Même s'il a clairement du mal avec AvX, Jason Aaron a
de grands projets pour son Hulk et les livre avec un peu plus de brio
à chaque épisode. Après un 7.1 indispensable, l'auteur de Wolverine and the X-Men lance l'arc vers lequel sa série se dirige
depuis le premier numéro : Stay Angry. Une saga aux prémisses
aussi simples que son histoire s'avère surprenante et totalement fun !
«When in doubt, Smash"
Le début du run de Aaron s'était fait remarqué par
la volonté de l'auteur de se couper de tout ce qui avait été fait
avant. Une décision que certains fans de longue date ont
certainement eu du mal à accuser mais qui donne indéniablement une
saveur particulière à la série. Après un arc plein de savants
fous et de créatures stéroïdées en tout genre, celui qui a quitté Wolverine il y a peu part d'une base on ne peut plus simple pour la
suite des aventures du géant de jade. Banner est le fardeau de Hulk
et non l'inverse. Si le monstre laisse le scientifique maigrelet qui
a perdu la raison reprendre le dessus, il n'a aucun moyen de prédire
quels maux ce dernier peut faire s'abattre sur le monde. Goliath et
gentil, David méchant. Hyde sain d'esprit, Jekyll complètement
barge.
Certes, il n'aura pas fallu un génie pour penser se
retournement de situation. Il en faut pourtant bien un pour l'exécuter
comme Aaron. La narration est brillante. On suit un Hulk complètement
à la ramasse qui se réveille en pleine situation incongrue après
chaque prise de contrôle de Banner qu'il essaie tant bien que mal
d'éviter en restant en colère (d'où le titre). Très vite la brute
comprend qu'elle va devoir utiliser son cerveau si elle veut mettre
en échec son alter-égo. C'est pas gagné.
«What the hell is going on ?»
Tout l'humour de la situation repose sur le fait que
l'histoire est narrée à travers le regard d'un Hulk totalement
désemparé. On s'amuse autant des recours auxquels il fait appel
pour rester enragé que des situations dans lesquelles il se trouve
lorsqu'il n'y parvient pas. Plus que jamais Banner et Hulk sont deux
personnages bien distincts. Banner effraie par son intellect comme il
n'a jamais su le faire et Hulk s'en retrouve presque humain.
Un autre élément caractéristique de Stay Angry est la ribambelle de guests auxquels Aaron compte faire appel. Le Punisher ouvre le bal. Rien de plus logique avec l'ancienne équipe créative du Punisher Max aux commandes. Aaron aurait ainsi pu tomber dans la facilité et na pas tenir compte de l'actualité du personnage pour l'écrire comme il l'a déjà fait. Au lieu de ça, c'est bel et bien le Frank Castle de Greg Rucka que le lecteur retrouve. Silencieux à souhait, l'homme à la gâchette la plus facile de l'univers Marvel se retrouve plongé dans une histoire de plus déconcertantes et tente aussi bien que possible de composer avec. Un régal.
Enfin, la dernière particularité de Stay Angry réside
dans le ballet des dessinateurs qui vont se succéder à chaque
épisode. C'est donc l'ancien partenaire de Aaron, Steve Dillon, que
l'on retrouve sur la ligne de départ. Le dessinateur a clairement
son lot de détracteurs et ce non sans raison. Son style particulier
ne s'adapte pas à tout les genres. Dire que la science-fiction n'est
pas sa tasse de thé doit relever de l'euphémisme... Et pourtant. Et
pourtant le Britannique ne s'en sort pas si mal que ça. Son trait
renforce le côté humain que le scénariste cherche à insuffler
dans le monstre. Son Punisher ne choque pas, il sait le dessiner. Les
« méchants » sont aussi loufoques que le scénario le
voudrait. On n'en commanderait pas non plus pour dix numéros, mais
le temps d'un épisode Dillon parvient à convaincre.
Hulk #8 est un parfait point d'entrée (comme c'est le cas dans de nombreux titres ces temps-ci d'ailleurs...) dans l'univers du géant vert. Changement de paradigme parfaitement introduit, ce premier épisode de ce qui s'annonce comme un arc qui fera parler a tout pour plaire. Enigmes, humour, violence, personnages déjantés et décors aussi hétérogènes que singuliers : rien ne manque pour qui cherche un moment de détente pas totalement décérébré non plus. Conseillé à tous ceux qui ont aimé Wolverine and the X-Men pré-AvX !