Il serait un doux euphémisme de dire que jusque là Avengers Vs X-Men a été une réussite en demi-teinte. Entre action intense et bourrinage gratuit, idées intéressantes et exécution laissant à désirer, le meilleur et le pire s’enchaînent sans cesse. En revanche, niveau tie-ins, c’est plutôt allé du médiocre au moyen mais jamais mieux. Heureusement New Avengers relève un peu le niveau, surtout avec ce numéro 27, œuvre de Brian Michael Bendis (Ultimate Spider-Man, Daredevil) et Mike Deodato (Dark Avengers).
Au numéro précédent on avait découvert l’existence de Fongji, une rouquine qui par le passé avait été l’hôte du Phénix et avait réussi en en maîtriser l’immense pouvoir. Mais l’autre particularité de Fongji, c’est qu’elle était aussi l’Iron Fist de son époque. On la voyait endosser ce rôle à la fin dudit numéro précédent, juste à temps pour l’arrivée de l’oiseau de feu.
Phénix et Dragon
New Avengers #27 s’ouvre donc sur le face à face entre Fongji (accompagnée de Da Vinci et du Yu Ti de l’époque) et le Phénix, et c’est là qu’on prend une première claque. Cela grâce à un Mike Deodato en forme olympique. Le trait de l’artiste est plus fin et élégant que jamais et le duel entre le dragon représentant l’Iron Fist et le Phénix est tout simplement magnifique. Les mises en pages sont à la fois simples et inspirées, et l’ensemble a un réel souffle épique voire poétique.
Au-delà de cette magnifique séquence, Deodato se surpasse sur l’ensemble du numéro. Il trouve le parfait équilibre entre le style très sombre qui avait fait des merveilles sur Dark Avengers, et celui plus crayonné qu’il avait utilisée récemment. Et ses décors sont à tomber. La cité mystique de Kun Lun n’a jamais été aussi belle, comme en témoigne la scène où Hope et Yu Ti sont assis dans une arrière-cour digne d’une estampe. Les visages sont quant à eux subtilement expressifs et laissent bien transparaître les émotions. C’est particulièrement vrai pour Hope dont on sent à la fois la fougue, l’arrogance parfois, mais surtout la peur qu’elle essaie de dissimuler.
Araignée et Phénix
La rouquine et ses émotions sont d’ailleurs au centre de l’intrigue de ce numéro. Et à l’image de son artiste, Bendis livre un travail superbe sur ces 22 pages. Le scénariste évolue dans le registre où il excelle : celui de la mise en scène des personnages. Ses dialogues sont ciselés à la perfection. Justes, ils dévoilent la psyché des personnages et les rendent attachants, Hope en tête. On la cerne mieux en un numéro que dans la quasi-totalité de ses apparitions précédentes. Et on réalise enfin sa jeunesse.
Les autres personnages présents sont aussi bien servis. Bon, on ne va pas s’étonner que Spider-Man sonne juste, Bendis oblige, mais on appréciera que le énième speech sur son credo pouvoir/responsabilité soit bien amené et bien tourné. La micro relation qu’il développe avec Hope (qu’il doit entrainer, et oui) en quelques pages fonctionne d’ailleurs très bien. Et Yu Ti est parfait, entre puits de sagesse et machine à sarcasme, dans la tradition des films de kung fu. D’ailleurs ce numéro est drôle. Comme le film Avengers ce n’est pas une comédie, mais ça regorge de petites touches d’humour aussi efficaces que bienvenues.
Enfin, pour ce qui est du lien avec AvsX proprement dit, ce numéro pose quelques idées intéressantes sur la manière de contrôler le Phénix. La séquence avec Fongji, notamment, pourrait être plus subtile qu’il n’y paraît. Son final s’avère en tous cas des plus intéressants. Reste à savoir si ces idées seront exploitées par la suite ou si elles resteront lettre morte. Qui lira verra…
Au milieu d’une marée de tie-ins plus ou moins inspirés et justifiés par des impératifs essentiellement commerciaux, New Avengers #27 se détache clairement. Certes il apporte quelques pistes intéressantes et inédites sur le Phénix, mais surtout il est remarquablement bien écrit et dessiné. Les personnages sonnent juste, sont très fouillés en peu de pages. C’est drôle, poignant et même épique à l’occasion. Et c’est un régal pour les yeux grâce à un Deodato des grands jours. Si vous ne devez lire qu’un tie-in, que ce soit celui-là.
