque, le Joker se cache et ne s'expose plus comme il le faisait.
Snyder a poussé le vice jusqu’à implanter cette tumeur dans le cerveau du lecteur, le poussant à se triturer les méninges et à réécrire trois fois une review. Le numéro demande du recul, beaucoup de recul, trop d’analyses, de simagrées pour pouvoir être apprécié immédiatement. Paradoxe incroyable de la littérature, cette sensation de mauvaise lecture sur l’instant pour retourner sa veste trois jours plus tard. Il est dommage mais compréhensible de s’arrêter à la première étape, c’est ce qui trahit Snyder ces temps-ci, une explication d’idées difficiles à cerner et peut être encore ici, mal interprétées. Triste retour de bâton, va-t-on crier au génie machiavélique qui planifie ses sorties ou juste au manque flagrant d’inspiration tant ce numéro en particulier est creux?
Batman #15 est comme cette fille qui nous sourit, vous caresse le bras en posant ses lèvres sur votre joue. Elle ronge votre inconscient de l'intérieur et y fait des misères. Vous voulez l'aimer mais lorsque la tache se complique, vous la détestez. Puis le temps passera et vous retournerez vers ses lèvres tendres, même si vous savez pertinemment que rien n'avancera, que la situation s'embourbera de plus belle. Vous y retournerez parce que son sourire vous est nécessaire. Batman a besoin de ce Joker qui le fixe et lui sourit sans rien lui dire mais ce Joker est différent : sans masque, sans visage. Scott Snyder perd son héros et par la même son lecteur, quitte à essuyer ses foudres.
24 Decembre 2012
ArnaudC\'est quand même moins pire que le #14, maintenant au moins on sait où Snyder veut aller.
22 Decembre 2012
Kit_Fisto, serial reviewerToujours de bons dessisn et un plaisir de voir la Batfamily réunie dans la Batcave mais le plaisir s\'arrête là...L\'Histoire tourne un peu en rond avec le Joker. Il va falloir conclure au plus vite je pense avant que l\'ennui ne prennent de force les lecteurs.
A noter, la présence du Riddler Edward Nigma en guest dans le back-up
3/5
18 Decembre 2012
Republ33kJ\'ai vraiment douté de l\'arc dans le dernier numéro, parce que c\'était un peu trop Deus Ex Machina pour moi. Je reprends confiance en Snyder avec ce #15. -Spoilers- déjà je trouve que le dialogue de Batman auprès de sa famille permet un peu de relativiser la situation. Ensuite, je trouve que le monologue des yeux, comme tu l\'as souligné Cynok, est parfait, de même que l\'histoire de la carte, prenante, et le back up, Jock quoi.
Alors oui, on ne voit vraiment pas où ça va. Mais c\'est peut être le génie de l\'arc, qui nous embarque dans le chaos le plus total. Pour filer la métaphore, on pourrait dire que Snyder de pense pas le joker, mais qu\'il nous met dans sa tête, pleine de mystères et de folie. On est tous frustrés de pas savoir la fin, voilà tout :D
Bon après, si personne meurs... C\'est nul. Peut être que le Joker va mourir ? Après tout, il fait partie de la famille nan ?
17 Decembre 2012
BlackOwlsAh bah apparemment je suis le seul à avoir adoré ce numéro. Meilleur que le 14.
15 Decembre 2012
Charly@Jymv Mouais...
15 Decembre 2012
Jymv@Charly : mais c\'est justement parce que Batman a enlever ses gants entrelacés par ces fils qu\'il a pu se libérer. Pas d\'incohérences à ce niveau là.
14 Decembre 2012
CharlyBonjour,
Alors moi j\'ai un gros problème qui peut-être va vous semblez ridicule, mais il y a une énorme incohérence qui ma sauté au yeux dès la première lecture!!
Dans le numéro #14 Batman est tout au long du numéro habillé de la même manière, c\'est à dire avec des gants!
Il arrive en moto sur le pont avec des gants!
Il parle au Joker avec des gants !
Il se fait ligoté avec des gants!
Et BIM numéro 15 il se libère sans gants!! (sans qu\'on les voit tombés ou sur le sol sur aucune case) et se fait contaminer à cause de ça... alors OK comics/réalisme tout ça mais franchement je trouve ça juste énorme! Comment Snyder peut-il passé à coté de ça?
Peut-être que je rate quelque chose et dans ce cas je vous serais gré de m\'éclairer? soit y a un truc...Tout le long du numéro je me suis dis qu\'il y allez avoir une explication (genre un rêve, une illusion ou j\'en sais rien) mais non...
14 Decembre 2012
FireMerci pour la review.
Cependant, c\'est bien de vouloir écrire avec du style mais là c\'est assez confus.
C\'est le numéro typique de milieu d\'arc, il ne faut pas s\'attendre à ce que la tension soit toujours a son maximum. Si vous voulez des comics pop-corn allé lire du marvel ils le font très bien.
Personnellement ce qui m\'a déranger ALERTE SPOILER : l\'obstination de bruce qui ne repose sur au final rien, par rapport au fait que le joker ne connait pas leurs identités ( pour le mec le plus intelligent au monde c\'est pas très logique).
- Au vue des sollicitation de mars avec la fin de l\'arc, finalement cette arc ne présentera aucun mort (peut etre alfred ?) et donc n\'aura pas l\'importance que les teasers ont pu lui donner. D\'ailleurs je trouve sa trop laid les sollicitations aux USA où \"comment spoilers sur le sort de certains personnages\".
Sinon une de mes théories : death of the family est à prendre au sens littéral avec l\'apparition de grosses tensions entre les membres de cette famille à la fin de l\'arc. ( Mais au vu des sollicitations encore sa ne parait pas être juste)
14 Decembre 2012
Neibaf63Il y a quelque chose que je ne comprend pas dans la review. Il est dit que ce Joker agissait dans l\'ombre et qu\'il ne souhaitait pas être exposé. Or dans les numéro précédents *ALERT SPOILERS - ON * on le voit d\'abord repasser à la TV pour annoncer son retour, puis il fait carrément un spectacle de jet d\'eau version son et lumière lors de sa rencontre avec Batman , *ALERT SPOILERS - OFF*, on a vu plus discret quand même.
Moi je le trouve très psychique et méticuleux ce Joker là, et j\'aime ça, on sent qu\'il a tout le poids de cette année entière à avoir élaboré son plan.
Après pour le numéro en lui même, je trouve qu\'il alterne le très bon (le début) et le moyen. Mais je le vois plus comme un numéro de transition. Wait and See..
J\'avais pas trop aimé le backup du 14, par contre j\'ai vraiment adoré celui là par contre.
En revanche il y a quelque chose que je ne comprend pas dans cet arc/crossover. J\'ai lu le Batgirl #14 et *ALERT SPOILER - ON*, le Joker fait clairement comprendre qu\'il sait que Barbara est Batgirl alors que dans ce Batman #15 on dirait que ce n\'est pas le cas. De même les timelines entre les différents numéros ne semblent pas coincider *ALERT SPOILER - OFF
14 Decembre 2012
Underdog*** ta lecture. Bref, je ne vois pas où tu veux en venir.
ps: je ne dis pas ça pour défendre le numéro en lui-même, qui souffre de nombreux problèmes et peine à faire avancer l\'histoire.
14 Decembre 2012
UnderdogReview très illisible pour ma part, surtout dans sa deuxième partie. Le problème du recul que tu soulèves n\'est pas forcément inhérent au numéro, mais plutôt à t
14 Decembre 2012
FlatkickNuméro trop bavard, lourd et bien trop lent. J\'ai vraiment l\'impression que Snyder ne sait pas où il veut vraiment en venir, ou si c\'est c\'est ce à quoi je pense c\'est incroyablement décevant (on verra). Trop d\'ambition affichée au départ, un teasing ultra efficace et un soufflé qui retombe ici. J\'ai lu ce numéro ce matin je n\'ai pas encore assez de recul mais je dirais que c\'est l\'état de grâce qui s\'arrête pour Snyder alors que Capullo est au top. Il y a des finesses d\'écritures et évidemment ça avance, mais c\'est décevant. Numéro de transition peut être, aussi. Ne comptons pas sur un back up à peine meilleur que l\'atrocité du mois dernier pour remonter la pente. 2/5
14 Decembre 2012
ArnaudDonc on n\'a pas le droit de cracher dessus ?
14 Decembre 2012
WoodyPour une fois que je ne suis pas d\'accord avec la critique, je vais l\'exprimer. Bien sur chacun aura son avis sur le numéro, mais contrairement à ce qu\'en pense Cynok je dirais que Snyder offre une analyse du joker des plus alléchantes depuis le début de l\'arc, il nous fait même penser au pire (perso j\'ai pensé à l\'homosexualité de ce dernier), sans parler de la peur qu\'il engendre par ses discours et son physique... Toute la bat family se réunit carrément pour un seul homme, pour une simple tentative de comprendre ses ambitions. Un numéro léger certes, mais dire qu\'il n\'apporte rien serait lancer un petit crachat sur le boulot de Snyder.
14 Decembre 2012
Darkseidune superbe critique ! Vraiment, un grand bravo Cynok ! Quand au numéro en lui même, j\'ai vraiment peur de ce que ça va donner du coup ...