Vous qui avez cliqué par pur intérêt sur cet article, sachez que vous vous trouvez sur l'une des quatre dernières Checklist Comics de l'année. C'est incroyable. Puisqu'en démarrant ce mois de décembre, l'on se rendra compte que ni DC Comics, ni Marvel, ou Image, et tout autre éditeur indépendant par ailleurs, n'a décidé de freiner son rythme de publications. Une semaine chargée donc sous le signe de la nouveauté, et c'est donc pour essayer d'y voir plus clair que notre checklist hebdomadaire est bel et bien de retour.
Quant à la VF, le rythme va lui baisser un poil en amont des fêtes de fin d'année, mais il reste encore quelques sorties qui devraient vous faire de l'oeil, et nous vous en parlons également dans le déroulé de l'article. On vous rappellera comme toujours qu'en dehors de cette sélection maison, nous vous invitons à partager dans l'espace commentaire les sorties qui feront partie de vos lectures de la semaine !
Cette semaine Mark Millar se relance dans un projet ambitieux (d'après ses propres mots), avec aliens, dimensions parallèles et joutes physiques ou mentales. C'est en s'inspirant de son travail sur le génial Luthor de Superman : Red Son - au point de reprendre trait pour trait le gimmick du génie qui affronte plusieurs parties d'échec de haut niveau en simultanée - Millar reprend son écriture de l'intellect mâtiné de baston. Le monde traverse la menace d'une invasion et n'a pour seul recours que l'industriel brillant et physiquement supérieur Edison Crane pour l'aider, une mini en six qui marquera (peut-être) le retour de Millar aux affaires. Du moins, espérons le. Disons qu'au moins Rafael Albuquerque a l'air de s'appliquer sur ses planches, et ce sera toujours ça de pris.
Il y a beaucoup d'ambition affichée dans cette nouvelle maxi-série dédiée au personnage de Martian Manhunter. Prévue en douze numéros et se voulant dans l'esprit d'un Mister Miracle (c'est dire si la barre est haute), le titre veut surprendre et présenter J'onn J'onzz lorsqu'il vivait encore sur Mars, alors un représentant de la loi visiblement corrompu. Si Steve Orlando est capable du pire comme du meilleur, son association au fantastique Riley Rossmo (lisez son Deathbed publié dans l'année chez Vertigo) laisse là aussi augurer du meilleur, à la fois pour son dessin marqué que la puissance de sa mise en scène. On parie du bon là dessus.
Bien que mon collègue Corentin ne partagera pas l'avis de votre rédacteur, il y a toujours et encore de l'intérêt à suivre Doomsday Clock (ndlr : c'est faux, vous mêmes vous savez), quand bien même le titre aura perdu grande partie de sa portée évènementielle. Les retards de publications mis à l'écart, il conviendra d'aller poursuivre l'aventure de Geoff Johns et de ce qu'il veut apporter avec ce croisement des univers DC et Watchmen, enfin véritablement entamés dans le précédent numéro. On pourra toujours déplorer une intrigue qui peine à se lancer (et passé le septième numéro, ça fait beaucoup), mais les idées sont là, les sous-intrigues se développent, on scrute les pistes pour voir si Doomsday Clock est si important que ça, et l'on reste sous le charme du trait affûté d'un Gary Frank en grande forme. Ha, s'il avait pu être assez rapide, aussi...
Au bout de quatre numéros et à la conclusion de son premier arc, Kelly Thompson aura démontré que le nouveau West Coast Avengers nouvelle cuvée est une petite réussite. Kate Bishop a monté son équipe en reprenant quelques personnages secondaires dont les séries solo ont été annulées pour former une équipe, malgré son manque d'expérience dans le business, pour que la côte ouest puisse mieux répondre à diverses menaces. Les interactions entre chacun sont vives et pleines de punchlines, et Kate finançant son équipe en la faisant tourner dans une émission de télé-réalité, les numéros sont parsemés de scénettes de "confessionnal" hilarantes. Ajoutez à cela une intrigue colorée entraînante sans se prendre au sérieux et le trait on ne peut plus séduisant de Stefano Caselli et vous obtenez l'une des lectures les plus agréables chez Marvel du moment.
Avec ce soixantième numéro il est temps pour Tom King de boucler un nouveau pan de son intrigue de long terme. Depuis le fameux numéro #50, on aura assisté à une longue descente en enfer pour le Chevalier Noir, qui doit faire avec ses tourments personnels, ce qui est arrivé à Nightwing, et un semblant de folie qui le guette alors qu'il n'arrive pas à comprendre si Bane est véritablement derrière tous ses malheurs. Le scénariste est en forme pour faire passer la colère sourde de Batman, qui est en train de détruire tout son micro-univers, et la chute s'annonce encore plus rude au vu du final. On retrouve en outre en plus de Mikel Janin le talentueux Jorge Fornés (Magnus, Hot Lunch Special) qui ravit les rétines avec son Batman très inspiré de Mazzucchelli. Un petit régal, comme toujours.
On vous le disait précédemment, Marvel n'est pas le seul à prévoir ses sorties comics en rapport à ses autres médias. Avec une attention qu'on imagine croissante pour Shazam! dû à un certain film, et parce que Geoff Johns devait nous fournir une ongoing depuis la fin de ses back-ups de Justice League durant les New 52, le titre Shazam! était plus qu'attendu. Et le voilà enfin, bien que Gary Frank ne soit pas de la partie (vous savez pourquoi). Reste à espérer que Johns ne reprendra pas tout à fait le Billy Batson moderne qu'il avait donné pour aller puiser un peu plus d'essence façon Fawcett Comics, parce que la bonne humeur et le fun un poil candide sont aussi une belle denrée à fournir, surtout avec ce personnage. Gageons que Dale Eaglesham, lui, sera à la hauteur.
Autre sortie de poids chez Image Comics cette semaine, c'est la nouvelle série de Kieron Gillen, génial scénariste de The Wicked + The Divine (qui sort d'ailleurs son 40e numéro cette semaine). Il s'agit également de la première ongoing de l'artiste française Stephanie Hans, qui nous gratifie déjà d'une superbe couverture, et dont on a hâte de retrouver les planches intérieures. Le titre semble lorgner vers l'horreur (avec un titre pareil, c'est tout vu), en se concentrant sur un groupe de quarantenaires qui doit faire face à la créature effrayante qu'ils ont dû affronter étant adolescents lors d'un jeu de rôle. Un peu de Ca, un peu de Jumanji, une histoire que l'on espère prenante, et promis, on essaie de vous faire un retour écrit dessus dans la semaine !
Terminons avec un passage chez Dark Horse qui nous propose un nouveau travail en indé' de l'autrice Nnedi Orokafor (Qui a peur de la mort ?, et plusieurs titres Black Panther chez Marvel), qu'on espère plus libérée dans ce travail plus personnel. Avec Tana Ford au dessins, l'équipe nous propose un récit de science-fiction fantaisiste et politisée, dans lequel une jeune doctoresse se retrouve parquée dans un quartier où afro-américains et extra-terrestres (qui se sont intégrés à notre population sur Terre) sont reclus et discriminés, alors qu'elle cache avec elle quelques secrets. Le pitch semble assez dense et ici, c'est évidemment notre curiosité qui nous anime, outre le pedigree de l'autrice. A essayer.
Tâche difficile en amont de la sortie du film Aquaman pour Urban Comics de proposer des récits forts du Roi des Océans, alors que beaucoup des meilleurs runs sont déjà sortis - ou du moins ceux qui permettraient la meilleure accroche populaire. C'est donc sur La mort du Prince que l'éditeur français propose de s'attarder. Un récit de David Michelinie particulièrement sombre dans lequel Aquaman sera confronté à Black Manta et au pire échec de sa carrière. On ne vous spoile rien pour ceux qui ne connaissent pas ce bout d'histoire, au doux parfum vintage grâce aux dessin de Jim Aparo ou Mike Grell. Un bout d'Histoire à savourer.
Parmi les chefs d'oeuvres tardifs du brave Alan Moore, avant sa période sèche parsemée d'hommages à Lovecraft et de parutions de plus en plus rares, on trouve les America's Best Comics. Connue pour Top 10, déjà publiée en VF, et le merveilleux Promethea, cet imprint fondé par l'auteur anglais aura également légué à la prospérité les aventures de Tom Strong, un hommage au héros pulp Doc Savage réinterprété dans un récit de longue haleine consacré au "super-héros de la science". Strong est un surhomme accompli, supérieur sur le plan physique et intellectuel, entouré de sa famille et de ses amis dans la cité de Millenium City. Plus optimiste que certains de ses autres travaux, Tom Strong est une énième déclaration d'amour de Moore au savoir et à l'art, ainsi qu'à la riche histoire des débuts de la bande-dessinée de surhomme - un traité positif sur ce-dernier, à mettre en relation avec toute une période où l'auteur avait retrouvé son indépendance et créait à tour de bras des "réponses" à ses oeuvres passées. Ne manquera plus que Supreme à votre collection et tout le propos de l'auteur sur les différentes facettes du surhomme vous seront accessibles (enfin!).
Avec l'approche des fêtes de fin d'année, Dargaud ressort en un coffret les deux tomes de Batman : the Dark Prince Charming, l'essai de Marini sur le Chevalier Noir qui aura ravi les amateurs de l'artiste, qui se réapproprie de très belle façon cet univers. Batman doit sauver une petite fille des mains du Joker, cette dernière étant apparemment la fille (illégitime) de Bruce Wayne. S'ensuit une longue course-poursuite au cours de laquelle Marini fait intervenir Harley Quinn, Catwoman, et s'amuse à reprendre une Gotham City resplendissante sous son aquarelle. Un très joli récit qui, s'il ne révolutionne rien sur le pur plan narratif, fait office d'une porte d'entrée à cet univers, et une façon de s'ouvrir artistiquement pour ceux qui ne jurent que par les dessinateurs venus d'Amérique.
