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Len Wein, l'architecte de l'ombre du comic-book moderne

Len Wein, l'architecte de l'ombre du comic-book moderne

DossierDc Comics

Il y a quelques jours, l'industrie du comic-book a perdu l'un de ses plus grands créateurs. Si certains noms sont plus retenus que d'autres pour avoir changé à jamais la face de nos lectures préférés, celui de Len Wein est plus inconnu mais l'américain est pourtant à l'origine de révolutions majeures chez Marvel comme DC Comics.

Revenons sur la vie de Len Wein.
1. Len Wein : Year One
Chapitre 1

Len Wein : Year One

Né dans une famille modeste à New York, Leonard Norman Wein est le fils de Phillip et Rosalyn avec qui il passe une enfance assez tendre dans le Bronx aux côtés de son jeune frère Michael. Si les jeunes années de Len sont assez calmes, il explique cependant qu'il était d'une petite constitution étant jeune et il lui arrive malheureusement de faire quelques séjours à l'hôpital.

C'est pourtant dans son malheur que sa passion pour les comics va s'éveiller puisque son père prend l'habitude de lui offrir un lot de lectures pour qu'il ne s'ennuie pas. Il dévore alors avec passion les différentes histoires des super-héros et son imaginaire commence à se mettre en ébullition. Très tôt, il décide d'ailleurs de se mettre au dessin et reste persuadé qu'il veut travailler dans l'industrie du comic-book dans l'objectif de devenir artiste. Ce qui ne sera évidemment pas le cas malgré un destin très clément.



Mais il n'est pas seul pour entretenir cette passion et l'un de ses amis les plus proches est un certain Marv Wolfman, qui deviendra lui aussi auteur de comics. Ils se lancent alors dans l'édition d'un fanzine sur lequel Len Wein peut s'essayer à plusieurs de ses idées de super-héros. Ce support n'est d'ailleurs pas anodin puisque la fine équipe est connue pour squatter DC Comics une fois par mois alors que l'éditeur propose des visites de ses bureaux, sans oublier de montrer leurs différentes idées.

C'est ainsi que sa carrière dans l'industrie va démarrer...

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2. Le créateur du marais
Chapitre 2

Le créateur du marais

À force de persévérance, la technique va payer mais pas comme Len l'imagine puisque lui et Marv sont engagés chez la Distinguée Concurrence en tant que scénaristes free-lance. Il n'est alors âgé que de 20 ans seulement et son premier travail est publié dans les pages de Teen Titans #18.

Tout de suite, Len Wein se montre très inspiré par le monde et la société qui l'entourent et notamment son pays qui subit plusieurs bouleversements en 1968, de l'assassinat de Martin Luther King à celui de Robert F. Kennedy, cinq années après son frère John, mais aussi et surtout la Guerre Froide qui fait rage en coulisses entres les États-Unis et la Russie. C'est donc dans ce contexte explosif que Len Wein tend une perche et crée, dès son premier numéro sur Teen Titans (le #18) avec Marv Wolfman, le personnage de Red Star, qui va dans le sens inverse des caricatures habituelles de personnes russes (et souvent méchants) puisqu'il est le premier super-héros de la Mère Patrie et combat aux côtés des Titans.



Le scénariste en devenir va même plus loin pour adresser un message de tolérance envers les afro-américains en travaillant sur Teen Titans #20 dans lequel l'équipe prévoit d'introduire un super-héros noir. Malheureusement, l'idée ne plait pas à Carmine Infantino qui appelle Neil Adams à la rescousse pour modifier le numéro. Après cet épisode, Len Wein est déplacé sur d'autres séries et notamment l'anthologie The House of Secrets dans laquelle il crée bientôt l'un des personnages les plus charismatiques de l'univers DC Comics.

En effet, avec son arrivée sur le titre, il fait la connaissance du dessinateur Bernie Wrightson avec qui il s'entend tout de suite beaucoup puisqu'ils ont tous les deux le même âge et partagent de nombreux centres d'intérêt, dont les filles... C'est avec lui que Len Wein créera Swamp Thing dans les pages de The House of Secrets #92. Pour l'anecdote, il choisit de travailler sur ce projet avec Bernie Wrightson puisque celui-ci est très mélancolique après que sa petite amie de l'époque l'ait quitté, ce qui participe évidement à la mélancolie générale du personnage d'Alec Holland lors de la mise en place de la propre série sur la créature en 1972.


Le personnage est très similaire à Man-Thing, créé un an et demi avant par Stan Lee, Gerry Conway, Gray Morrow et Roy Thomas et si cet aspect est évidemment noté, Marvel laisse couler, puisque Len Wein s'en ira écrire quelques histoires pour l'éditeur avec l'un des créateurs de Ted Sallis, Roy Thomas.

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3. Len appose sa griffe chez Marvel
Chapitre 3

Len appose sa griffe chez Marvel

En 1970, le succès de Len Wein commence à être noté et la Maison des Idées fait appel aux talents d'écriture du bonhomme pour lui confier un back-up dans Daredevil avec Roy Thomas, alors scénariste principal des aventures de Matt Murdock.

Sa collaboration avec l'auteur américain prendra d'ailleurs un tournant majeur en 1974 alors qu'il succède à son poste en tant qu'éditeur-en-chef des comic-books en couleurs (hé oui, ce poste existait à l'époque). Un titre qu'il ne gardera pas très longtemps mais qu'il fera tourner à "la famille" puisque c'est son ami Marv Wolfman qui le remplacera quelques mois après sa nomination. Cette position lui ouvre les portes de nombreuses séries chez Marvel et il se charge de runs plus ou moins longs dans Marvel Team-Up, une série qui met en scène Spider-Man en tandem avec un autre héros de l'éditeur, The Amazing Spider-Man, Thor, Fantastic Four, The Defenders ou encore The Incredible Hulk, qui reste probablement le plus important.


En effet, toujours sous l'impulsion de Roy Thomas, maintenant éditeur-en-chef de la Maison des Idées, Len Wein et John Romita Jr. doivent plancher sur un personnage inspiré d'un glouton (Wolverine en anglais, si vous voyez où j'en viens) pour combattre Bruce Banner. À l'époque, le titre The Incredible Hulk s'inspire du modèle "freak of the month" et il n'est pas rare que la série accueille des personnages inédits qui ne serviront que d'ennemis temporaires au héros avant de disparaître dans les limbes de l'univers Marvel. C'est le destin qui attend aussi le canadien Wolverine. L'ennemi apparaît donc dans son costume classique jaune et bleu dès le numéro #180 de The Incredible Hulk en novembre 1974, et s'efface dès la fin de l'arc dès le numéro #182.

Len Wein garde cependant sa création sous le coude et le ressort de ses tiroirs en 1975 alors qu'il décide, avec le dessinateur Dave Cockrum, de relancer les mutants dans le magazine Giant-Size X-Men, alors que les personnages ne connaissent plus de nouvelles histoires depuis 1970. Une nouvelle fois, Wein démontre qu'il est l'un des meilleurs créateurs de sa génération en façonnant l'équipe de mutants modernes que nous connaissons tous et en plus d'utiliser Wolverine, dont la popularité a explosé de nos jours, il co-crée avec Dave Cockrum les personnages de Storm (Tornade), Colossus, Nightcrawler (Diablo) et Thunderbird. Le scénariste laisse sa signature dans les héros en donnant une origine différente à chacun, posant les bases des riches récits autour des mutants sur les années à suivre. Des ajouts de premier plan dans la mythologie des mutants encore aujourd'hui.


Malheureusement, la collaboration entre Len Wein et Marvel Comics prend fin à la fin des années 70 suite à une dispute avec la direction.

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4. London Calling
Chapitre 4

London Calling

Après le chapitre Marvel de la vie du bonhomme, Len Wein est à 100% de retour à ses vieux amours puisqu'il revient chez DC Comics, toujours en qualité de scénariste mais aussi d'éditeur, une position dans laquelle il saura une nouvelle fois se démarquer par sa pertinence dans le choix d'œuvres modernes qui traitent finalement plus de thématiques sociales que de combats décérébrés entre le bien et le mal.

Vers la fin des années 1980, le talent de Len Wein n'est plus à prouver et il continue de mettre sa créativité au service des personnages puisqu'il crée notamment Lucius Fox dans la série Batman. Le personnage deviendra encore une fois l'une des figures centrales de l'interprétation moderne de Bruce Wayne en étant son plus proche allié dans Wayne Enterprises, permettant de justifier plus facilement ses gadgets à la pointe de la technologie. Mais il réinvente aussi quelques personnages au passage comme Clayface ou encore John Stewart, dont il offre de nouvelles origines durant son run qui place le Green Lantern en seul défenseur de la Terre, avec le dessinateur britannique Dave Gibbons.


Toujours dans l'ombre, Len Wein est donc sur le front et ouvre les portes de la vague d'arrivée d'auteurs britanniques dans l'industrie à commencer par Gibbons mais aussi Brian Bolland. Len Wein repère le talent de ce dernier, qui dessinait quelques couvertures pour DC Comics à l'époque, et lui commande plusieurs visuels pour illustrer les covers de sa série en cours, Justice League of America.

Convaincu que l'Angleterre peut être une source d'un mouvement nouveau pour dynamiser la bande-dessinée américaine, il embarque notamment pour une expédition en 1981 sur les terres de sa majestée Elisabeth II, ce qui lui permet entre autres de croiser un jeune rebelle aux cheveux longs, Alan Moore. Il fait d'ailleurs appel à ses services quelques années plus tard pour relancer la dernière série sur Alec Holland, Saga of the Swamp Thing. Le pari paie puisque l'auteur britannique réinvente la créature dans le célèbre Saga of the Swamp Thing #21 où l'on découvre (avec stupeur) qu'Alec Holland est mort depuis longtemps et que Swamp Thing est une plante qui a en fait été conditionnée pour croire qu'elle ne faisait qu'un avec cet homme. Le laissant maintenant sans aucun espoir de revenir à l'ancienne vie qui n'était finalement pas la sienne.



Grâce à ses liens privilégiés avec cette nouvelle génération d'artistes Len Wein joue encore un rôle de premier ordre chez DC Comics puisqu'il édite en 1987 une œuvre culte encore au centre des attentions de l'éditeur à l'époque de Rebirth et d'une série TV en préparation, Watchmen, d'Alan Moore et Dave Gibbons. Véritable pierre angulaire qui a transformé le comic-book, Watchmen démontre que la BD américaine n'est pas qu'histoires de combats contre des méchants et des gentils et qu'on peut y glisser des messages sur la société. Une approche qui est finalement l'héritage même de l'approche de Len Wein sur ses nombreux travaux.

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5. Du papier à l'écran, au papier
Chapitre 5

Du papier à l'écran, au papier

Toujours plus ou moins impliqué dans l'industrie du comic-book au cours de sa carrière, Len Wein décide tout de même de mettre ses talents à l'œuvre en embrassant le nouveau média à la mode dans le début des années 1990 pour les super-héros, la télévision. Cette nouvelle approche de son talent lui permet d'écrire sur de nombreuses séries animées et les plus fameuses de leurs époques dont des épisodes de The Amazing Spider-Man, X-Men, Batman : The Animated Series ou encore Godzilla. Rapidement, ses talents de scénariste sont reconnus par les chaînes de TV et il est amené à plancher sur de nombreux projets un peu transversaux dans l'industrie de l'entertainment, notamment avec Cartoon Network sur Ben 10. Il s'essaie même au jeu vidéo en écrivant le scénario de Watchmen : The End is Nigh sorti en 2009 sur PC, PS3 et Xbox 360.

Avec la popularité grandissante des super-héros sur les écrans et notamment dans les salles obscures, il est d'ailleurs souvent appelé pour donner ses précieux conseils sur la manière de traiter des personnages, notamment par la Fox et la saga X-Men. Récemment, les plus malins d'entre vous auront probablement réussi à le repérer dans le film de Bryan Singer sorti en 2014, X-Men : Days of Future Past

Évidemment, Len Wein ne reste jamais loin du comic-book et il travaille sur de nombreux projets mais finira principalement sa carrière chez DC Comics où il planchera sur des œuvres en retrait de la continuité principale de l'éditeur. Il participera notamment à Before Watchmen en prenant la charge de la série Ozymandias, l'une des plus réussies, dessinée avec brio par l'inimitable Jae Lee. Son statut d'auteur de l'ancienne génération lui permet d'ailleurs d'offrir une rétrospective de l'histoire de DC Comics dans la mini-série DC Universe : Legacies qu'il signe avec José Luis Garcia-López. On le voit même revenir à ses premiers amours avec une mini-série Swamp Thing en 2016, qu'il signe avec Kelley Jones.



Sans conteste, le nom de Len Wein résonne dans les oreilles des amateurs de bande-dessinée américaine comme l'un des auteurs de talents de ces dernières décennies. Pourtant, Len Wein est bien plus grâce à sa compréhension du monde et de la société qui lui a finalement toujours permis d'avoir un coup d'avance dans l'industrie du comic-book et d'être l'origine, dans l'ombre, de nombreux changements qui l'ont façonnée pour lui donner son visage actuel. Nous pouvons donc remercier ses créations qui, encore aujourd'hui, jouent un rôle de premier plan dans les histoires de nos héros préférés.

Finissons donc avec les mots de Chris Claremont : "L'histoire moderne des comics serait incroyablement différente si on enlevait les contributions de Len à l'ensemble. Le fait qu'il ne reçoive pas de crédit la moitié du temps est une honte."

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Chapitre 1

Len Wein : Year One

Né dans une famille modeste à New York, Leonard Norman Wein est le fils de Phillip et Rosalyn avec qui il passe une enfance assez tendre dans le Bronx aux côtés de son jeune frère Michael. Si les jeunes années de Len sont assez calmes, il explique cependant qu'il était d'une petite constitution étant jeune et il lui arrive malheureusement de faire quelques séjours à l'hôpital.

C'est pourtant dans son malheur que sa passion pour les comics va s'éveiller puisque son père prend l'habitude de lui offrir un lot de lectures pour qu'il ne s'ennuie pas. Il dévore alors avec passion les différentes histoires des super-héros et son imaginaire commence à se mettre en ébullition. Très tôt, il décide d'ailleurs de se mettre au dessin et reste persuadé qu'il veut travailler dans l'industrie du comic-book dans l'objectif de devenir artiste. Ce qui ne sera évidemment pas le cas malgré un destin très clément.



Mais il n'est pas seul pour entretenir cette passion et l'un de ses amis les plus proches est un certain Marv Wolfman, qui deviendra lui aussi auteur de comics. Ils se lancent alors dans l'édition d'un fanzine sur lequel Len Wein peut s'essayer à plusieurs de ses idées de super-héros. Ce support n'est d'ailleurs pas anodin puisque la fine équipe est connue pour squatter DC Comics une fois par mois alors que l'éditeur propose des visites de ses bureaux, sans oublier de montrer leurs différentes idées.

C'est ainsi que sa carrière dans l'industrie va démarrer...

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AlexLeCoq
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