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52 Tome 4 : une page essentielle de l'univers DC

52 Tome 4 : une page essentielle de l'univers DC

ReviewDc Comics
On a aimé• L'esprit DC Comics à son paroxysme
• Continuité, univers partagé
• Le moindre élément nerdy mis à contribution
On a moins aimé• Tous les segments ne se valent pas
• Le dessin a froidement vieilli
Notre note

Au sortir des années 1990, un vent de nouveauté souffle sur les parutions DC Comics. Balayées par un esprit sombre hérité des publications Dark Age, la marque va peu à peu complexifier l'équilibre narratif de ses séries en réintroduisant des concepts laissés de côtés pendant la première Crisis - c'est alors que vont s'enchaîner les événements fédérateurs, mobilisant un très grand nombre de personnages, de concepts et de conséquences posées sur tout l'univers. Voire plus, puisque l'univers est multiple et c'est un peu tout le noeud du problème.

La série 52 démarre après Infinite Crisis, la colère de Superboy Prime et le retrait progressif des figures les plus connues de DC, reléguées à des postes secondaires dans les grandes trames horizontales de l'éditeur. Tout ce qui prépare les gros événements, tout ce qui concerne la Terre principale va peu à peu échapper au contrôle de Batman, Superman, Wonder Woman ou Hal Jordan et échouer entre les mains de plus petits personnages. Sur 52, l'idée est de raconter 52 semaines d'une année, éparpillée sur plusieurs storylines dans le style de ce qui se faisait beaucoup chez DC à l'époque.
 
Le principe est donc très différent des parutions solo' habituelles. A l'époque, la continuité avait un sens réel pour l'éditeur. La richesse de son catalogue de personnages également, et de même que les différents concepts (magie, cosmique, alien, démonisme) étaient tous mis à l'effort. 52 ou One Year Later, Seven Soldiers of Victory ou Final Crisis portent toutes le même sceau d'ultra-comics pour passionné, qui s'investit, tient une frise chronologique et remplit lui-même les fiches Wikipédia de ses obscurs personnages préférés. 
 

 
Si on a reproché aux New 52 d'être trop éloignés de cet esprit d'antan, il est important de comprendre que DC Comics a longtemps fonctionné comme une saga de fantasy de trente à quarante volumes, ou sur ces univers de science-fiction ultra détaillés où le moindre héros secondaire a un rôle à jouer dans l'univers en péril. Rien d'étonnant d'ailleurs puisque le ciment fédérateur de tout cet esprit n'est autre que Grant Morrison, architecte de Final Crisis et passionné de l'éditeur qui aime donner leur chance aux seconds couteaux, raffole de continuité et des concepts les plus rares de la mythologie en place.
 
Morrison n'est cependant pas seul à l'écriture, puisque l'idée était à l'époque de donner à des story groups les clés de l'univers. On retrouve une brochette invraisemblable, puisque se bousculent Greg Rucka, Geoff Johns et Mark Waid en complément du scénariste écossais. Chacun aura probablement hérité d'une trame en particulier, puisque tout ne se recoupe pas dans cette immense fresque qui passe par de l'enquête, du peplum, des voyages spatiaux et du super-héros classique. Ralph Dibny, Steel, Black Adam, Booster Gold et bien d'autres sont les héros de ce vaste récit, plutôt inégal sur l'intérêt de ce qui est raconté ça et là, et plutôt décevant sur l'aspect vieillot des dessins.
 
Le point fort de ce quatrième volume est évidemment le récit de Black Adam, à mi-chemin entre une lecture héroïque de série mythologique, voire biblique, cette partie du volume (probablement guidée par Greg Rucka) incorpore une jolie métaphore sur la façon dont les Etats-Unis voyaient le proche-orient et sa souveraineté après le 11 septembre. Si le quatrième volume n'est probablement pas le plus pertinent sur cette utilisation, l'esprit général de récit antique reste accrocheur et assez fascinant pour qui s'intéresse à la mythologie des Captain Marvel
 
De leur côté, des récits comme ceux de Steel ou ceux des Metal Men ne seront pas aussi passionnants. D'autres, plus créatifs comme Animal Man ou la longue fuite en avant de Booster Gold et Rip Hunter auront à coeur de rebattre les cartes des puissances et menaces du multivers. Puisque, bien entendu, l'idée qui obsède Morrison et DC Comics sur le moment est de réinstituer les Terres parallèles - comme d'habitude avec le scénariste, cela se fera avec des méchants insectoïdes, un déroulé abracadabrantesque et différents hommages aux histoires de jadis.
 

 
L'aspect fleuve de 52 est admirable. De penser les comics comme ce grand ensemble où tout le monde a droit à la parole, où la magie peut rencontrer la normalité, où le cosmique peut rencontrer le mercenaire spatial au sein d'un même univers uni et cohérent, on est admiratif devant une telle entreprise éditoriale qui rappelle ce qu'était DC à l'époque et ce qu'il est moins aujourd'hui. Un réel ensemble commun, loin des relaunchs ou de l'accessibilité envers le grand public. Le côté nerdy de séries comme 52 trouve cependant ses limites à l'aune des standards modernes en termes de comics - puisque, justement, à trop en donner au lecteur fidèle on écarte ceux qui n'étaient pas là avant.
 
Il en va de même pour les dessins, et c'est un problème que traversent toutes les écoles de mainstream depuis la fin des années '80 : le style "classique" d'une époque devient vite obsolète quand l'époque est passée. Force est de le dire, les années 2000 n'ont pas été portées par les artistes les plus talentueux ou les plus intemporels sur ce genre de séries blockbusters, et plusieurs passages piquent carrément les yeux.
 
A part ça, vous auriez cependant tort de ne pas commencer 52 ou de ne pas vous intéresser à ce long travail de suivi qu'a été la reconstruction du lore DC Comics entre la fin des années 1990 et Final Crisis - voire Brightest Day, encore un peu plus loin. S'il est aujourd'hui facile de voir que l'éditeur reste moins véhément que Marvel sur les relaunchs à la pelle, le concept de continuité, d'univers partagé et de vision d'ensemble était à l'époque une réalité hebdomadaire dans les kiosques, que nous pourrions regretter aujourd'hui. Bien entendu, à viser aussi large on tombe parfois sur des idées moins intéressantes et des dessins vieillots, mais il n'empêche pas que la série reste pour le regard moderne un joli morceau d'histoire à posséder.
Corentin
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