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''Ce qui m'importe, c'est l'histoire'' : rencontre avec l'artiste Fernando Blanco

''Ce qui m'importe, c'est l'histoire'' : rencontre avec l'artiste Fernando Blanco

InterviewDc Comics

Si vous êtes lecteurs réguliers des titres un peu "sombres" de chez DC Comics, vous aurez forcément rencontré l'une ou l'autre fois les planches de Fernando Blanco. Passé sur de très nombreuses séries telles que Detective Comics, Batman Eternal, ou plus récemment Batwoman et Catwoman, l'artiste faisait partie des invités du récent TGS Comics au début du mois. L'occasion parfaite de poser quelques questions et de revenir sur sa façon de travailler. Bonne lecture !


Bonjour Fernando et merci d'être avec nous. J'ai une première question pour toi : tu as beaucoup travaillé chez DC Comics, et particulièrement sur les titres de la Bat-family. Il y a quelque chose de spécial pour toi avec ces personnages ? 

Je pense probablement que ce sont les personnages les plus proches de mon style. Je travaille très souvent sur des séries aux humeurs très sombres - comme le Phantom Stranger. Du coup, à part le côté "dark" et magique de l'univers DC, c'est sûrement la Bat-family qui se rapproche le plus de mon art.

Il y a un personnage particulier que tu préfères parmi eux ? 

Je dis toujours que je m'en fiche des personnages. Ce qui m'importe, c'est l'histoire. Ca ne me dérange pas qu'il y ait plusieurs personnages, ou que ça me fasse dessiner dans un style différent. Si le script est bon, tu me verras sûrement le dessiner. 

Quand tu travailles sur une série, tu demandes à lire le script d'abord ? 

Non, ils me recrutent directement. Je pense que tu peux choisir tes scénaristes quand tu es l'un de leurs artistes star du moment - mais ce n'est pas mon cas (rires). 

Tu n'as donc jamais refusé de projet ? 

Si je refuse quelque chose, c'est en général que je suis déjà au travail sur un premier projet.


D'un point de vue technique, comment travailles-tu ? 

Je travaille en numérique. J'utilise une tablette Cintiq avec le programme Clip Studio. Mais ça ne fait que sept ans que je fonctionne de cette façon. Ca a été une transition assez facile pour moi. J'ai toujours eu un peu peur du papier et de l'encre, par crainte, en expérimentant, de passer trop de temps sur des dessins et ne pas en être satisfait. Avec le numérique, si tu n'aimes pas une ligne, tu peux aller en arrière, tu peux modifier ce que tu fais.

Mais tu n'as pas peur que ça te prenne aussi beaucoup de temps si tu le passes à faire des retours en arrière ? 

Peut-être, mais j'ai de toutes façons mes peurs et mes indécisions ! C'est malgré tout plus facile pour moi de réussir à trouver ce que je veux en numérique. 

Du côté des couleurs, tu t'en occupes aussi comme ça ? 

Je m'occupe des couleurs seulement sur mes couvertures. De temps en temps j'ai colorisé certains de mes travaux - il y a très longtemps sur un numéro pour Marvel par exemple. Mais je ne m'en occupe pas chaque mois, ça demande beaucoup de temps. C'est très amusant de les faire sur une couverture, mais ça pourrait devenir ennuyeux si je devais les réaliser sur toutes mes planches. Je préfère faire confiance au coloriste dans ce cas.

Et c'est toi qui choisis le coloriste ? 

Oui, j'ai mon mot à dire. Je dis à mes éditeurs quels types de couleurs je voudrais, et ils me proposent plusieurs coloristes. Je n'en ai pas un ou deux de préférés, il y en a beaucoup dont j'aime le travail, et ça me permet de choisir parmi eux.

Retournons un peu dans le passé. Quels sont tes souvenirs de la période New 52 chez DC ? 

Je n'avais pas beaucoup travaillé chez DC avant les New 52, donc je ne sais pas trop comment voir si ça a changé par rapport à avant. Je suis bien plus calé sur la période actuelle. Peut-être que c'était plus facile de raconter des histoires, parce que tu pouvais te permettre de faire des récits déjà connus mais de nouvelle façon, pour attirer de nouveaux lecteurs. Mais du point de vue de l'artiste, ça ne changeait pas trop la façon de travailler.

Tu communiques beaucoup avec les scénaristes avec qui tu travailles ? 

Oui, bien sûr. Ils sont en copie de tous les mails que j'envoie aux éditeurs, et on peut discuter de l'histoire, de la narration et du découpage. Pas du script en lui même, parce qu'en général lorsque je suis embauché ce dernier est déjà terminé, mais on peut discuter de certains points, des détails qui ne fonctionnent pas, et qu'on peut changer.


Sur la série Batman Eternal, qui était hebdomadaire, tu avais quatre scénaristes et devait t'accorder avec les travaux des précédents numéros. Ca se gère facilement ? 

L'élément clé dans ce cas, c'est l'éditeur. C'est lui qui doit coordonner les équipes créatives. Il doit voir avec les scénaristes quel artiste est le mieux placé pour tel ou tel numéro. Et rendre les choses plus faciles pour les artistes sur le projet. Forcément, tu n'as pas le même contrôle sur une série hebdomadaire que, par exemple, sur une mini-série dont tu connais le plot à l'avance. Au final, tu essaies toujours de faire de ton mieux, quelles que soient les conditions.

Tu as le temps de lire des comics quand tu ne les dessines pas ? 

Je n'ai pas trop le temps c'est vrai. Je ne lis que peu de super-héros, plutôt des titres dont j'aime les scénaristes ou qui sont fait par des amis. Quand je lisais plus, j'était plus du côté Image Comics, je lisais aussi des mangas, des albums. 

Justement, Image Comics, le creator-owned, j'imagine que ça t'intéresse ? 

J'aimerai faire du creator-owned un jour, mais il n'y a rien qui presse. Je suis très bien à travailler chez DC. Il faut profiter d'être chez les majors, c'est une bonne impulsion pour booster ton prochain projet. 

Quel est ton prochain projet chez DC Comics ?

Je ne peux pas en parler, ils ne l'ont pas encore annoncé, ça le sera prochainement. Ils m'en ont juste informé il y a quelques semaines. Ce sera un arc d'une série régulière chez DC. 

Merci beaucoup ! 

Remerciements : Katchoo

Arno Kikoo
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