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Un regard sur les indés #6 : Undertow

Un regard sur les indés #6 : Undertow

chronique

Cela fait bien longtemps que l'on sait que la science-fiction est l'un des genres les plus indiqués quand il s'agit de parler de l'état de notre monde, de notre société. Pourtant, il ne faut pas oublier que la SF peut revêtir de nombreuses formes. La mini-série Undertow a choisi l'une des plus surprenantes et se révèle être des meilleures surprises du catalogue Image Comics.

• Undertow •

Fiche Technique : 

Éditeur : Image Comics
Premier numéro : février 2014
Nombre de numéros parus : 6
Genre : Science-fiction politico-philosophique

"They aren't my people anymore. The ones that want to wake up are."

Image Comics est devenu le refuge pour beaucoup d'auteurs qui lassés par l'industrie du comics, trouvent chez cet éditeur le moyen de faire entendre leur véritable voix. Ces auteurs reconnus ne sont pourtant pas les seuls à profiter du modèle mis en place par l'éditeur indépendant et de jeunes artistes grandissent à l'ombre de ces noms ronflants. Ainsi, l'année dernière, Steve Orlando, jeune scénariste pour le moins inconnu ou presque, publiait la mini-série Undertow. Passée relativement inaperçue à l'époque (par nous les premiers), elle se révèle être une œuvre d'une puissance rare et porteuse d'un message que l'on retrouve de plus en plus à mesure que les années avancent.

Undertow est une œuvre de science-fiction qui use de métaphores philosophiques et politiques, et qui se déroule en milieu marin. Une histoire qui nous rappelle donc forcément le Low de Rick Remender dont on avait parlé dans cette même rubrique. Seulement, là où la série du scénariste de Black Science présentait un futur post-apocalyptique où l'humanité s'était réfugiée dans les profondeurs abyssales, on est ici à l'exact opposé du spectre. En effet, l'humanité est encore réduite à une bande de singes qui enfile des pans de fourrures et qui utilise tout juste ses premiers outils, et la civilisation sur le déclin n'est ni plus ni moins que celle des Atlantes, humanoïdes très avancés mais qui respirent sous l'eau.

C'est dans cette préhistoire fantasmée que l'on va suivre un jeune homme issu de la bonne société atlante, Ukinnu Alal. Celui-ci s'est engagé dans l'armée, refusant le monde que lui propose son père. On vous le donne dans le mille, cette société ressemble très fortement à la nôtre. Un monde régit par une pensée unique, qui essaie de se conformé à des diktats d'une démocratie où tous semblent proposer le même message et une vie programmée pour le bien de la société. Une voie toute tracée que rejette Ukinnu, refus qui trouvera son écho quand il rencontrera Redum Anshergal, un anarchiste qui le premier propose enfin une alternative.

"Each life is worth my own."

Cette mini-série en six épisodes (qui devait sans doute être une série régulière à la base, mais le problème de l'afflux de grands auteurs chez Image fait qu'il reste moins de visibilité pour ceux qui débutent) est programmatique dans le sens où elle partage une véritable vision politique. La métaphore de la société atlante fait évidemment référence aux errements de notre propre époque, et s'il ne mentionne jamais les termes capitalisme, oligarchie ou sécuritarisme, le but étant de travailler par l'exemplarité et de faire une histoire à charge, Steve Orlando ne joue pas forcément au plus fin avec son lecteur. Il a envie d'être assez clair pour que la seconde partie de son message passe.

Car ce qui est important dans ce comics, c'est ce qui va se dérouler une fois que l'on va suivre le révolutionnaire dans sa quête d'un monde meilleur. S'il a quitté le reste de la société atlante, c'est qu'il croit en une société fondée sur le partage, la parole et le respect de toutes les formes de vie. Surtout, il a un discours égalitaire qu'il compte bien défendre. Par la force s'il le faut, et c'est en ça qu'il est un révolutionnaire. Loin d'être un Gandhi à branchies, celui-ci va se lancer dans la quête d'un être qui pourrait tout changer, un homme qui peut respirer aussi bien sous l'eau que sur terre.

Pour illustrer son histoire, Orlando s'est associé à Artyom Trakhanov, dont le style très particulier, tout en traits organiques, couleurs vives et tranchées, mise en page osée, peu dérouter. Pourtant, à mesure que l'on s'y fait, ce dessin venu d'un autre monde est l'écrin parfait (en dehors de certaines mises en scène brouillonnes) à cette histoire pour le moins dépaysante. Une mini-série efficace qui annonce peut-être l'émergence d'un nouveau talent (Steve Orlando a été engagé pour écrire la nouvelle série Midnighter, la récupération se fait vite de nos jours), sûrement d'un nouvel état d'esprit, qui pousse, dans cette conscience collective.

Alfro
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