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Spider-Man : Turn Off The Dark, la critique

Spider-Man : Turn Off The Dark, la critique

ReviewMarvel
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Notre note

Il n’est pas exagéré de dire que Spider-Man Turn Off The Dark était déjà culte avant même sa première représentation. En effet la genèse de cette comédie musicale avait à elle seule tout du tragi-comique. Au départ l’idée d’une comédie musicale sur le tisseur à Broadway pouvait surprendre mais avait de quoi séduire, notamment grâce à une bande son assurée par Bono et Edge de U2. Mais par la suite il y a eu les multiples réécritures, les accidents pendant les avant premières, les retards et même le départ de Julie Taymor, l’auteur du livret. Pourtant le spectacle a fini par être monté. Et à la surprise générale la critique, qui l’avait jusque là assassiné, s’est montrée plutôt réceptive. De même que le public. Mais que vaut réellement ce Spider-Man Turn Off The Dark au final ? Chronique d’un désastre annoncé ou succès aussi triomphal qu’improbable ? Un peu des deux et aucun à la fois.

Mary JaneCommençons par résumer brièvement l’histoire de cette pièce. Celle-ci est on ne peut plus archétypale. Comprenez qu’on passe méthodiquement par toute les figures imposées dès qu’on parle de Spider-Man, les mêmes qu’à chaque nouvelle série TV ou film. On a donc droit à Peter Parker en intello solitaire et martyrisé par ses condisciples, la morsure par l’araignée, la mort de l’oncle Ben et la prise de conscience des responsabilités qu’impliquent les pouvoirs du tisseur, la romance avec Mary Jane contrariée par la double vie de super héros, l’abandon, le grand retour et la victoire finale sur le vilain. Ouf. Oui tout y est, en un peu plus de deux heures et demie. Et si l’écriture est loin d’être au dessus de tout reproche (on va y revenir), il faut au moins reconnaître qu’on n’a pas lÙimpression que tout cela a été calé au chausse pied pour faire tout rentrer. Ça s’enchaîne même plutôt bien et les deux actes sont équilibrés. C’est déjà ça.

Le traitement des personnages est lui aussi globalement réussi. Peter Parker/Spider-Man (Reeve Carney) est bien maitrisé (malgré un cheveu sur la langue intermittent très agaçant), tout comme la tante May (Isabel Keating) et l’oncle Ben (Ken Marks). Mary Jane (Rebecca Faulkenberry) est tout aussi réussie, en sachant que c’est pour la version « ado » du perso (proche du premier film ou des comics Ultimate) que les auteurs ont opté. Jonah Jameson (Michael Mulheren) est traité comme un personnage burlesque, mais ma foi ça passe assez bien. Par contre ce qui en fera frémir plus d’un c’est Norman Osborn (Patrick Page normalement,Timothy Warmen à la représentation où j’étais). En effet le requin de l’industrie psychopathe est ici remodelé en gentil savant fou, arrogant mais au fond bien intentionné. Et fou amoureux de sa femme Emily (Emily Shoolin), car il est ici marié, ben oui… Bref c’est exactement le Docteur Octopus du film Spider-Man 2 auquel on a droit. C’est d’ailleurs la perte de l’être aimé qui précipitera le personnage du côté obscur. Alors en soi, pourquoi pas, mais le problème c’est que ceux qui connaissent le personnage d’Osborn ne le reconnaitront absolument pas. On est largement au-delà de la réinterprétation du personnage, et plutôt dans la réinvention complète. Quant au Green Goblin, soit Osborn transformé génétiquement (à la Ultimate une fois de plus), il fait un peu trop Joker repeint en vert. Il est trop dans le délire, la bouffonnerie (désolé…) pas assez dans le machiavélique.

ArachneBon, tout ceci étant dit que vaut le spectacle lui-même ? Et bien il est un peu long à démarrer. L’ouverture sur le mythe d’Arachne (la chanson The Myth Of Arachne), avec une actrice qui joue justement ce personnage mythologique, surprend franchement. A se demander si on ne s’est pas trompé de théâtre. Mais c’est bien fait. Et l’idée d’établir un parallèle entre ce mythe et l’histoire de Peter n’est pas la moins intéressante. Mais elle n’est pas non plus exploitée au mieux. En effet Arachne intervient ensuite à deux autres reprises (Rise Above et Turn Off The Dark) dans un rôle de voix off / conscience de Spidey. Et si les numéros de chant sont réussis grâce au talent de l’actrice, Christina Sajous, on ne peut s’empêcher de penser que l’ajout de cette dimension mythologico-fantastique est un peu gratuite. La suite, sur Peter qui subit les brimades de Flash et ses sbires (complètement ridicules), est assez kitch. Certes les décors sont réussis et la mécanique scénique laisse entrevoir de belles choses, mais la mayonnaise ne prend pas. Et à ce stade on se dit que la comédie musicale, c’était peut être en soi une mauvaise idée (et pourtant je suis moi-même très friand de ce genre de spectacle, si,si). Et aussi que Bono et Edge ne sont pas très doués pour écrire des chansons à vocation narrative. Heureusement ça s’améliore ensuite avec No More et D. I. Y. World, qui marquent l’entrée en scène des Osborn. Malgré la réserve évoquée plus haut à propos de Norman, Les morceaux sont efficaces et la mise en scène aussi. Une nouvelle grosse fausse note avec Venom (rien à voir avec le vilain, il s’agit du venin de l’araignée).

Puis le VRAI début du spectacle avec un Bouncing Off The Wall hyper réussi où Peter découvre ses pouvoirs. Et on peut apprécier encore une fois la mécanique scénique impeccable pour la voltige du tisseur. Mais deux immenses erreurs suivent après. La première c’est le combat de catch de Peter contre Bonesaw McGraw représenté par UNE POUPEE GONFLABLE ?! Ils n’avaient plus de budget pour un figurant ou quoi ? Certes il y a une volonté de coller aux racines comics de Spidey (avec des ombres dessinées sur les costumes par exemple), ce qui justifie parfois des visuels fantaisistes. Mais là c’est juste ridicule et cheap. Et l’autre erreur, peut être pire, c’est que Peter ne croise JAMAIS le bandit qui finit par tuer l’oncle Ben. Ce qui fiche complètement en l’air l’origine du tisseur puisque la seule chose qu’il a à se reprocher est de ne pas avoir été présent quand son oncle s’est fait attaquer.

Green GoblinMais bon, alors que le fanboy en moi hurlait au scandale, le spectateur se réjouissait de l’entrée en scène de Spidey (joué par neuf acteurs différents) qui voltige à travers la salle en tirant sa toile. Et il y a franchement de quoi rester scotché. C’est magistral. Et autant la poupée McGraw était ridicule, autant les costumes et masques des bandits arrêtés par le héros, tous droits sortis de comics, sont une excellente idée. Et le passage au Daily Bugle est assez drôle. L’acte un se termine sur la transformation d’Osborn en Green Goblin après qu’il ait refusé de céder aux manigances d’une entreprise avide de profits. Oui vous avez bien lu, Norman est vertueux ici. Mais il décide de mener des expériences sur lui-même avec le résultat qu’on connaît.

L’acte deux est à l’image du premier. Il réserve des moments magnifiques tels que les ballades If The World Should End, I Just Can’t Walk Away  et Boy Falls From The Sky sur la romance entre Peter et MJ. Toutes sont superbes et magnifiquement mises en scène. Mais on a aussi droit à quelques désastres absolus. La création des Sinister Six par Osborn surtout. Les musiques (A Freak Like Me, Sinistereo), de l’electro-pop soft, sont inaudibles. Les costumes sont pathétiques (dignes d’un épisode des Power Rangers, littéralement). Et dans l’ensemble on a toujours l’impression que chaque bonne chose est gâchée par une bourde, et réciproquement que chaque plantage est rattrapé par une bonne idée.

Spider-Man FinaleAinsi l’attaque des Sinister Six sur la ville est une scène inutile. Mais hyper spectaculaire à regarder grâce à la mise en scène. Voir les vilains déchainer leurs pouvoirs sur des écrans gigantesques était une bonne idée. Mais il aurait fallu un budget effet spéciaux de plus de 20$. Et c’est pareil pour la scène finale. D’un côté on est esbaudi par la mise en scène et le décor, qui nous place au dessus de New York pour le duel entre Spidey et le Goblin. On se régale à voir les deux personnages virevolter à travers toute la salle. La musique rock (Finale-A New Dawn) est parfaite. On en oublierait presque un début de combat avec des coups de poing mimés assez ridicules. Mais hélas une fin à la Wile E Coyote (avec un piano qui tombe, et oui) pour Osborn vient tout gâcher. Rideau.

Spider-Man Turn off The Dark est donc une expérience douce-amère. Ce n’est pas la catastrophe absolue qu’on pouvait redouter. Mais ce n’est pas une réussite non plus. Il y a du génial (les séquences d’action avec Spidey, les ballades, la mécanique scénique), du minable (les Sinister Six, la poupée gonflable, Flash et ses sbires), et surtout du bon et du moins bon qui s’enchaînent sans cesse, se pénalisant et se sauvant mutuellement. Et au final c’est juste moyen. Pas moins, mais sûrement pas plus. Alors au prix des places à Broadway (60$ minimum, au dernier rang du dernier étage), si vous êtes de passage à New York allez plutôt voir Wicked ou Phantom Of The Opera.

Jeffzewanderer
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