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Daredevil #1, la review

Daredevil #1, la review

ReviewMarvel
On a aimé• Daredevil de retour à New York
• Une belle proposition graphique de Ron Garney
• Un nouveau départ pour DD...
On a moins aimé• ...qui ressemble à un retour en arrière
• Beaucoup de facilités d'écriture
Notre note

Daredevil est l'un de ces personnages qui ont l'habitude de voir les auteurs rester sur sa série, avec une histoire éditoriale qui peut presque se découper en ères, de Gene Colan à Mark Waid dernièrement, en passant par Frank Miller et/ou Ann Nocenti, Brian Bendis et/ou Ed Brubaker. C'est donc l'un des rares titres dont le changement d'équipe créative reste un petit événement. Sur lequel il veut mieux ne pas se planter d'ailleurs, Andy Diggle pourra le confirmer, lui dont la carrière a largement pâti d'un mauvais run sur le justicier d'Hell's Kitchen. Un défi de taille donc pour les deux nouveaux auteurs chargés du destin de l'Homme Sans Peur.

"I am Daredevil."

Charles Soule était avocat avant de rentrer dans le monde des comics, une expérience qu'il avait déjà mise à profit alors qu'il écrivait She-Hulk. Quoi de plus logique alors que de lui demander de prendre la suite de Mark Waid pour relancer, au sein de ce nouveau relaunch, cette série qui traverse les changements éditoriaux de Marvel sans en être plus troublée que ça. Et si l'on pouvait s'attendre à ce que le scénariste nous montre le justicier sous l'angle procédurier de son métier civil, dès l'introduction de ce numéro, et sûrement à dessein, il nous prend à contrepied. Amateur des débuts in medias res, Soule commence par nous montrer le virevoltant héros en train de briser quelques nez et quelques côtes à des membres d'un gang qu'il nous reste encore à découvrir. Mais déjà, une première information cruciale nous est donnée, Soule suivra bien plus l'héritage de Brian Bendis et Ed Brubaker que celui de Mark Waid.


Finis les combats colorés contre des super-vilains tout aussi hauts en couleurs, Daredevil retourne dans la rue pour se la coller avec des petites raclures, du gang pas fréquentable, le crime rampant. Et pour bien marquer la rupture avec Waid, Matt Murdock est de retour à New York et il a laissé les bonnes blagues à San Francisco. Le voilà redevenu aussi sérieux qu'une pierre tombale, aussi joyeux qu'une ruelle crasseuse de son quartier. La parenthèse enchantée est bouclée, en témoigne le dialogue sous haute tension qu'il partage avec l'inévitable Foggy Nelson, avec qui il partage une relation pour le moins électrique. Ne prenant pas la peine de statuer pourquoi Daredevil en est revenu à cet état d'esprit, Charles Soule ne nous surprend pourtant pas tellement, puisqu'on a vraiment l'impression de retrouver ce vieil ami un peu aigri, morose mais que l'on aime comme ça. D'ailleurs, histoire de bien enterrer pour de bon le run de Mark Waid, les gens ignorent à nouveau l'identité civile de l'Homme Sans Peur. Il est désormais sans doute le héros qui aura le plus voyagé entre le total anonymat et les feux des projecteurs.

"I'm not afraid."

Si Charles Soule fait tout pour marquer la rupture avec le run précédent, il n'est pas le seul puisque Ron Garney, dessinateur polymorphe par excellence, va lui aussi à l'encontre du style de son prédécesseur, Chris Samnee. Ce dernier rendait un hommage vibrant aux dessins pleins et clairs des années 70, Gene Colan en tête. Ici, et cela saute aux yeux dès que l'on ouvre le numéro, le contrepied est total. Le trait est tracé au scalpel, dur et efficace, les ombres envahissent chaque case et la palette de couleurs de Matt Milla est volontairement très restreinte, s'appuyant principalement sur un dégradé de gris et de rouges sombres. Même le costume change, puisqu'il est plus noir que rouge. Une influence de la série de Netflix ? Sans doute, mais ce qui est sûr c'est que cela renforce ce retour de Daredevil en héros ombrageux.

Pourtant, les deux auteurs ne sont pas uniquement dans la rupture, ils arrivent quand même à proposer des éléments nouveaux bien à eux. Ainsi, Matt passe de l'autre côté de la salle de procès, puisqu'il fait désormais partie du bureau du procureur. Un choix qui pourrait paraître logique, Murdock défendant les victimes, mais presque trop facile, trop évident. Autre nouveauté, outre ce chef de gang que l'on sera amené à découvrir plus avant, le sidekick. Si l'on ignore qui est vraiment ce Blindspot, on peut déplorer la facilité de donner à Daredevil un partenaire qui a la capacité de se rendre invisible et qui est donc visible par son prof en héroïsme seulement. Le principe d'avoir un héros basé sur les capacités sensorielles alors que c'est justement le cas de DD, cela a tout l'air d'une facilité d'écriture. Heureusement, Soule semble installer autour de ce personnage une dramaturgie qui devrait être très intéressante par la suite.

Quand on lit ce premier numéro, on imagine sans mal ce qui s'est dit dans la salle de rédaction : "Charles, faut que tu nous refasses un héros sombre, les gens aiment le Daredevil dépressif." On voit tous les efforts de l'équipe créative pour créer la rupture avec le run précédent et revenir aux basiques qui ont fait le succès de l'Homme Sans Peur. Seulement, c'est parfois fait avec trop de facilité, trop d'évidence, et on espère vraiment que ces auteurs (brillants par ailleurs) auront autre chose à nous proposer, quelque chose de plus personnel, de plus profond et de plus original.

Alfro
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