Geoff Johns aime les seconds couteaux. Il aime nous prouver que
les losers finis n'existent pas. Il va se faire un plaisir de
continuer à nous le prouver en ramenant Vibe sur les devants de la
scène dès janvier dans les pages de la JLA. Il le fait ici avec Cheetah.
A contrario, le scénariste semble ne pas trop aimer
les personnages déjà charismatiques avant son arrivée. Comment
expliquer autrement un premier arc affligeant autour de Darkseid ?
Depuis la fin de cet arc qui n'avait pour lui que le trait de Jim
Lee, la série n'a cessé de gagner en qualité. Le dernier ennemi
que la ligue a affronté a laissé sa marque. L'équipe est à
genoux. Problèmes de leadership, un membre qui s'est fait la malle,
un autre qui ne sait plus qui il est, la liaison avec le gouvernement
américain qui a changé de visage... Pas de meilleurs moments pour
un ennemi de seconde zone comme Cheetah pour s'attaquer à la
toute-puissante ligue.
Et c'est là que Johns est fort. Sa
Cheetah se fout totalement de la ligue. Elle a des problèmes à
régler avec Wonder Woman et basta. Elle est son ennemie, c'est avec
elle qu'elle a un passif à mettre à plat, les autres ne
l'intéressent pas et n'auraient jamais du se mêler de ses affaires.
Ayant revu la force de la tigresse à la hausse, Johns expédie le
baiser qui avait tant fait parlé il y a deux mois de ça et nous
plonge dans un affrontement tout en tension entre wondie et sa pote
féline quasi d'entrée de jeu. L'occasion pour Tony Daniel de
prouver qu'il ne cesse de s'améliorer et que dans ses meilleurs
jours il n'a pas à pâlir devant le talent de Jim Lee. Le combat
d'ouverture en plein Central Park est le plus intense de la série à
ce jour.
Pour en revenir au fameux baiser, ceux qui
craignaient un basculement de statu quo tout aussi soudain
qu'inexpliqué ne prenant pas en compte les personnalités des deux
protagonistes peuvent se rassurer. Loin de marquer les débuts d'une
idylle absurde, ce baiser se contente pour l'instant de poser les
questions qui dérangent quand deux collègues franchissent le pas au
détriment de la cohésion du reste du groupe. L'histoire entre les
deux va se développer dans le temps et on ne peut qu'en être
satisfait. Si les fans de Diana ne crieront pas non plus au
chef-d'œuvre, ils seront tout de même satisfait de la voir enfin au
centre d'un arc qui s'efforce de coller avec le personnage que l'on
peut suivre dans les pages de son titre éponyme.
Du
côté du reste de l'équipe, si Batman et Aquaman n'ont
manifestement toujours pas trouvé de terrain d'entente quant à la
question de qui va diriger ce groupe de gai lurons à l'avenir, le
départ de Hal Jordan profite à Flash et Cyborg en terme de
profondeur des personnages. N'ayant plus son pote dans les parages,
Barry Allen se rapproche des autres et apprend ici à connaître
Cyborg à travers un dialogue qui poursuit de rendre le héros
mi-homme mi-machine toujours plus intéressant et inquiétant.
Comme toujours, un back-up nous attend en fin de numéro.
Cette fois, pas de Shazam (après un numéro lui étant consacré,
j'en aurais vomi). Au lieu de ça, Jeff Lemire rejoint Geoff Johns
pour donner la part belle à Steve Trevor et la nouvelle star du
petit écran, Green Arrow. Brève introduction au futur Justice
League of America, cette histoire de 6 pages se lit facilement et
pose les prémices du futur de ces deux personnages loin d'être
inintéressants. Au dessin Brad Walker a du mal avec l'archer
vert au niveau anatomie mais offre tout de même une prestation
plaisante à
l'
œil.
Enfin, pour en revenir à Daniel, si
l'artiste est en mesure de livrer des plans épiques, la qualité
dont il sait faire preuve lutte encore pour rester à niveau de bout
en bout. En témoigneront notamment le strabisme occasionnel de Flash
et le plan d'ouverture du numéro peignant une vision pas tout à
fait naturelle du baiser entre Sup' et Wondie. Mais dans l'ensemble,
question fill-in, on aura vu bien pire dans l'industrie...
Justice
League #13 ne marquera pas l'histoire du medium. A priori cet arc
dans son ensemble ne laissera pas forcément une trace des plus
mémorables. Mais est-ce ce qu'on attend de tout bon
comic ? Pas forcément. Dans sa visée divertissante, dans son
intention de nous faire passer un bon moment avec des personnages
qu'on aime voir en difficulté sans trop avoir à réfléchir,
Justice League #13 fait office de lecture des plus plaisantes. Une
qualité pas forcément évidente à trouver dans ce genre de
publication ces temps-ci.