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The Wanderer's Treasures #26, Killing Girl : A Sister's Love

The Wanderer's Treasures #26, Killing Girl : A Sister's Love

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine la mafia, la CIA, des prostituées tueuses à gage, deux sœurs et même de quoi faire passer Darwyn Cooke pour un dessinateur réaliste. Tout ça dans Killing Girl : A Sister’s Love, par Glen Brunswick (Jerey Gods, The Gray Area), Frank Espinosa (Rocketo) et Toby Cypress (Blue Estate), mini-série publiée chez Image en 2008.

Killing Girl c’est un peu la réponse à la question « et si Darwin Cooke avait été le créateur de Body Bags », mais en encore mieux. De la mini culte de Jason Pearson on a le côté brute de décoffrage et 100% adrénaline, high octane action comme on dit outre-atlantique. De Darwyn Cooke on a une patte graphique. Et un peu de sensibilité. Un bien beau mélange.

Killing GirlL’histoire est celle de Viper, une tueuse à gage pour la pègre russe, et plus précisément Jackie Solotso. Mais avant d’être une tueuse Viper était une prostituée dont Jackie était le proxénète. Heureusement (enfin, à voir…) la jeune fille fit montre de prédispositions pour liquider ses contemporains ce qui lui valut cette « promotion ». Glen Brunswick établit très bien ce statu quo dès les premières pages de son récit par le biais d’une mission de son héroïne à Wall Street pour liquider un trader endetté.

La scène est rondement menée, dynamique, et nous offre les dialogues bad ass auxquels on peut s’attendre dans ce genre de récit. Mais à cela se mêle aussi une narration à la première personne nous dévoilant les pensées de Viper avec une finesse à laquelle on ne s’attendait pas forcément. Car si la belle est incontestablement une bad girl, elle n’est pas que ça, loin s’en faut. Et Glen Brunswick réussit à en faire un personnage beaucoup plus complexe qu’il y paraît à première vue, comme on va le découvrir à mesure que l’histoire progresse.

A peine son contrat exécuté, la belle assassin reçoit une nouvelle mission : liquider un gangster devenu balance et protégé par le FBI. Et c’est là que tout va basculer. Car l’un des agents chargé de veiller sur noter « repenti » est Charlie Baker, fiancé à la dénommée Anna. Qui se trouve être la sœur de Viper. Sauf que notre héroïne n’en a aucun souvenir. Tout part d’une rencontre inopinée entre Charlie et Viper, celui-ci la prenant pour sa fiancée. Il en parle donc à Anna qui lui révèle l’existence de sa sœur disparue, Sara. Et quand Charlie se retrouve à la merci de Viper lorsqu’elle vient liquider sa cible, il s’en sort en murmurant ce prénom.

De là Viper/Sara se lance dans la quête de son identité. Une quête qui l’amènera à s’opposer aux autorités (elle reste une tueuse recherchée) et à ses employeurs, qui ne tolèrent pas qu’elle soit autre chose que leur marionnette. Surtout quand elle refuse de tuer Charlie, le bien aimée de cette sœur qu’elle vient à peine de retrouver. Killing Girl est donc une gigantesque course poursuite entre Sara et ses ennemis, à commencer par la redoutable Nightmare, une autre tueuse qui fut son instructrice. Le Killing Girlmalheureux Charlie se retrouvera bien sûr impliqué là dedans, de même que la tante et même la mère de Sara et Anna. Ajoutez à cela des liens entre la CIA et la pègre Russe, de nombreuses fusillades, une bonne dose de tragédie, pas mal de sexe et Joey Gadgets (le Q version mafioso), et vous aurez une bonne idée de ce que peut être cette mini.

Mais seulement une idée partielle, car ce qui fait toute la force de Killing Girl, au-delà de l’action décomplexée parfois un brin déjantée (la mère de Sara avec un PM ça laisse pantois), c’est la richesse des personnages et la justesse avec laquelle ils sont traités. A commencer par Sara. En anglais on dirait que « she’s damaged goods ». En gros ce n’est pas tant qu’il y a quelque chose de brisé en elle, c’est plutôt qu’on en viendrait à se demander s’il reste quoi que ce soit d’intact. Les années d’abus aux mains de ses maîtres mafieux (à commencer par Solotso) en ont fait une véritable sociopathe. Le sexe et la violence sont ses seuls moyens d’interagir avec ses contemporains.

Et pourtant, dans sa quête d’identité, en retrouvant sa sœur et sa famille, c’est aussi son humanité qu’elle va reconquérir. Le tout sans jamais tomber dans le pathos, ni dans la psychologie de café du commerce, le scénariste arrivant parfaitement à nous faire ressentir ces changements chez son personnage sans se lancer dans de lourdes explications. Lesdits changements ne se font d’ailleurs pas d’un coup d’un seul, ce qui rend Sara encore plus crédible. Et surtout très touchante. La relation qu’elle va développer tout au long du récit avec Charlie (lui aussi très réussi, même si dans un registre plus classique de good guy) en est le plus bel exemple, et résume à elle seul toute la finesse dont Glen Brunswick est capable dans son écriture.

Si on s’était arrêté là, Killing Girl aurait déjà été une excellente mini. Mais grâce à son dessin elle glisse directement dans la catégorie « totalement culte ». C’est donc Frank Espinosa qui se charge de dessiner les deux premiers numéros. Et dire que son style sort de l’ordinaire est un doux euphémisme. Dès la première page (une magnifique vue de Trinity Church, au bout de Wall Street),Killing Girlle ton est donné et l’influence du génialissime Darwyn Cooke (Parker, The Spirit, Catwoman, The New Frontier) est évidente. On est face à des peintures naïves, où quelques coups de pinceau font apparaître décors et personnages comme par enchantement (et ce n’est pas une image, parfois il n’y a VRAIMENT que quelques lignes). Amateurs d’hyper réalisme, passez votre chemin. Ici c’est encore plus stylisé que ce que Cooke a fait sur ses Parker, des traits des personnages aux couleurs. Mais la magie opère et confère un cachet extraordinaire à la série. Sans compter que le story-telling ne pâtit pas le moins du monde de ces excentricités graphiques. C’est très agréable à lire, dynamique, et surtout d’une clarté impeccable.

Du coup on aurait pu craindre que l’arrivée de Toby Cypress pour la suite de la série ne casse tout cela. Heureusement il n’en est rien. Ceux qui se sont laissé tentés par Blue Estate reconnaîtront sans peine le trait ultra stylisé (et assez indescriptible) de l’artiste. Mais celui-ci fait un réel effort pour s’adapter à la charte graphique établie par son génial prédécesseur, de même que le coloriste Rico Renzi. Et si le côté naïf est moins prononcé que chez Espinosa, il reste bel et bien présent (bien plus que dans Blue Estate), de même que le dynamisme des mises en page et compositions. Les coups de pinceaux sont remplacés par des traits de plume, mais le résultat est tout aussi efficace.

Enfin les designs des personnages sont impeccables, à commencer par Sara, sexy en diable. Charlie a une parfaite mine de boy scout. Et de Nightmare à Joey Gadgets en passant par Solotso tout ce petit monde constitue une belle galerie de « gueules » mémorables. Toujours remarquablement expressives, que ce soit entre les mains d’Espinosa ou de Cypress.

Killing Girl est donc un excellent thriller, avec un intrigue efficace, bourrée d’action, juste assez trash et provocante mais sachant aussi être poignante. Et surtout le titre bénéficie d’une héroïne torturée, extrêmement touchante tant par ses forces que par ses faiblesses et écrite avec une finesse remarquable, de même que les autres personnages. La patte graphique si particulière achève de rendre cette mini totalement culte. Alors n’hésitez pas et suivez Sara dans sa quête. Faites juste attention aux balles perdues…

Et en bonus le lien pour lire le premier numéro gratuitement et en toute légalité :

http://www.myspace.com/comicbooks/blog/375314373

Aussi disponible sur Comixology :

http://www.comixology.com/Killing-Girl-1-of-5/digital-comic/JUN071882

Killing Girl

Jeffzewanderer
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