La semaine dernière apparaissait sur les étales le troisième chapitre de l'event mutant X-Men Schism, accompagné d'un tie-in sous la forme de Generation Hope #10. Parler de l'un sans l'autre est possible. Cependant, les deux épisodes étant intimement liés, il serait dommage de passer à côté de l'opportunité de pouvoir les critiquer chacun à la lumière de l'autre. La note représente donc la note globale du récit conté par ces deux titres autant indispensable l'un que l'autre à la totale compréhension de ce troisième chapitre.
X-Men Schism #3
Dans l'ensemble, ce numéro est bien meilleur que celui qui l'a précédé. Alors, avant d'encenser les qualités de cet épisode qui a le mérite de faire avancer l'histoire, prenons le temps de critiquer ce qui a lieu de l'être.
Jason Aaron a un faible pour les enfants diaboliques. C'est son « truc » du moment. Il ne peut s'en empêcher, au point d'en balancer même dans son Wolverine. Je le pensais avoir touché le fond il y a un numéro de ça lorsqu'il avait jugé utile (Intéressant ? Impressionnant ?) de nous montrer une petite blondinette de 12 ans maximum découper une brute extra-terrestre du bout de ses frêles bras. C'était oublier qu'il restait à expliquer les origines de nos chérubins endiablés. Ce qui nous conduit droit à un retour en arrière des plus dispensables lors duquel nous avons la chance d'assister à la rencontre des enfants terribles. On y apprend ainsi ce qu'il y a à savoir sur chacun d'entre eux. La lecture de la troisième case de cette page infernale vint à bout de ma patience. Ainsi, je conseillerais à toute âme sensible n'ayant pas encore lu ce numéro d'éviter soigneusement ce flash-back de malheur. La compréhension de l'histoire n'en est pas affectée pour un sou et le plaisir de lecture en prend un coup ! Autrement, l'attaque menée par le club des damnés à l'encontre des X-Men aurait pu être plaisante si elle ne sentait pas autant les années 80.
La première qualité manifeste de X-Men Schism #3 est le trait de Daniel Acuña. Ses dessins sont les plus justes depuis le début de l'event, tant en terme d'ambiance que de proportions des personnages. L'atmosphère qui se dégage de son travail soutient à la perfection le rythme soutenu de l'épisode. La fracture entre Logan et Scott poursuit de s'agrandir au fil de leur course et de leurs échanges avec le personnage d'Idie. La tension est palpable d'un bout à l'autre du récit et ne retombe à la dernière page que pour annoncer l'orage qui va s'abattre à l'ouverture du prochain épisode. Aaron n'aurait pas pu imaginer meilleur moyen de dépeindre le faussé qui se creuse entre Wolverine et Cyclope qu'il ne l'a ici fait. Summers a une armée à gérer. Logan une famille à protéger. La rencontre du Général et du Grand Frère en fin de récit autour de la victime collatérale de leur conflit se fait fracassante et annonce de belles choses pour la suite.
Generation Hope #10
Aaron l'a dit, Schism c'est l'histoire de deux mecs. Quand on lit X-Men Schism, on a parfois l'impression que tous les personnages ne sont rien d'autre que des outils employés de façon très artificielle pour la construction du conflit entre Logan et Scott. C'est particulièrement le cas pour Idie. Heureusement, Kieron Gillen rend justice à ce personnage dans les pages de ce dixième épisode de Generation Hope.
Parler de cet épisode sans spoilers est tout simplement impossible. Quand je parle de spoilers, il en va bien entendu de l'intrigue de Generation Hope #10, mais aussi d'un élément majeur prenant place à la fin de Schism #3. Vous voilà prévenu.
La lecture de ce numéro est clairement essentielle à qui voudra une vision d'ensemble des retombées de Schism. X-Men Schism nous raconte le gros de l'histoire, le conflit entre Wolverine et Cyclope. Ici on s'attarde sur un dommage collatéral à l'histoire contée par Jason Aaron. Le récit, narré par Idie, retrace les quatre heures qui ont précédé sa transformation en meurtrière. L'histoire de cette transformation pose clairement les bases de bouleversements majeurs pour l'avenir tant de la série, que de l'univers mutant. Kieron Gillen nous permet ici d'assister à la naissance d'un nouveau personnage.
Non seulement Wolverine, qui en veut à Cyclope d'avoir poussé Idie au meurtre, manque de recul sur la jeune mutante, mais Scott lui-même ne réalise pas qui est Idie. Ses coéquipiers eux-mêmes ne réalisent que bien trop tard la vraie nature de la troisième lumière. Le sort de la jeune mutante relève tant du dommage collatéral que de la prédiction auto-réalisatrice. Elle a grandit dans la croyance que le peuple mutant représente un danger pour le reste du monde. Loin d'en souffrir, elle l'a accepté et ne s'en cache pas. Ses timides interventions dans les pages de X-Men Schism #1 et #2 en sont le meilleur témoignage. Elle se voit comme une arme vivante, il ne manquait que quelqu'un pour presser la détente.
X-Men Schism #3 se contente de nous montrer le passage à l'acte d'Idie. Generation Hope #10 nous plonge dans l'action. Une action qui se conclut 40 secondes plus tard sur un plan effroyable. Idie est devenu un monstre. Fidèle à elle-même elle n'en est pas effrayée. Après une traversée de l'histoire de la persécution du peuple mutant elle a retenu une leçon importante. Il faut un monstre pour en combattre un autre. Dans cette logique, la dernière page dérange et marque clairement un tournant.
En somme, un récit solide et poignant. Bien plus qu'un simple tie-in, ce numéro devrait être estampillé X-Men Schism #3.1. Enfin, derrière une couverture sublime signée par un certain Rodin Esquejo sur lequel on tâchera de garder un œil, les intérieurs de Tim Seeley sont inégaux d'une page à l'autre. Cependant, ils savent rester juste quand il le faut, et on n'en demande pas plus.