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La Planète des Singes vol.1, la review

La Planète des Singes vol.1, la review

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Notre note

L'éditeur Emmanuel Proust a eu le nez creux en allant voir du côté de chez Boom ! Studios. Cet éditeur indépendant est souvent proie aux moqueries à cause du traitement qu'ils font des licences dont ils ont la garde. Cependant, ils ont parfois des petites pépites, et EP l'a bien compris en allant prospecter dans ce coin-là. Et le recueil du jour concerne la série La Planète des Singes. A ne pas confondre avec Betrayal of the Planet of the Apes, qui est aussi sortie chez Boom, mais réalisée par une autre équipe.

Des primates pas si primitifs

Pour resituer un peu l'histoire, et où elle se place dans la mythologie de la franchise de la Planète des Singes, il faut savoir qu'ici l'action se situe bien avant que les cosmonautes débarquent (l'histoire originale), mais aussi après que les singes aient évolué (ce que l'on voit dans le dernier film). En fait, les humains ne sont pas encore retournés à l'état primitif, même si certaines tares génétiques montrent le début de leur décadence, et la guerre qui a vu les singes l'emporter et devenir la nouvelle espèce dominante vient de se terminer. C'est donc un nouveau territoire de ce qui commence à être un univers presque étendu qui se présente devant nous, et déjà les fans inconditionnels de la franchise seront plus que ravis.
On va donc assister à la suite de l'assassinat d'un haut dignitaire des singes à l'affrontement entre les deux espèces "intelligentes". Ce sera l'occasion de voir toutes les tensions et les problèmes laissés jusque là de côté, éclatés au grand jour. Ce qu'il faut remarquer, c'est que le scénariste Daryl Gregory, bien qu'américain, est dans son écriture beaucoup plus proche du livre de Pierre Boulle que des différents films. Il arrive très habilement à jongler entre l'intrigue presque policière et les multiples réflexions philosophiques ou politiques qui émaillent son récit. Il reprend d'ailleurs beaucoup de thématiques à Pierre Boulle, que ce soit du positionnement en tant qu'individu et espèce dans une Histoire personnelle et collective, du raisonnement sur la portée des religions (même si ici la conclusion semble différée), ou encore sur les dangers du progrès et la tension qu'il faut maintenir entre celui-ci et l'immobilisme des passéistes. Ce sont là quelques réflexions qui surgissent ça et là, même si évidemment la plus importante et qui sert d'axe de lecture principal reste le questionnement sur le racisme. C'est d'ailleurs parfois presque dommage que Gregory marche autant dans le pas de Boulle, on aurait aimé voir d'autres éléments mis en place à l'occasion de l'introduction de cette nouvelle époque.



La Planète des Singes : le sequel du prequel

Pour ce qui est du récit en lui-même, et de la narration, on sent que la richesse que veut se forcer à atteindre le scénariste l'oblige à prendre plusieurs épisodes pour poser son raison, alors même que cela commence par l'élément déclencheur de l'histoire. En effet, il y a ici beaucoup de protagonistes qui interviennent, et Daryl Gregory s'attache à leur donner une voix à tous. Et en présentant chaque point de vue, on obtient une vue d'ensemble très détaillée, avec certains personnages qui ont plus de profondeur que ce à quoi on aurait pu s'attendre, on pense surtout à Nix, le grand gorille à première vue belliqueux à l'excès. Mais le désavantage de cette pluralité, c'est que l'on se perd parfois dans toutes ces différentes voix. On est avec cette série sur une lecture qui demande de l'attention et qui se prête mal à la lecture acrobatique des transports en commun.
Le seul vrai point noir de cet ouvrage reste le dessin. En effet, si le dessinateur brésilien Carlos Magno livre un travail loin d'être catastrophique, l'ensemble est parfois très léger, tant dans la construction qui est peu dynamique et parfois même mal pensée, que dans le dessin pur où des petites erreurs gâche un peu la lecture. Pourtant, on est sur un style très détaillé qui rappelle assez les séries de science-fiction des années 70 qui convient assez à cette histoire. Le travail éditorial d'Emmanuel Proust par contre est de très bonne facture, avec pas mal de bonus, dont une très bonne analyse du roman de Pierre Boulle par Jacques Goimard. Et la qualité de la maquette et du recueil en lui-même justifie un prix qui est un peu au-dessus des standards auxquels nous sommes habitués.



La Planète des Singes est donc une très bonne surprise, qui prouve que l'on peut quand même faire de bonnes choses avec une licence. Plus proche du roman de Boulle que du film de Franklin Schaffner et encore moins de celui de Tim Burton (et heureusement d'ailleurs), ce premier tome est surtout introductif et mêle enquête policière et réflexions philosophiques inhérentes à cette S-F pour un récit passionnant. Et si l'on s'accommode du dessin, c'est un très agréable moment de lecture qui s'offre à nous et qui donne l'envie irrépressible de lire la suite tant l'intrigue nous tient en haleine.

Alfro
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