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Strayer #1, la review

Strayer #1, la review

ReviewIndé
On a aimé• Un monde que l'on veut explorer
• Une quête comme on les aime
• Un humour qui fait mouche
On a moins aimé• Le dessin pas toujours très juste
Notre note

Aftershock Comics entend bien faire un gros coup sur le marché des comics en arrivant avec un catalogue déjà très solide. Mais si ce nouvel éditeur qui s'inspire du modèle d'Image Comics s'est appuyé sur des auteurs déjà bien reconnus comme Brian Azzarello ou Garth Ennis, ils n'ont pas pour autant négligé les talents les plus prometteurs, et ont donc confié une série à l'étoile montante des comics : Justin Jordan.

"This is not the world we deserve."

Justin Jordan est un auteur qui a clairement décidé de ne pas se laisser enfermer dans un genre, virevoltant d'éditeur en éditeur avec des concepts tous aussi différents les uns que les autres. De la révolte adolescente et sanglante de Luther Strode au polar complotiste de John Flood en passant par le western moderne de Dead Body Road, le scénariste a l'imposante barbe (depuis que Jason Aaron a tout coupé, fallait bien quelqu'un pour prendre la relève) s'amuse en s'essayant à tout ce qui lui plaît. Pour Aftershock, il nous surprend encore, avec une épopée post-apocalyptique, qui emprunte autant à la fantasy, au western qu'aux histoires de Kaijus. Un joyeux bazar que Jordan va faire tenir ensemble en un résultat qui est non seulement cohérent, mais aussi carrément jouissif pour le lecteur. L'écrivain américain a décidé de faire un récit d'action fun et survitaminé avec des emprunts à tous les genres des cultures de l'imaginaire qu'il aime. Et le pire, c'est que cela tient étrangement debout.

C'est une performance de virtuose à laquelle on assiste donc là, puisque ce comics est clairement un exercice de style d'hybridation des genres. Pourtant, Jordan ne va pas oublier de livrer avant tout une histoire à même d'être suivie, qui doit captiver son lecteur. Nous allons donc dans ce premier numéro rencontrer le fameux Strayer, héros qui n'est pas sans nous rappeler les fameux barbares des RPG de notre enfance, baraque, bourru et doté d'un humour à froid sans pareil. Quand il ne s'assoit pas au bar d'un saloon pour écluser un verre, le Strayer chasse les Titans. Ces gigantesques bestioles semblent tout droit sorti d'un livre de monstres de Donjons et Dragons, avant que l'on ne se rende compte, avec une jolie astuce de narration, qu'il s'agirait en fait plutôt d'autre chose... On comprend ainsi que Justin Jordan va passer son temps à nous prendre à contrepied, à détourner un trope évident de la culture pop vers un autre bien connu aussi.

"But Strayer can kill all of those !"

S'il joue habilement avec les codes de différents genres, Justin Jordan procède de la même façon narrativement. Après un plan voix-off où on nous explique que l'Apocalypse a détruit notre monde, ce premier épisode s'ouvre sur une scène de saloon des plus classiques, avec bières, crachats et baston. Une atmosphère de western qui est en fait la mise en place d'une quête épique que n'aurait pas renié Joseph Campbell. A partir du moment où Strayer va rencontrer cette étrange sorcière qui va le contraindre à le suivre dans sa mission pour sauver le monde, tous nos voyants de lecteurs de récits héroïques vont se mettre à s'affoler. Ce premier numéro est clairement celui de "l'appel du héros", et il le fait avec rythme, humour et un chapelet de bonnes idées.

Difficile de vraiment juger où l'on va avec cette histoire, puisque nous en sommes encore qu'à l'élément perturbateur, même si l'on se doute que la quête suivra dès le mois prochain, pourtant il y a déjà la conviction qu'on ne va pas s'ennuyer. Avec en plus, l'appui du dessinateur Juan Gedeon, visiblement plus à l'aise ici, où il doit laisser son imaginaire tourner à plein régime, que sur la mini-série Ghost Racers qui était de toute façon décevante. Son style très graphique se fond parfaitement dans la narration de cette histoire et son trait qui emprunte autant au manga qu'au comics et à la BD européenne se fond à merveille dans ce scénario qui lui aussi emprunte ses influences un peu partout. Il prend aussi visiblement un malin plaisir à donner vie à ces personnages pour le moins uniques. Et puis, un combat entre ce qui ressemble à un esprit sylvain de Princesse Mononoké géant (mécanique et qui crache de la lave en plus) et un barbu balèze qui se bat avec des lames qui changent de forme à l'envie, pour un dessinateur c'est un peu un life achievement.

Justin Jordan ne cesse de changer de style, de genre et de ton dans ses histoires, mais il reste constant dans l'incroyable qualité de ce qu'il nous propose. Toujours pourtant, on retrouve une bonne couche d'humour et une science pour gérer le rythme de ses comics, qui rend ses histoires extrêmement prenantes et passionnantes à suivre. Avec Strayer, il ne déroge pas à la règle et se permet même de créer un monde qui semble d'une grande richesse et que l'on a forcément envie de découvrir un peu plus.

Alfro
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