Il faut être honnête, quand on évoque les super-vilains, on pense surtout à eux pour mettre en valeur leurs adversaires héroïques. Et quoi de mieux comme faire-valoir qu'un psychopathe ayant des désirs d'hégémonie? Ainsi, on évoque souvent Magnéto, Dr Fatalis ou Crâne Rouge, et leurs plans de conquête du monde à la hauteur de leur ego démesuré. Pourtant, il existe toute une galerie de personnages dont le seul désir est de s'assurer une rente confortable, certes au mépris de la loi, et qui sont des sparring-partners réguliers aux super-héros. Dans ce sens, qui de mieux que l'Homme Absorbant? Lui qui n'avait pas les épaules pour devenir plus qu'une petite frappe et qui se retrouve doté d'un pouvoir incommensurable par la faute de la malice d'un dieu malfaisant. Penchons-nous sur ce personnage qui depuis des décennies fracasse les pages des publications Marvel.
Un jouet entre les mains des dieux
Carl Creel, dit "le Ravageur", est une autre des créations de Stan Lee et Jack Kirby (et oui, encore une). Son apparition résulte du désir de fournir à Thor une galerie de vilains, et c'est ainsi qu'il 
apparaît en 1965 dans les pages de Journey into Mystery #114, la revue consacré au dieu nordique. Sa conception est on ne peut plus simple, mais efficace. Carl est ce que l'on appelle une petite frappe, un gangster qui passe autant de temps en prison qu'à l'extérieur. Et c'est derrière les barreaux que son destin va changer quand Loki décide de lui conférer un pouvoir immense. Pendant le Silver Age, il est intéressant de noter que le Dieu de la Malice est un véritable catalyseur, puisqu'il créera de nombreux vilains, tels que les Démolisseurs, et provoquera la création des Vengeurs. Ainsi, par une ruse, Loki verse dans le breuvage de Carl Creel, une potion qui va lui conférer un pouvoir immense, celui d'absorber les propriétés des éléments qu'il touche. Graphiquement, Kirby aussi va à l'essentiel, puisque c'est en habit de bagnard qu'il va passer sa carrière de super-criminel, avec pantalon rayé et boulet (qui possède les mêmes propriétés d'absorption que son propriétaire). On voit ainsi dans sa genèse qu'il est définit comme un personnage direct et sans fioritures, brutal en fait. Et cette brutalité sera à la fois sa force mais sa faiblesse, car dès son premier affrontement avec le Dieu de la Foudre, il réussi à le mettre en difficulté grâce à son pouvoir qui le rend extrêmement puissant. Mais la mascotte des shampoings pour cheveux blonds comprend comment fonctionne les pouvoirs de son adversaire et le transforme en hélium pour ensuite l'expédier dans l'espace. Sans rien n'y comprendre, l'Homme Absorbant se retrouve dans le froid spatial, incapable de voir où il a échoué. Qu'à cela ne tienne, son créateur Loki reprend les choses en mains et va le ramener sur la terre ferme, et plus précisément à Asgard. Il lui demande de s'emparer du Sceptre de Pouvoir d'Odin pour qu'il lui remette (à l'époque le dieu cornu était bien moins subtil qu'à présent). Le mortel s'en tire bien contre les légions asgardiennes, et après avoir absorbé les propriétés de la cité d'Asgard elle-même, il triomphe du tout-puissant Odin, puis s'empare de son sceptre. Et là, sa nature de petite frappe ressurgit, puisqu'il décide de garder son trophée pour lui-même. Mais il va encore une fois se retrouver dupé (cela deviendra une habitude), puisqu'il va apparaître que le pouvoir d'Odin n'a rien à voir avec le sceptre, et cette bévue va lui causer un grand tort, car le dieu borgne le réexpédie manu militari dans le vide interstellaire.
Faut cogner dur!
Ce n'est qu'en 1970 qu'on le reverra, dans les pages d'Incredible Hulk. Il revient sur Terre en s'accrochant à la queue d'une comète (quoi, vous n'avez jamais fait du rodéo à dos de comète vous?), et manque de chance, il tombe nez à nez avec Hulk. Un combat s'ensuit, et forcément l'Homme Absorbant le perd. Durant toutes les années 70, il aura l'occasion d'affronter toutes sortes 
de héros, des Vengeurs à Dazzler, en passant par Spider-Man, Thor ou Daredevil, finissant irrémédiablement débouté et sonné. Il aura alors le désir de cesser de servir de punching-ball aux encapés, et se retire alors sur l'île de Pâques pour y trouver un peu de tranquillité. Mais même là, il se retrouve prit dans un combat titanesque, car Hulk passant par là (ben oui, forcément) le réduit une nouvelle fois en bouillie. Mais le vent va finir par tourner pour Creel, et ce durant l'un des premiers méga crossovers de l'histoire des comics, Secret Wars. En 1984, cette maxi-série écrite par Jim Shooter et illustrée par Mike Zeck et Bob Layton narre les aventures de plusieurs super-héros et super-vilains sur une planète lointaine après avoir été enlevés par une entité surpuissante appelée le Beyonder. L'Homme Absorbant en fait partie, et se démènera à côté du Dr Fatalis. Mais c'est surtout là qu'il rencontre l'amour (oui oui, celui écrit en lettres roses avec pleins de petits coeurs flottant à côté) en la personne de Titania, femme chétive transformée en engin de démolition vivant par le dirigeant de la Latvérie. Les scénaristes donnent enfin de l'épaisseur au personnage, puisqu'une fois rentré sur Terre, sa relation avec Titania le pousse à éviter les conflits inconsidérés dans lesquels il se jetait sans cesse. Malheureusement, sa douce et tendre (euh, pas si douce et tendre que cela tout bien considéré) voue une haine féroce à l'égard de Miss Hulk, et souhaite se venger d'elle, entraînant son compagnon dans ses aventures. De plus, enivrée par le pouvoir, elle les pousse à rejoindre les Maîtres du Mal que vient de reformer le Baron Zemo, et revirement de situation, ils parviennent à saccager le manoir des Vengeurs. Après cette victoire, ils convolent en justes noces, se retirant du circuit des combats titanesques pour commettre seulement quelques hold-ups. L'Homme Absorbant a tellement changé, qu'il noue presque des liens d'amitié avec Thor (la version Eric Masterson), lorsque Loki, pour se venger de son molosse qui a rongé sa laisse, fait croire que Titania est atteinte d'un cancer incurable. Après ces événements, Creel a dévoilé une part d'humanité et de compassion qui le mène petit à petit vers la rédemption. Il ira même jusqu'à se déguiser en super-héros pour participer au programme Thunderbolts.
Roots, Bloody Roots !
Cependant, un constat se fait au début des années 2000, les méchants de la première heure sont soient devenus des maîtres du monde en puissance, soient morts. Alors en conséquence, les 
scénaristes ramènent Carl Creel sur le chemin houleux du crime. Car il faut bien le reconnaître, un vilain qui sert à se faire taper dessus, mais qui représente tout de même une réelle menace tant son pouvoir est important, cela ne court plus les rues. Ainsi, on le revoit affronter différents héros, allant de nouveau affronter Hulk par exemple. A cette occasion, il acquiert même le pouvoir d'absorber les esprits, mais cela sera vite oublier dans les histoires suivantes, cette capacité le rendant un tantinet trop puissant, et collant trop peu avec le personnage. Durant les événements de Civil War, il subit la force de Sentry, car en tentant d'absorber son pouvoir, l'Homme Absorbant finit par imploser, la puissance d'un million de soleils, c'est un peu trop pour lui. Il n'est cependant pas mort, et réapparaît peu longtemps après ça. Et dans un cycle sans fin, il affronte aux côtés de sa chère femme sa perpétuelle némésis, She-Hulk. Et de nouveau, il subit une défaite. De même, lorsqu'il rejoint la nouvelle version de la Lethal Legion formée par le Moissonneur, il se fait rouler et finit encore une fois derrière les barreaux. On le verra même absorber les pouvoirs du Cube Cosmique, mais même cela ne suffit pas à lui donner la victoire, car il est une nouvelle fois manipulé par Loki, qui fournit une épée magique à Norman Osborn qui le met hors-jeu. Récemment, on l'a vu dans Secret Warriors, où l'on apprend qu'il est le père de Muraille, dans X-Factor, où il engage l'équipe de détectives pour les mener dans un piège, ou dans Age of Heroes, qui le voit se faire battre par les coordinatrices du S.HI.I.E.L.D., alors qu'il tentait d'attaquer la Tour des Vengeurs. Alors, parviendra-t'il un jour à être autre chose qu'un loser, ou bien cela ne l'intéresse pas plus que ça, du moment qu'il est au côté de Titania?
Top 5 des histoires relatives au personnage
-Journey into Mystery #114 (1965): Apparition fracassante de l'Homme Absorbant
-Marvel Super Heroes: Secret Wars (1984): Il participe à une bataille homérique et y rencontre l'amour
-Avengers #270 (1986): Il rêve de grandeur et rejoint les Maîtres du Mal
-Thor (vol.2) #27 (2000): Erik Larsen dessine l'affrontement de deux hommes protégeant les élues de leur coeur: Jane Foster et Titania
-Daredevil: Yellow #1 (2001): Avant de devenir un super-vilain, Creel a été un boxeur et a affronté Battlin' Jack Murdock
