Si Spider-Man s'est fait un petit nid douillet au cinéma, avec un Amazing Spider-Man 2, qui malgré ce que l'on en pense, fera sans doute un bon score qui ravira les producteurs, les meilleures histoires du Tisseur ne se trouvent définitivement pas sur grand écran, mais bien dans les comics qui l'ont vu naître. Voici un petit tour d'horizon des meilleures histoires du Monte-en-l'air, qui même si une certaine subjectivité à pu s'insérer dans ce classement reste ce qui se fait de mieux sur le personnage.
Sortant d'une longue période sous l'égide de J. Michael Straczynski, le titre de Spider-Man se cherche une nouvelle identité. Pour cela, tout un groupe de scénaristes va s'attacher à donner une nouvelle impulsion aux vilains du Tisseur dans The Gauntlet, dont le Lézard. Ce dernier a toujours hésité entre ses bon et mauvais côtés. Zeb Wells va trancher, en faisant gagner le reptile qui est en lui, si bien qu'il va rentrer dans une nouvelle ère.
Fini les combats gentil contre méchant, on rentre ici dans l'horreur pure, surtout que Wells ne va pas lésiner sur le côté tragique de son histoire. Bien aidé par Chris Bachalo qui livre une prestation de haute volée, où les ombres recèlent des atrocités qui montrent bien que le Docteur Connors a bien laissé sa place à son alter-ego fait d'écailles et de griffes. Terrifiant.
S'il faut chercher un récit fondateur de la mythologie de Spider-Man, c'est cette histoire qu'il faut lire en priorité. Certes, son apparition dans Amazing Fantasy #15 a son importance, posant les jalons d'une histoire qu'on retrouvera dans toutes les itérations suivantes du Tisseur, mais ici, Stan Lee et Steve Ditko vont montrer ce qui fait tout le sel de ce héros, ce qui en fait un personnage à part.
Ainsi, il quitte le lycée pour l'université, y rencontre des personnages aussi importants que Gwen Stacy et Harry Osborn et rentre dans son schéma presque classique. Des problèmes de cœur (ici c'est avec Betty Brant), un courage hors-norme à la limite du sacrifice pour sauver Tante May, un vilain au plan machiavélique et J. Jonah Jameson qui lui cherche des misères alors qu'il fait tout pour sauver les autres.
Ce moment va définir la force de Peter Parker, cette abnégation de soi, ce courage qui transcende ses peurs et limites et un génie créatif de Steve Ditko qui va imprimer dans la rétine un héros qui va devenir le porte-étendard d'un Marvel triomphant et conquérant.
Quand Marvel confie les rênes de la seconde série de Spider-Man à Peter David, ce dernier n'est encore qu'un tout jeune scénariste qui ne s'est pas fait de nom dans l'industrie. Une confiance qui va se révéler gagnante quand David va livrer en quatre numéros une histoire des plus denses et des plus intenses que le Tisseur ait connu. Une histoire où il révèle un nouveau pan de sa personnalité.
Plus sombre, plus violent (c'est ici qu'on trouve les premières pistes qui indique que son costume symbiote n'est peut-être pas si innocent que ça) tout en restant cohérent avec le personnage. Tout y passe dans ces quatre numéros (dessinés par Rich Buckler), de la tragédie, de l'émotion et de la douleur intense, mais aussi une amitié indéfectible qui va se lier entre le Tisseur et Daredevil au point que ces derniers vont se révéler leurs identités secrètes.
Cette histoire est si importante qu'on l'utilise désormais comme indicateur du passage de l'Âge d'Argent, qui a vu naître Marvel et revenir les super-héros au premier plan, à l'Âge de Bronze, où les comics gagneront en maturité et seront moins naïfs. Cette histoire est celle qui fait rentrer Spider-Man et ses potes en collants dans l'ère adulte, où le gentil peut perdre et les innocents mourir.
Certes, d'autres sont morts avec Gwen Stacy, n'oublions pas ce pauvre Oncle Ben. Pourtant, rarement une mort n'aura atteint un tel sentiment d'injustice et de violence. D'ailleurs, plusieurs ont tenté de recréer cet événement, mais sans jamais atteindre le sommet de cruauté que cette épisode narré par Gerry Conway et Gil Kane, qui font preuve d'une telle maestria qu'on ressent la douleur de Peter Parker.
Depuis, on tue à tour de bras et cela revient aussi sec, mais jamais Gwen Stacy ne pourra revenir décemment (non, elle n'a pas vraiment eu d'enfants avec Norman Osborn !), tellement cet épisode est essentiel dans l'existence du Tisseur.
Quand Joe Quesada créé la ligne des Marvel Knights, il demande aux auteurs de donner une nouvelle impulsion aux personnages urbains tout en les redéfinissant pour une nouvelle ère. C'est ainsi que Mark Millar, scénariste qui monte, propose ce run qui va montrer un Spidey nouveau mais qui conserve ses particularités, tout en redéfinissant son univers et les personnages dedans.
Une pure histoire d'action et de rédemption. Voilà ce qui pourrait résumer ce run où Peter Parker va progressivement tout perdre pour remonter et affronter tous ceux qui se dressent sur son chemin. Pas de grandes envolées métaphysiques mais un récit qui permet de voir toute la détermination qui habite le Tisseur.
En plus de cela, le scénariste écossais peut se reposer sur Terry Dodson et Frank Cho qui donnent le meilleur d'eux-même pour offrir une voie royale au personnage qui va se montrer très généreux dans l'effort.
Généralement, quand Spider-Man affronte un de ses ennemis, c'est pour sauver des innocents et ses amis. Ici, son ennemi est aussi son ami. Ce qui va évidemment tout complexifier dans un récit d'une rare intensité. Harry Osborn est le meilleur ami de Peter Parker, mais aussi le fils de son pire ennemi, celui qui a tué son premier amour. Forcément, cela ne pouvait que mal finir quand Harry a décidé de suivre les pas de son père.
Dans un affrontement fratricide, les premières victimes sont ceux qui se trouvent à côté, Mary-Jane et le fils d'Harry ici. Harry dans la folie du Bouffon Vert les oublient et ils vont finir par se retrouver en danger. C'est à partir de là que J.M DeMatteis et Sal Buscema vont construire leur récit de rédemption, quand Harry quittera le chemin funeste tracé par son père.
Le final est d'anthologie et d'une incroyable force émotionnelle, quand les meilleurs amis se retrouveront enfin. Trop tard cependant, mais avec un Harry apaisé et qui aura prouvé que les péchés du père ne sont pas forcément ceux du fils.
Ce qui définit le personnage de Spider-Man, en dehors de ses pouvoirs, de son costume et de son courage à toutes épreuves, c'est aussi son humour et sa capacité à mitrailler des blagues à un débit qui rendrait jaloux Donald Glover (qui aurait bien voulu par ailleurs incarner le héros). Alors quand on enlève ce dernier de l'équation, peut-on encore obtenir une bonne histoire de Spider-Man ?
Faut dire que dans cette histoire écrite par J.M. DeMatteis et dessinée par Mike Zeck, rien n'est épargné à un Spider-Man qui va subir la loi du plus grand chasseur de la Terre, le mégalomaniaque Kraven et être enterré pendant deux semaines sous Terre. De quoi perdre son sens de l'humour, et avoir une irréversible envie de lui faire perdre l'envie de recommencer.
Ce récit très noir, presque dépressif, vaut pourtant surtout pour sa fin. Ou quand un vilain a atteint son but et réalise la futilité de son existence. Reste alors un final d'anthologie qui pourra surprendre par sa morale et son accomplissement. Qui aura de plus des répercussions bien des années plus tard lors de The Gauntlet.
#3 : The Kid (Amazing Spider-Man #248)
Cette histoire n'est pas un single complet, tout juste un back-up. Pourtant en quelques pages, Roger Stern, Ron Frenz et Terry Austin arriveront à mettre à genoux même les plus endurcis des lecteurs qui découvre une histoire qui semble pourtant bien anecdotique au début, ou quand Spider-Man rend visite à l'un de ses plus grands fans.
Un petit garçon qui collectionne les articles du Daily Bugle qui parlent de son héros favori. Pas de grandes batailles à l'horizon donc, pas de plans machiavéliques non plus, ni de fin du monde d'ailleurs. Rien de ce quotidien si terrible pour le Tisseur. Pourtant, cette histoire est bien plus dure que tout ce l'on a pu lire de Spider-Man.
Le twist final, renforcé par l'acte d'une grande générosité de Peter Parker, met à genoux aussi sûrement qu'un coup au plexus. Nombreux sont ceux qui en parlent avec les larmes aux yeux, c'est dire.
Quand J. Michael Straczynski reprend Spider-Man, il n'épargne rien à son lecteur. Il met Mary-Jane bien loin à l'écart, lui change l'origine de ses pouvoirs en invoquant un dieu-araignée et oublie un temps la galerie, pourtant bien fournie, de vilains qui semble toujours accompagner le Tisseur dans ses déplacements. Comble du crime de lèse-majesté, il révèle à Tante May que son neveu est bien le super-héros.
Pourtant, de cet acte va découler toute une conversation où Stracz' va avec beaucoup de virtuosité briser les non-dits entre celle qui a toujours dans la vie de Peter Parker et un héros désarçonné par le poids qui lui disparait des épaules. Cet instant de grâce est d'une justesse qui force l'admiration, où l'émotion est présente sans jamais filer vers le pathos dégoulinant, un grand moment de dialoguiste.
Surtout que dans un même temps, il va avec John Romita Jr. emmener Peter Parker vers des menaces bien moins colorées que d'habitudes. Celles de la misère, de la drogue et de la violence quotidienne. Les deux auteurs vont ouvrir les yeux de leur personnage et lui rendre son surnom de Friendly Neighborhood Spider-Man plus vrai que jamais.
#1 : Spider-Man : Blue
Quand Jeph Loeb et Tim Sale se sont lancés dans l'aventures des Colors, leur but était de saisir l'essence même des personnages qu'ils saisissaient au vol. Pour Spider-Man, le combat entre les buildings ne les intéressaient pas, car depuis la mort de Gwen Stacy, un abcès n'a jamais été crevé, une interrogation qu'aucun scénariste n'a jamais osé se poser.
Qui de Gwen ou de Mary-Jane est le plus grand amour de Peter Parker ? Car avec Spider-Man, on a le cas d'un héros où ses pérégrinations en costume n'ont jamais pris le pas sur sa vie en civile. Finalement, Peter Parker, ça toujours été un gars normal au fond. Bon, il grimpe au mur et peu tordre une barre d'acier à mains nues, mais il reste un gars comme nous.
Un type de son temps qui aura vécu un véritable drame quand son premier amour est morte des mains du père de son meilleur ami (ça on le confesse, ça n'arrive pas à tout le monde). C'est avec un tact et une grande sensibilité que Loeb et Sale vont aborder son histoire dans ce qui restera en définitive le récit qui pourra le mieux définir qui est Peter Parker.
Sortant d'une longue période sous l'égide de J. Michael Straczynski, le titre de Spider-Man se cherche une nouvelle identité. Pour cela, tout un groupe de scénaristes va s'attacher à donner une nouvelle impulsion aux vilains du Tisseur dans The Gauntlet, dont le Lézard. Ce dernier a toujours hésité entre ses bon et mauvais côtés. Zeb Wells va trancher, en faisant gagner le reptile qui est en lui, si bien qu'il va rentrer dans une nouvelle ère.
Fini les combats gentil contre méchant, on rentre ici dans l'horreur pure, surtout que Wells ne va pas lésiner sur le côté tragique de son histoire. Bien aidé par Chris Bachalo qui livre une prestation de haute volée, où les ombres recèlent des atrocités qui montrent bien que le Docteur Connors a bien laissé sa place à son alter-ego fait d'écailles et de griffes. Terrifiant.