Noyée sous les débuts tonitruants de Marvel Now, la rédac s’excuse de ne vous proposer cette review que maintenant. Mais bon, mieux vaut tard que jamais, comme le savent bien les fans de John Cassaday, Adam Kubert, Brian Hitch, Warren Ellis…
Voilà , le disclaimer et la mauvaise vanne c’est fait, on va donc entrer directement dans le vif du sujet. Le Joker a fait son retour aussi attendu que meurtrier le mois dernier, et l’heure est maintenant venue de voir ce que Scott Snyder et Greg Capullo nous réservent pour la suite…
Maybe you’ll come back like he used to be, back then… beautiful.
On s’était quitté sur un cliffhanger le mois dernier, c’est là qu’on reprend, avec un Batman emprisonné dans une cuve qui se remplit doucement du produit qui a donné au Joker son apparence. Le tout sous le regard d’une Harley Quinn clairement perturbée (enfin plus que d’habitude quoi).
Vous vous en doutez, le chevalier noir va se tirer de ce mauvais pas sans souci. Et c’est à peu près tout ce que je peux vous révéler de l’intrigue de ce numéro sans spoiler. Car finalement il ne se passe pas grand-chose dans ces 22 pages, mais le peu qui arrive consiste en trois évènements majeurs pour la suite de l’arc. Disons juste que, dans la tradition de The Killing Joke, le clown prince of crime a décidé de frapper Batman au cœur...
Trois évènements qui prennent directement aux tripes, qui coupent le souffle. Et qui occultent presque la dimension plus subtile du scénario, l’aspect vraiment retors du plan du Joker. J’avoue je suis passé complètement à côté à la première lecture. Puis à la seconde j’ai apprécié comment Mr J fait savoir à Batounet où le retrouver. Et surtout j’ai réalisé tout le potentiel scénaristique de la back-up co-écrite par James Tynion IV et superbement illustrée par Jock, mettant en scène le pingouin (et réutilisant les 19 policiers assassinés au numéro précédent). « Wheels within wheels » comme disent les américains
That’s rough stuff.
Mais ce qu’il faut surtout retenir de ce numéro c’est la justesse de l’écriture des personnages, et son ambiance. Snyder nous mitonne des dialogues impeccables, faisant bien ressortir la détresse de Batman et de son entourage, déconcertés et choqués par les agissements du Joker. On appréciera particulièrement le monologue intérieur de Batman juste avant le final, où sa longue conversation avec Nightwing. Ces deux séquences nous laissent vraiment apercevoir l’homme sous le masque.
Et puis il y a l’ambiance, la touche Snyder, présente depuis le premier numéro du scénariste sur Detective Comics. Et c’est peut-être là le seul point qui pourra faire débat. En effet Scott Snyder y va très fort. On avait déjà pu le constater dès le mois dernier avec ce Joker au visage arraché porté comme un masque. Bis repetita ce mois-ci avec le sort réservé à un personnage bien connu. Alors c’est d’une efficacité imparable, on est mal à l’aise, on vit le récit. Et personnellement je pense que l’écueil du glauque pour le glauque est évité (contrairement à ce qui fut le cas dans l’Annual sur Mr Freeze). Mais je comprendrais que d’autres trouvent certains passages trop extrêmes.
Au dessin on commence à s’habituer à la maîtrise de Capullo. J’ai toujours un problème avec ses visages aux mâchoires trop granitiques, mais ça n’engage que moi. Le story-telling est impeccable, et l’idée de colorer la plupart des pages elles-mêmes en noir (au lieu de laisser du blanc entre les cases) fonctionne bien. Jock est quant à lui parfait pour la back-up.
Batman #14 est donc un excellent numéro, plus subtil qu’il n’y paraît, et typique du travail de Scott Snyder et Greg Capullo depuis le début de la série. Le retour du Joker ne déçoit pas, et les fans seront conquis. Les détracteurs du scénariste auront quant à eux une pièce à rajouter à leur dossier.
