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The Wanderer's Treasures #16, Aria : The Soul Market

The Wanderer's Treasures #16, Aria : The Soul Market

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine des fées, Puck (celui de Shakespeare, pas d’Alpha Flight), un chevalier noir (non, pas Batman), Oscar Wilde, des âmes à vendre et surtout des couvertures du meilleur artiste de tous les temps dont vous n’avez jamais entendu parler. Tout ça dans Aria : The Soul Market par Brian Holguin (Spawn), David Yardin (X-Factor), Roy Martinez (Son Of M) et Lan Medina (Fables), mini série publiée par Image en 2001. Et avec des couvertures de Jay Anacleto.
 

AriaUne fois n’est pas coutume c’est en effet aux couvertures des six numéros de cette série qu’on va d’abord s’intéresser. Jay Anacleto, l’artiste, fit sensation grâce à la précédente mini Aria dont il était le dessinateur. Son trait était d’une finesse et d’un réalisme incroyables, tout en retranscrivant parfaitement  l’atmosphère magique du titre. Il attribuait son souci du détail à la formation de dessinateur médical reçue lors de ses études de dentiste. On lui promit une brillante carrière, mais elle ressembla au final plutôt à celle de Travis Charest (Wildcats), un autre génie du crayon devenu trop rare. Cela à cause de son incapacité à tenir les délais imposés par l’industrie des comics. En effet il ne put dessiner l’intégralité des quatre numéros composant le premier volume d’Aria. C’est pour cette raison, ajoutée à un fill-in moyen au dessin et quelques maladresses scénaristiques que cette première mini ne fut pas choisie pour cette chronique. Mais elle demeure fort agréable je ne peux que vous en conseiller la lecture, ne serait-ce que pour voir des intérieurs d’Anacleto. Les magnifiques couvertures qu’il réalise pour The Soul Market devraient achever de vous convaincre. Elle sont magiques (c’est le cas de le dire).

Mais venons en à ce The Soul Market justement. L’univers du titre n’est pas sans rappeler Fables, en ce sens qu’il mélange créatures féeriques et environnement urbain contemporain. L’héroïne, Kildare, est une princesse de Faerie. Elle mène une vie tranquille à New York entourée de ses amis. Le plus fidèle d’entre eux est Pug, soldat bourru au grand cœur et au look de biker tatoué. Il y a aussi la douce Ginny, cousine de Kildare qui a perdu la raison, le romantique (enfin pas toujours) Roland, ou encore Dion, alias Dyonisos, qui tient… un bar. Mais celle qui va jouer un rôle central dans l’histoire c’est Ondine, dont le nom vient de ces génies des eaux qu’on croise dans la Ariamythologie germanique. La belle va en effet être très troublée par le fait de ne pas avoir d’âme. Seuls les humains en ont une, pour compenser le fait d’être mortel. Ce trouble servira de levier à Puck pour la manipuler.

Car la véritable star de The Soul Market c’est le « merry wanderer of the night » immortalisé par Shakespeare dans Le Songe d’une Nuit d’Eté. Ici il insiste pour qu’on l’appelle Robin Goodfellow et se révèle être un des meilleurs vilains jamais vu. Arrogant, charismatique, rusé, et surtout véritable feu follet, agent permanent du chaos, il est parfait. Comme dans la pièce du barde. Manipulateur redoutable, il ne s’en prend pas qu’à Ondine. Il rappelle aussi à Kildare un ancien amour qu’elle a abandonné, défie les Parques et donne dans le commerce d’âmes. Mais pas de pacte faustien ici. Il s’agit en fait de tableaux réalisés par un peintre si talentueux qu’il a capturé en eux l’âme de ses modèles, que le vilain achète et revend. Et le dernier élément de cette intrigue c’est le mystérieux chevalier noir qui a un sérieux contentieux à régler avec Puck. Et sa véritable identité risque d’en surprendre plus d’un, Holguin réussissant une belle pirouette.

Ajoutez le fantôme d’une gentille vieille dame, et tout cela donne une intrigue bien ficelée et efficace, servie par une fin magnifique de poésie et de justesse. Les évènements s’enchaînent sur un rythme posé mais jamais trop lent. Et les révélations et autres back stories (comme l’histoire du fameux peintre) sont distillées avec a propos. C’est donc avec grand plaisir qu’on suit les machinations de Puck et les efforts de Kildare pour les déjouer. Les dialogues sont impeccables, souvent drôles et toujours percutants. A ce titre Kildare affiche un mélange de cynisme mordant et d’idéalisme poétique absolument parfait.

Mais ce qui rend The Soul Market si attrayant c’est le joyeux mélange d’influences qu’il constitue, comme vous aurez pu vous en douter à la lecture des paragraphes précédents. Il y a donc des emprunts aux mythologies latine (Dyonisos, les Parques) et germanique (Ondine). Mais aussi et surtout à la mythologie celtique pour ce qui est des fées. D’ailleurs l’histoire entre Kildare et son amant délaissé correspond peu ou prou à un conte traditionnel (qui inspira aussi Joseph Michael AriaLinsner pour Dawn : Not To Touch The Earth). Une pincée de Shakespeare pour faire bonne mesure. Et même un clin d’œil à Oscar Wilde et son roman Le Portrait de Dorian Gray pour l’idée du peintre qui capture l’âme de ses modèles. Clin d’œil assumé puisque l’auteur à droit à sa petite apparition sur deux pages. Tout cela confère une ambiance féerique et envoûtante des plus plaisantes à tout le récit.

Au niveau du dessin, on aurait pu craindre que le départ de Jay Anacleto ne soit un écueil insurmontable. Et c’est vrai qu’on regrette le génial artiste. Mais à peine. Cela grâce à un David Yardin en très grande forme qui assure le gros de la mini-série. Son trait est d’une finesse et d’une délicatesse remarquables.  Tel n’est hélas pas le cas de Roy Martinez et Lan Medina (même si ce dernier s’en tire plutôt mieux), la faute essentiellement à un encrage trop grossier. Cependant le contraste entre les styles des trois artistes n’est pas trop violent non plus, et les éditeurs ont su en tenir compte en offrant autant que possible à chacun des séquences complètes. Le résultat est donc très agréable. Les visages sont réussis et expressifs, les mises en pages classiques avec comme souvent quelques trouvailles en termes de découpage (chaque artiste y va d’ailleurs sa petite perle au fil du récit). Enfin les couleurs éthérées de Raymund Lee et Bart servent parfaitement l’ambiance du titre et subliment le travail des dessinateurs. Mention spéciale à la séquence flash back entre Kildare et son amant oublié.

Aria The Soul Market est donc une histoire de fantasy extrêmement réussie. Le scénario est bien ficelé, les dialogues réussis et les personnages attachants. Mais surtout l’univers est envoûtant au possible, grâce à sa richesse en termes d’influences allant de la mythologie à la littérature. Les dessins sont fort plaisants et les couvertures de Jay Anacleto sont une délicieuse cerise sur un gâteau déjà des plus savoureux. Cet excellent comic book a récemment été réédité par Image en VO dans un format proche de la franco-belge qui lui sied bien (comme l’ensemble des mini-séries Aria d’ailleurs). Le titre est aussi sorti en français chez Semic, en 2002 sous le titre La Foire Aux Âmes (The Magic Of Aria #2). Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter bonne lecture, en faisant attention à ce joyeux vagabond nocturne…

Aria

Jeffzewanderer
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