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Hit-Girl en Colombie : l'ultra-violence, ça a du bon

Hit-Girl en Colombie : l'ultra-violence, ça a du bon

ReviewPanini
On a aimé• Rentre dedans et sans concessions
• Une lecture très énervée
• Le dessin cartoonesque de Ricardo Lopez Ortiz
On a moins aimé• Un poil immature
• Un trait par moments trop déformé
Notre note

En parallèle de la publication du premier tome de Kick-Ass : the New Girl, Panini Comics propose également dans sa collection 100% Fusion le premier tome de la nouvelle série Hit-Girl, que Mark Millar relançait également en début d'année pour fêter les dix ans de l'existence du personnage, amené dans le tout premier volume de Kick-Ass. Et si pour cette dernière reprise, il est question de changement de la personne sous le costume, on reprend ici les aventures de Mindy, partie dans un tour du monde de fou furieux. Première étape : la Colombie et ses cartels de la drogue ultra-violents.

On peut voir dans l'idée du tour du monde de Hit-Girl une envie du scénariste d'aborder des faits de société, le pays étant notoirement connu pour un taux de criminalité élevé, et la brutalité des règlements de compte entre bandes opposées. Mais Mark Millar s'en sert plutôt de prétexte pour proposer une sorte de catharsis où l'ultra violence est simplement l'illustration d'un violent défouloir, et une façon pour une Mindy franchement psychopathe de laisser aller une certaine forme de frustration de ne plus avoir un Kick-Ass pour l'accompagner (et par ailleurs, pour la canalyser). Très tôt dans le volume, on s'aperçoit en effet qu'il sera impossible pour la jeune fille de former un remplaçant efficace à Dave Lizewski. C'est donc un criminel qu'elle ira recruter, par la force des choses, pour l'obliger à exercer sa vendetta, dans une overdose de sang et de tripailles sans limites.


Dans un allié aussi redoutable que l'alliance n'est que temporaire, Millar arrive à instaurer une certaine tension, les retournements de veste étant attendus à chaque page ou chaque fin de chapitre. Hit-Girl en Colombie ne lésine pas ses efforts pour multiplier les scènes d'affrontements armés, dans un enchaînement de "niveaux" et des cibles de plus en plus haut placées, avec une certaine imagination au niveau des armes déployées. Le duo que forme Mindy McReady avec Fabio Mendoza fonctionne bien, et pour ceux qui recherchent une forme d'exutoire par l'ultra-violence, ce premier tome a quelque chose d'assez jubilatoire, comme une série B qui s'assume de bout en bout, malgré un certain degré d'immaturité.

Amoral, le récit n'hésite en effet pas non plus à quelques raccourcis de caractérisation et quelques invraisemblances - à moins que ce ne soit seulement le propos de Millar vis à vis de la violence armée qui soit un peu flou à comprendre. Ici, la fin semble justifier les moyens, aussi odieux soient-ils. Si d'un côté, un bon défouloir gore - et fun, ne nous en cachons pas - peut suffire, on a aussi l'impression d'avoir une BD qui ne répond qu'à un prétexte, aligner le plus de morts possibles. A cela, les attentes de chacun seront comblées ou non. Reste que l'exécution est convaincante et notamment avec le dessin de Ricardo Lopez Ortiz.


En effet, pour ne pas prendre trop au sérieux toute cette brutalité, le style cartoonesque d'Ortiz est parfait pour apporter une touche d'exagération bienvenue pour ne pas trop basculer dans le sordide. Très graphique, la violence en devient drôle, certaines armes permettant des explosions visuelles qui participent de l'ambiance délirante. 

Le dessin rappelle d'ailleurs celui de Riley Rossmo, à ceci près que le trait est plus ample, le découpage étant assez large, et que la déformation des personnages ne fait pas toujours du bien aux planches. Par moments, que l'artiste soit allé trop vite ou que son trait soit resté moins vif, les visages deviennent plutôt laids, le dessin moins précis, et c'est l'ensemble qui en pâtit. Le dessin apporte néanmoins cette touche indispensable pour apprécier Hit-Girl en Colombie à sa valeur cathartique, le gore cartoon fonctionnant très bien.


Avec Hit-Girl en Colombie, Mark Millar propose un immense jeu de massacre sans grande profondeur, qui contraste avec le contexte assez sérieux de la nouvelle série Kick-Ass. Servi par une approche cartoonesque en totale adéquation avec le scénario, ce déluge d'ultra-violence permet d'obtenir ce qu'on appellera un bon divertissement - bien qu'après-coup, on pourra bien se demander si au fond, le scénariste n'a pas simplement illustré une petit colère passagère. Comme pour Kick-Ass par ailleurs, c'est sur sa suite que les enjeux sont plus haut, puisque le bébé sera laissé à une toute autre équipe créative : Jeff Lemire et Eduardo Risso. 

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Arno Kikoo
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