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Fluorescent Black, la review

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Notre note

Aujourd'hui nous n'allons pas parler de super-héros, de démons, de comédie ou de polar, mais nous allons tout de même rester dans le monde des comics, avec une histoire très particulière sortie la semaine dernière chez Milady Graphics : Fluorescent Black. Publiée à l'origine en trois partie sur trois ans (aux mois de septembre 2008, 2009 et 2010) dans le magazine Heavy Metal, cette histoire présentée comme du bio-punk renferme beaucoup plus que ce qu'il n'y parait, et est aujourd'hui regroupée dans une intégrale de toute beauté chez Milady.

Bienvenue dans le Meilleur des Mondes

Écrite par MF Wilson, l'histoire nous plonge dans un monde futuriste mais pas inimaginable, dans lequel la génétique est devenue la maîtresse de notre destin. Un simple test sépare la population en deux catégories : les supérieurs, qui gagnent le droit de vivre dans un ville utopique du nom de Biopolis à Singapour, et les inférieurs, la gangrène de la société qui hérite d'une vie misérable sur la péninsule malaisienne, où le combat pour sa survie est un combat de tous les jours. Une part de la magie du récit est de ne se concentrer que sur une partie très restreinte du monde, et même de l'Asie, dans laquelle tout semble se jouer, nous amenant à nous questionner sur la situation dans le reste du monde sans jamais parvenir à entrevoir une réponse. Mais en a-t-on vraiment besoin ?

Le pitch de départ nous rappelle fortement le Meilleur des Mondes, d'Aldeous Huxley, ou le film Bienvenue à Gattaca. Et si c'est vrai que l'idée n'est pas des plus originales, c'est parce que Wilson ne fait qu’extrapoler un futur possible à notre monde tel qu'il le perçoit aujourd'hui, et s'en sert pour dénoncer. Dénoncer les dérives de la génétique et de l'eugénisme qui se développent de plus en plus. Dénoncer les laboratoires privés qui déposent des brevets sur notre génome. Dénoncer la société capitaliste et la violence de l'homme par rapport à l'homme, et par rapport à son environnement. L'horreur provoquée par la lecture de ce comic ne nous vient pas forcément des scènes plutôt crues qu'il contient, mais de l'idée que ça pourrait nous arriver dans pas si longtemps, et pas forcément en 2085.

De la dualité de l'être humain

Mais le manifeste éthique et politique de l'auteur n'est pas le seul très qui ressort fortement du récit. Un autre point est son regard ambivalent sur cette société qu'il déroule devant nos yeux, partagée entre l'utopie et la dystopie. Une ambivalence partagée et symbolisée par les personnages. On suit principalement Max, membre de la caste inférieur depuis qu'on lui a diagnostiqué une maladie génétique, et qu'il a été catapulté dans ce monde où il a du apprendre à survivre. Pour cela, avec sa soeur, il s'est créé un groupe et un réseau qu'il utilise pour faire du trafic d'organe. Ils vivent de petits boulots tous plus violents les uns les autres, et sont résignés à voir leurs amis mourir constamment. Mais pourquoi pas, quand ici on a tous une valeur, et que celle-ci est souvent plus élevée mort que vivant. Si le groupe semble a priori fataliste quand à son sort, ce n'est pas totalement le cas, puisqu'ils agissent dans l'espoir de pouvoir un jour se payer un thérapie génique, et accéder à un futur meilleur.

D'un autre côté on voit la progression d'un scientifique, à l'origine de cette classification génétique, qui a voulu travailler pour un monde meilleur, et se retrouve au final responsable d'un véritable enfer sur Terre. On retrouve donc cette dualité entre celui qui cause et celui qui subit, le bien et le mal, le fort et le faible.

Sans révéler les tenants et aboutissants de l'histoire, disons que Max et son groupe vont se voir proposer l'opportunité de gagner assez d'argent pour pouvoir changer de vie, et que cela va définitivement impacter un tas de gens. Le pris en vaudra-t-il la chandelle ?

Une bien belle édition

L'histoire ne fait pas tout dans Fluorescent Black, et elle est d'ailleurs magnifiquement servie par les dessins de Nathan Fox, et la couleur de Jeromy Cox. Ceux-ci font partie intégrante de l'histoire, et caractérise très bien la violence de la ville, et le côté asceptisé de Biopolis. Les splash-pages sont splendides, et les cases plus classiques n'ont pas grand choses à leur envier. Les êtres humains ne le sont presque plus, comme pour faire ressortir ce qu'ils sont au plus profond d'eux-mêmes : des êtres choqués et marqués de cicatrices. Cicatrices que n'a d'ailleurs pas Nina, femme créée génétiquement qui se retrouve au centre de l'histoire, et qui sera marquée physiquement et mentalement par sa rencontre avec le reste du monde.

Tout cela est présenté dans une édition sur laquelle Milady a mis le paquet, dans un hardcover grand format d'environ 200 pages, proposant des bonus avant et après l'histoire pour vous aider à vous y retrouver d'un point de vue géographique et linguistique. Car oui, en 2085 le langage a quelque peu évolué et mélange l'anglais à des dialectes plus locaux. Notons d'ailleurs l'excellente traduction réalisée par l'un de nos deux amis Philippe, d'Arkham Comics (mais nous ne vous dirons pas lequel, on aime laisser le mystère planer un maximum). C'est définitivement une édition qui vaut largement les 24€90 qu'on vous en demandera. Et d'ailleurs, vous avez même une chance de le gagner sur Comicsblog !

Manu
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