Regenesis continue de s’imposer aux divers titres X de Marvel, souvent pour le meilleur. Cette fois c’est au tour d’X-Men, la petite dernière des séries consacrées aux mutants, d’entrer dans la nouvelle ère, sous l’égide de Victor Gischler (Deadpool : Merc With A Mouth) et Will Conrad (Secret Avengers). Et a priori ça s’annonce plutôt réussi.
Le principal problème d’X-Men, c’est que la série a toujours eu un peu de mal à trouver sa voix. Ou plus exactement à la faire entendre. En effet, après un arc inaugural consacré aux vampires, le titre était devenu un team-up book super-héroïque où on croisait Spider-Man ou encore la Future Foundation. Et du coup on avait un peu de mal à trouver une cohérence thématique. S’ajoutait à cela le fait que Victor Gischler n’avait pas droit à son roster spécifique et empruntait ses personnages aux autres titres X-Men. Mais avec X-Men #20 et 21, tout ça change. Un peu.
Déjà, on le sait depuis que l’organigramme d’Utopia a été dévoilé, il y aura un roster fixe. Domino, Psylocke, Warpath et Jubilee seront les stars de ce titre. C’est attrayant a priori mais en pratique ça s’annonce mal car Storm et Colossus sont aussi présents pour ce premier arc post-Schism et volent la vedette à ceux qui devaient être les tauliers (seule Domino fait de la résistance). Alors si la maîtresse des éléments et le Russe en acier sont intégrés définitivement à l’équipe, rien à redire. Surtout que le scénariste les maîtrise plutôt bien (Colossus est cependant un chouia trop chambreur). Mais si ce sont des guests ils sont trop mis en valeur au détriment des « titulaires ».
Par contre il semblerait que la série ait trouvé son créneau en se positionnant comme un titre du style thriller/espionnage/action. Les X-Men doivent enquêter sur du trafic d’armes international. Mais pas n’importe quelles armes puisqu’il s’agit de Sentinelles. Là où Gischler a une bonne idée, ce que l’histoire ne tourne pas autour d’une énième tentative de génocide mutant. Il s’agit en fait d’un conflit territorial en Europe centrale, avec le Puternicstan (une région de la Symkary, pays fictif dont est issue Silver Sable) qui veut se doter d’une force militaire. Le résultat est une histoire assez sombre, à l’ambiance réussie. On regrettera juste que toutes les missions d’infiltration des X-Men tournent à la bagarre au bout de 5 minutes. Une fois de temps en temps ils pourraient faire un effort pour être discrets.
L’intrigue est donc accrocheuse,
à tel point qu’on en oublierait presque qu’on est encore face à un team-up. War Machine joue en effet les guest
stars, et s’intègre parfaitement à la trame narrative. La seule fausse note
c’est l’inévitable bagarre entre héros avant de réaliser qu’ils feraient mieux
de coopérer, recette éculée et surtout mal mise en œuvre (on ne voit pas
pourquoi War Machine colle une beigne à Colossus).
Au niveau du dessin, en revanche, rien à redire. C’est tout simplement parfait. Will Conrad a un style fin, réaliste et détaillé qui rappelle Mike Deodato (New Avengers, Thunderbolts) période Dark Avengers (avec des ombres un peu moins présentes tout de même). Tous les personnages sont réussis (mention spéciale à Domino et Storm) et les mises en pages sont dynamiques à souhait, surtout pendant les (nombreuses) scènes d’action. Il y a même une ou deux trouvailles (les cases façon pellicule photo quand Domino joue les espionnes). Les couleurs sombres de Chris Sotomayor parachèvent l’ensemble et servent à merveille l’atmosphère du récit. Le seul tout petit bémol c’est qu’au milieu de tant de réalisme, les sentinelles font un peu kitch. Alors certes on ne va pas les relooker façon Gundam, mais elles ont quand même pris un petit coup de vieux. Enfin, on ne touche pas aux classiques je suppose…
Cette version Regenesis d’X-Men convainc donc globalement pour ses débuts. L’intrigue est solide l’atmosphère efficace. Les dessins sont quant à eux superbes. Il y a certes quelques petites maladresses en termes d’écriture, mais rien de désastreux. En fait c’est plus pour l’avenir qu’on peut avoir des craintes. Si la série reste sur le créneau thriller/espionnage et se recentre sur son roster récurrent, elle a de beaux jours devant elle. Mais si elle recommence à s’éparpiller entre guest stars et récit aux ambiances trop diverses, Regenesis aura été un coup d’épée dans l’eau. Time will tell…
Les plus : Un bon thriller d’espionnage
Des dessins magnifiques
Un bon team-up
Unroster intéressant…
Les moins : … mais sous exploité
Ils sont dans l’équipe Storm et Colossus ou pas ?
C’est encore un team-up
Quelques maladresses d’écriture
Notes
Scénario : 3,5/5
Dessin : 4/5
Globale : 3,5/5
