"Nothing ever ends, Adrian."
Rien ne finit jamais, tout n'est qu'éternel recommencement. La formulation de Dr. Manhattan dans Watchmen s'applique très bien au monde des comics et à DC plus précisément, qui n'a eu de cesse au cours des dernières années de voguer d'ère éditoriale en ère éditoriale, passant des New 52 à Rebirth puis à Infinite Frontier, alors que la prochaine étape semble se dessiner à la sortie de l'event du moment, Dark Crisis on Infinite Earths.
C'est en tout cas ce qui est très clairement teasé par l'éditeur à deux lettres, qui dévoile petit à petit ses sorties programmées pour le mois de décembre 2022. Avec la fin de l'année surviendra également la conclusion de l'event Dark Crisis on Infinite Earths avec son septième et ultime numéro, dont les conséquences, comme toute "Crisis" qui se respecte, devraient être importantes pour l'ensemble de l'univers, et même du Multivers, de DC Comics. C'est d'ailleurs ce que l'on peut lire sur le visuel utilisé à des fins promotionnelles, qui nous parle d'une nouvelle aube pour cet univers - littéralement "Dawn of DCU".
La formulation est reprise telle quelle par le scénariste Joshua Williamson, ce qui laisse entendre qu'au delà de la promesse narrative, DC Comics puisse réellement utiliser le terme "Dawn of DCU" comme une dénomination pour une nouvelle étape éditoriale, comme l'a été "Infinite Frontier" au printemps 2021. La conclusion d'une Crisis doit en tous les cas rebattre les cartes et il faudra, début d'année oblige, également s'attendre à ce que certains titres soient relaunchés (avec des annulations de séries ou de nouveaux titres également). A l'heure actuelle, nul ne peut dire s'il faut s'attendre à une coordination éditoriale ou si l'appellation est simplement là pour faire parler d'elle - en quel cas, c'est plutôt réussi. A voir, donc, ce que cette "nouvelle [future] direction" nous amènera, sachant que 2023 marquera déjà les deux ans d'existence de la période Infinite.
Il y a d'autres paramètres à prendre en compte sur cet aspect : la coexistence de plusieurs trames narratives d'importance sur les questions de temporalités et de Multivers. En effet, Geoff Johns qui pilote de son côté Flashpoint Beyond a aussi été promis à établir un "New Golden Age" pour remettre en avant, notamment, la Justice Society of America et Stargirl. Si l'on a été habitué à voir le scénariste évoluer en marge de la continuité globale depuis que Doomsday Clock était passé au second plan face à Dark Nights : Metal, Johns semblait revenir en force au sein de l'éditeur à deux lettres. La question est donc posée : plusieurs auteurs vont-ils encore se partager des lignes conductrices en parallèle ?
Plusieurs éléments laissent à penser que le mois de janvier 2023 sera en tous les cas, relaunch généralisé ou pas, spécial pour DC Comics. L'éditeur parlait en effet également de "nouvelle ère" pour Superman après le Action Comics #1050 de décembre prochain, laissant entrevoir quelque chose d'important début 2023 ; on se rappelle aussi que depuis Justice League #75, la série en question a été arrêtée et il apparaît inconcevable que DC ne publie plus de comics Justice League pour encore une année. Du côté des observateurs américains, beaucoup auront noté avec les sollicitations des derniers mois que plusieurs titres boucleront leurs arcs narratifs en décembre, laissant le champ libre pour des relaunches ou des changements d'équipes créatives. Tandis que d'autres héros, tels que Aquaman ou Green Lantern, n'ont eux aussi pas de titre solo.
Ce détail est lui aussi à prendre en compte quand on regarde les nombreuses couvertures qui accompagneront Dark Crisis on Infinite Earths #7. Notamment celles de Dan Mora, qui nous met en avant les héros les plus "classiques" de l'univers DC. Au cours de l'année passée avec Infinite Frontier, l'éditeur avait plus ou moins recyclé ses envies de présenter une nouvelle génération de héros (plus jeunes et plus diversifiés) avec le projet "5G", dont beaucoup d'éléments se sont retrouvés dans l'Infinite Frontier. Faut-il donc voir avec Dawn of DCU une forme de retour au plus "classique", telle que l'avait été DC Rebirth après l'expérimentation DC You - ou de l'autre côté du marché de l'édition US, comme Fresh StART a pu l'être après Marvel Legacy et All-new All-Different Marvel ? Les phénomènes cycliques sont légion dans ce milieu, et à des intervalles de plus en plus courts à mesure que l'accélérationisme culturel s'est fait plus pressant.
Une dernière question, plus intrigante (ou inquiétante, c'est selon le point de vue) : le visuel teaser utilisé qui nous montre un Nightwing dans une posture cosmique, quasi-divine - et qui rappelle de façon très explicite un certain Dr. Manhattan. On a vu comment DC ne s'embarrasse plus de jouer avec cette figure iconique de l'univers Watchmen, et que plusieurs personnages se sont récemment retrouvés avec des pouvoirs incommensurables (on ne vous fera pas l'affront de rappeler qu'on a eu même eu droit à un Bat-Manhattan dans Dark Nights : Death Metal...). A vrai dire, Dick Grayson lui-même est l'exemple même d'une maison d'édition qui ne sait pas quoi faire de l'un de ses personnages les plus populaires, ce dernier étant passé par différentes phases expérimentales plus (Grayson) ou moins (Ric Grayson) réussies.
Au final, la sollicitation de Dark Crisis on Infinite Earths #7 amène bien plus de questions avec elle qu'on n'aurait pu l'imaginer. La preuve peut-être rassurante que DC Comics continue de susciter la curiosité avec ces titres de grande envergure. On vous laissera cogiter sur les différentes questions évoquées dans l'article avec les couvertures dévoilées, signées (en vrac) Daniel Sampere (artiste sur les planches intérieures de Dark Crisis) pour la régulière, et Clay Mann, Tony S. Daniel, Ian Churchill, Kyle Hotz, Viktor Bogdanovic (qui fait un superbe hommage à Final Crisis), Dan Mora, et avec également l'hommage à George Pérez qui sera réutilisé en couverture pour cette occasion.
