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The Wanderer's Treasures #32, Hellblazer : All His Engines

The Wanderer's Treasures #32, Hellblazer : All His Engines

chronique

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine l’enfer qui décide de s’étendre, un dieu aztèque qui n’aime pas qu’on marche sur ses plates-bandes, le plus bel escroc de tous les comics et même une amourette. Tout ça dans Hellblazer : All His Engines, graphic novel écrite par Mike Carey (Lucifer, The Unwritten, X-Men legacy) et dessinée par Leonardo Manco (Apache Skies, Hellblazer) pour Vertigo en 2005.

Hellblazer c’est l’une des séries Vertigo qui dure depuis le plus longtemps, dont Mike Carey a écrit les numéros 175 à 215. Son statut culte devrait la disqualifier pour cette rubrique, qui privilégie les trésors cachés. Mais si l’ongoing est très connue, il n’en va pas de même pour les diverses graphic novels qui y sont liées comme All His Engines.

Hellblazer All His Engines Comicsblog Critique 

John Constantine, l’anti-héros star de la série, fait partie des personnages les plus fascinants de tout le paysage des comics. Il est magicien, mais surtout roublard, manipulateur, menteur… Et il a tout d’un junkie. Sauf que c’est à la magie qu’il est accroc (et aux cigarettes, mais ça c’est une autre histoire). Il ne peut pas s’empêcher de jouer à l’apprenti sorcier, même si ceux qui l’entourent finissent toujours par en souffrir.

Et la première force de Carey dans All His Engines, c’est d’avoir su saisir la quintessence de John Constantine. Le scénariste réussit à inclure absolument tous les éléments qui rendent le personnages si intéressant dans son récit. Ce qui fait de cette graphic novel le point d’entrée idéal pour qui voudrait faire connaissance avec Constantine.

Tout commence à Londres, quand la petite Tricia tombe inexplicablement dans un profond coma. Or il se trouve que ladite Tricia est la petite fille de Chas Chandler… Dont le meilleur ami n’est autre que John Constantine. Notre magicien/escroc préféré lui promet donc de tirer tout ça au clair. Surtout qu’en fait Tricia est loin d’être la seule victime de ces comas mystérieux : de plus en plus de cas sont recensés à Los Angeles.

C’est donc là que Chas et John vont se rendre, après une visite express et meurtrière chez un médium qui prouve une fois de plus que connaître Constantine nuit gravement à la santé. Et c’est là le récit atteint sa vitesse de croisière et que les idées géniales se succèdent. Hors de question pour moi de déflorer le récit ici, mais on peut quand même dire que tout tourne autour des plans du démon Beroul consistant à installer des « mini enfers » sur terre, des succursales en quelque sorte. Tout ça pour récolter plus d’âmes. Et il veut faire chanter Constantine  pour l’obliger à éliminer la concurrence, les autres démons qui veulent copier son idée.

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Notre anti-héros va donc se retrouver dans une situation quasi impossible. Mais c’est sa spécialité. Il va alors réclamer l’aide de Mictlantecuhtli (Mictlan pour les intimes), divinité des morts Aztèque, et commencer à mettre son plan en place. Un superbe tour de passe-passe, mais qui n’aura pas le résultat escompté. Car la seule chose à laquelle il faut s’attendre dans le récit de Mike Carey, c’est à l’inattendu. Et de ce côté on n’est pas déçu, surtout quand Constantine se retrouve dos au mur. L’astuce finale dont il se sert laisse pantois et résume parfaitement le personnage à elle seule. Un salaud… mais pas tout à fait. Et quel charisme !

La maîtrise absolue des personnages est donc l’un des points forts d’All His Engines, et ça vaut pour tous. Chas est profondément humain, un gars normal largué dans une situation aussi dangereuse qu’improbable, un mec bien qui va essayer de faire ce qu’il peut. Mais avec ses faiblesses. Dont la principale est une jolie latina du nom de Melosa. Personnage plus secondaire, celle-ci a néanmoins son importance et son amourette adultère avec Chas s’avère très touchante. Et si la demoiselle est une dure à cuire, elle reste à 100 lieues des clichés des bad girls. Beroul est un méchant magnifique, retors, pervers, menteur et tricheur. Presque autant que Constantine. Et Mictlan, en dieu déchu trop fier pour abandonner, est superbe.

Les dialogues de Carey sont d’une justesse absolue. Constantine est cinglant, cynique, drôle même. Mais sans jamais tomber dans la caricature, chaque réplique paraissant on ne peut plus naturelle. Pour un personnage qui compte plus sur son bagout que sur sa puissance, c’est très appréciable. Chas, dans un registre très différent, bénéficie aussi du talent de l’auteur. Et bravo à Carey pour s’être donné la peine de faire parler les latinos de LA en espagnol. Enfin on le saluera aussi pour avoir su incorporer des éléments d’horreur pure (on parle démons et dieu des mort quand même) sans jamais être complaisant.

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Ce dernier point est en grande partie à mettre aussi au crédit de Leonardo Manco. L’Argentin livre peut être avec All His Engines la meilleure performance de sa carrière. Son story-telling est absolument impeccable. C’est toujours parfaitement lisible, et les mises en pages sont à la fois dynamique et originales (oubliez le classique gaufrier ou les plans cinémascope ad nauseam). Les flashbacks sur la jeunesse de John en sont un bel exemple. De même que les passages où la magie opère. Et les rares scènes d’action sont du même niveau.

Le trait est absolument à tomber par terre. C’est comme si la finesse et le sens du détail de Tim Bradstreet (cover artist du Punisher d’Ennis ou de Jennifer Blood) rencontraient le grain particulier des œuvres de Richard Corben (Banner, Hellboy, Ragemoor). Les ombres sont parfaitement gérées et utilisées, servant l’atmosphère du récit. Et les designs des créatures sont brillants, à commencer par Mictlan, d’une classe imparable. Enfin les visages sont on ne peut plus expressifs, qu’il s’agisse de l’air arrogant ou méprisant de John, ou coupable et un peu paumé de Chas.

Bref, All His Engines est la quintessence d’une histoire de Constantine. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Neil Gaiman. John Constantine y est magnifique : cynique, manipulateur, rusé, et finalement bien intentionné. Un mélange détonnant. L’histoire elle-même est prenante et contient nombre de rebondissements ainsi que de personnages intéressants et charismatiques. Les dessins de Leonardo Manco enfin sont juste parfaits. On comprend aisément pourquoi Mike Carey classe cet ouvrage parmi ceux dont il est le plus fier, comme il nous l’a confié dans une interview que vous découvrirez bientôt (teasing…).

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Jeffzewanderer
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