C'est l'évènement du mois de Février chez Dark Horse : Conan est rebooté ! Rebooté oui, mais pas avec n'importe quelle équipe créative derrière puisque c'est l'excellent Brian Wood (Northlanders, Local, DMZ, Wolverine : Alpha & Omega...) qui signe le scénario, tandis que la très élégante Becky Cloonan s'occupe du dessin, assistée par le très bon coloriste qu'est Dave Stewart.
Mais une dream-team peut-elle suffit à rendre passionant un personnage aussi historiquement important que Conan ?
Le principal trait de caractère des Comics Conan qui pouvait effrayer d'hypothétiques nouveaux lecteurs était sa continuité. Impossible pour le néophyte de se réperer dans la tumultueuse vie du Cimmérien. Ici, Brian Wood prend le parti de toute reprendre à zéro ou presque avec un Conan volage aussi bien dans le fond que dans la forme, jeune et intrépide. Oubliez les positions triomphantes sur son trône et faites place à un jeune voleur qui cours plus souvent pour sa vie plus que pour glaner un artefact magique légendaire.
C'est d'ailleurs dans ce jeunisme bienvenue et salvateur que se trouve l'autre grosse différence entre ce Conan The Barbarian #1 et les productions antérieures à 2012 : le titre est accessible. Fini le langage barbare de Cimmérie et les légendes contées sans que personne ne les comprenne. Ici, tout est clair et limpide, chaque personnage trouve sa place dans un récit simplifié et pourtant prometteur de richesses à venir. Evidemment les "vieux de la veille" trouveront à redire à cette casualisation des aventures de leur héros favori et ne manqueront ps de lâcher un "Par Crom" destructeur à la découverte de ce reboot, mais il faut bien avouer que commercialement, le personnage de Robert E. Howard en avait bien besoin. Et comptez sur Brian Wood pour recréer toute la dimension colossale des légendes de Conan à son rythme, en prenant soin de ne laisser aucun lecteur sur le bord du chemin !
Du côté du dessin, la décriée Becky Cloonan apporte une vraie plus value au scénario de son ami et collegue Wood. Très élancé, son trait apporte la touche de féminité et de douceur nécessaire pour dépeindre la jeunesse du futur roi de Cimmérie. Sa représentation de Bêlit est aussi belle que la vilaine est dangereuse et les dernières pages du titres sont somptueuses. On regrettera quelques fois 2-3 facilités dans lesquelles s'engouffre l'artiste sur les pages moins prenantes du titre, les dialogues en tête.
Ces deux-trois égarements mis à part, la New Yorkaise devrait convaincre l'ensemble des lecteurs et offrir quelques numéros de haute volée dans le futur.
Profondément ancré dans l'idée de proposer du neuf, et pas seulement une adaptation réchauffée, ce Conan The Barbarian #1 prend le risque de se mettre à dos les quelques fans de la première heure restant, mais devrait toutefois pouvoir conquérir un très large public grâce à l'accessibilité apportée par le script de Brian Wood. Becky Cloonan livre presque un sans-faute pour ce premier numéro et quelques pages feront déjà date dans l'histoire du Cimmérien. A conseiller à tous les lecteurs en manque d'aventures et de bonne Fantasy depuis des années !
