Échange de bons procédés entre deux vieux camarades. Si Geoff Johns et Jim Lee ne font plus partie de la même structure dans le présent, les deux hommes auront pourtant gouverné les éditions DC Comics main dans la main pendant un bon nombre d’années, sous le regard paternel et parfois maladroit de l’ancien maître des lieux, Dan DiDio. Cette période, que connaissent bien les lecteurs qui ont pris le train en marche au moment du grand recommencement des New 52, ne présente pas forcément un bilan inattaquable pour ces deux vétérans de l’industrie. Néanmoins, l’un comme l’autre se seront globalement bien entendus pendant ces quelques années de travail en commun. Au point d’avoir livré ensemble un volume sympathique consacré à la Justice League, comme pour cimenter l’amorce des temps nouveaux. Beaucoup plus tard, Geoff Johns décidera finalement de se lancer en solitaire sur le marché indépendant, ce qui ne l’empêchera pas de conserver de bonnes relations avec son ancien collègue de chez DC Comics.
Et pas seulement avec Jim Lee d’ailleurs. Depuis le lancement du label Ghost Machine chez Image Comics, le scénariste a effectivement proposé du travail à bon nombre de ses vieux copains du mainstream. Notamment, en allant chercher les artistes Gary Frank (Batman : Earth One) et Jason Fabok (Batman : Three Jokers), ou encore Bryan Hitch (JLA), sans oublier le bon Peter J. Tomasi (Batman & Robin). Cette relation de bon voisinage s’illustre dans le cadre d’un partenariat signé récemment entre DC et Ghost Machine pour autoriser deux couvertures variantes prévues pour cette année. D’un côté, Lee se chargera de livrer une petite devanture pour le numéro Geiger #19 (octobre 2025), et d’un autre côté, Frank en profitera pour une produire une couverture réservée au numéro Batman #163 (août 2025) dans le cadre de la publication de l’histoire Hush 2. En somme, un petit événement en soi pour les collectionneurs, dans la mesure où Jim Lee réserve généralement ses travaux aux créations de l’écurie DC Comics.
C’est même figé sur contrat : depuis que le dessinateur a accepté de vendre son ancienne maison d’édition indépendante (WildStorm, vendue en 1998 avec un statut autonome) en échange d’un grade et d’un salaire chez DC, la production de ce-dernier est exclusivement réservée aux titres publiés chez DC en temps normal. On comprend donc que Jim Lee avait envie de faire plaisir à son vieux copain, et dans la mesure où celui-ci trône désormais au sommet hiérarchique de l’entreprise, il lui est plus facile de tricher avec les règles en vigueur. Accessoirement, DC et Image présentent cette double-collaboration comme un partenariat entre les deux structures, pour gonfler le facteur événementiel et justifier de cette petite entorse aux habitudes locales.
Accessoirement, cette petite passe tombe au meilleur moment possible : Jim Lee vient justement de retrouver sa table à dessin pour la série Hush 2 en compagnie de Jeph Loeb. Le retour de l’artiste vedette a immédiatement provoqué un raz-de-marée dans les ventes de kiosque, et il était donc tout naturel de le voir capitaliser sur l’effervescence nostalgique (quitte à faire profiter les autres de ce succès). Et au passage, Gary Frank lui-même fait partie des vedettes de l’industrie, et sa présence dans les variantes de Batman #168 devrait aussi être vécue comme un petit événement pour les fans de son coup de crayon. Bref, tout le monde s’aime bien dans l’industrie des comics. Et ça… c’est bien. Mh ? Oui, non, des fois on n’a pas forcément d’idée pour conclure un article, c’est pas forcément grave si personne ne pointe le truc du doigt.