Après un
premier numéro à la conclusion pour le moins surprenante, Grant
Morrison offre au chevalier noir un court répit avec un Batman Incorporated
#2 consacré à la séduisante Talia Al Ghul. Une petite porte
d'entrée parfaite pour les lecteurs qui attendraient le moment
opportun pour s'aventurer dans la vision tordue du monde de la
chauve-souris telle qu'envisagée par le chauve favoris de beaucoup
de lecteurs sur le globe.
« The gaze men fear »
Comme l'avait
souligné Jeff dans sa critique, le principal défaut du premier
numéro de ce second volume de Batman Inc était qu'il s'adressait
exclusivement aux initiés du Batman de Morrison. On ne pouvait
clairement pas passer du Batman de Snyder au relaunch de Batman Inc
sans être passé par la lecture des quelques cinq années de
l'Ecossais sur le titre. Les deux séries offrent des expériences de
lecture différentes au point qu'on croirait les deux titres ancrés
dans des univers séparés. Batman Inc #2 vient donner une chance aux
nouveaux lecteurs de prendre le train en marche. Soyez tout de même
prévenus : ce n'est pas parce qu'on vous autorise à prendre
place dans ce bolide qu'on vous mâchera le boulot.
Cet épisode
propose ainsi de concentrer en exactement vingt pages tout ce qu'il y
a à savoir sur la fille Ra's Al Ghul. Une tâche dont Morrison
s'acquitte à merveille mais à un prix. Le portrait de la mère du
fils de Batman s'étend ainsi de sa naissance à son statut actuel.
Dans ce récit chaque case, chaque bulle, chaque mot compte. D'une
page à l'autre on apprend à saisir la femme dans toutes ses
contradictions. D'un saut dans le temps à l'autre l'envie de
pardonner sa folie se fait de plus en plus forte. On a ici affaire à
un numéro qui fait mouche sans prendre le lecteur par la main. Les
deux axes qui composent cette chronique se retrouvent enchevêtrés l'un
dans l'autre sans ménagement. Oubliez les indications de lieu et de
temps, ici seuls comptent les obsessions d'une fille et de son père
sans lesquels la vie de Bruce Wayne serait bien différente.
« Are you easily influenced ? »
Lire Grant
Morrison mensuellement peut s'avérer difficile. Ses relectures des
plus grands héros Marvel et DC gagnent à être découvertes
compilées après coup. Ce nouveau volume de Batman Inc ne va
clairement pas déroger à la règle. Seulement, si dans d'autres
circonstances devoir attendre le mois prochain, voire le suivant,
pour voir se résoudre le cliffhanger du numéro précédent aurait
été pénible, ces épisodes prennent place dans le monde
merveilleux des New 52. Un monde dans lequel Batman apparaît dans
vingt séries différentes (comment ça j'exagère ?) et vit plus
d'aventures que Wolverine et Spider-Man réunis. Ainsi, le choix de
mettre Talia en avant n'aurait pas pu mieux tomber. Dans un monde qui
manque de femmes fortes, l'ultra-vilaine s'avère intéressante au
point de mériter sa série scénarisée par Morrison. On a le droit
de rêver.
Deux mots sur Chris Burnham qui n'a clairement rien à envier à Quietly. Son Ra's
est la folie faite homme, son Batman est solide, sa Talia redoutable.
Si on retrouve moins d'innovations graphique que dans le premier
numéro, cet épisode est beau et offre un story-telling efficace.
Batman Inc #2
confirme le statut de must-read de la série. Moins décalé que le
numéro précédent, cet épisode offre une narration brillante et
rend hommage à une femme qui n'a pas fini de faire trembler le
milliardaire en collants. Le tout gagne à être lu à la
lumière du début du run de Morrison sur Batman tant les références
à cette époque sont légions. Ca tombe bien, Urban la réédite !