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Ce que nous apprend l'interview de Fortune sur Batman v Superman

Ce que nous apprend l'interview de Fortune sur Batman v Superman

chronique

Cette semaine, Batman v Superman inaugurait son marketing viral avec une fausse interview donné par Lex Luthor, qui sera sans doute l'antagoniste du film, à Fortune Magazine. Dans la plus pure tradition du business à l'américaine. Du côté de la New York Comic Con, cette promotion déguisée continue d'ailleurs, puisque LexCorp mais à disposition du wifi gratuit aux visiteurs, ainsi que des petits chargeurs pour leurs batteries de téléphone. Une promotion réussie qui cache quelques informations plutôt intéressantes à l'échelle du DC Extended Universe, un monde qu'on à hâte de découvrir le 23 mars prochain. En attendant, les mots prêtés à Lex Luthor contiennent quelques indices quant aux tenants et aboutissants de cet univers.

Lex Luthor, Junior

Première information intéressante : le Lex Luthor du DCEU, qui pour rappel, sera interprété par Jesse Eisenberg, porte le même nom que son père, là où, dans les comics, son géniteur se nomme généralement Lionel. Ca paraît anodin comme ça, mais on peut en tirer au moins deux hypothèses : 

La première, en forme de clin d'œil aux fans, pourrait nous indiquer que le Lex Luthor que nous avons appris à connaître grâce à de années de comics, de films et de cartoons est en fait Lex Luthor Senior, le père de notre jeune entrepreneur. Indice dans cette direction : notre antagoniste doit sa fortune à son père, un industriel venu d'Allemagne de l'est. Pour arriver au top niveau, papa Luthor a peut-être même fait de l'argent sale, qui sait. L'interview fait d'ailleurs référence à de nombreux ennemis. On imagine bien l'ombre de ce personnage culte servir de figure paternelle à ce Lex Luthor nouvelle génération, bien plus décontracté, et tout à fait chevelu.

Seulement, on se souvient de la promotion de Batman v Superman, qui nous avait montré le bon Jesse Eisenberg sans un cheveux sur le caillou. Ce qui annule plus ou moins la théorie précédente. Cet attribut du Lex Luthor classique se retrouvant chez le fils, et non chez le père, difficile de croire à une passation de pouvoir. En revanche, on peut imaginer que le DCEU nous présentera la facette "bienveillante" du personnage à travers père, et une autre plus dangereuse chez le fils. L'inverse d'un Howard/Tony Stark, en somme. Un bon moyen de rappeler l'ambivalence de Luthor, mais à travers deux personnages, et non un seul. En tous cas, d'après l'interview de Fortune, fiston Luthor a déjà un pied dans le côté obscur, en témoigne ses références à Napoléon, son amour pour la théorie du choc des civilisations ou encore des contrats en tous genres avec l'armée. On est loin du businessman à la conscience tranquille.

Quelle utilité ?

On retombe donc, plus ou moins, sur un Lex Luthor classique. A peine revisité par la coolitude caractéristique d'un Steve Jobs ou d'un Mark Zuckerberg. Du coup, quelle utilité ? Ma foi, l'intérêt d'une adaptation réside aussi dans le chemin parcouru. On peut emprunter une voie différente pour arriver à un même résultat, et cette voie, généralement conçue pour le média, peut être passionnante. En l'occurrence, elle l'est, puisqu'elle rajoute de nouvelles couches au personnage, qui aura plus de consistance à l'écran. Faire de Lex Luthor un Junior, surtout lorsqu'il est représenté dans sa trentaine, c'est s'assurer un lien père-fils intéressant. Dans ce choix transparaît également un conflit générationnel, l'interview de Fortune nous expliquant que Luthor Jr cherche à reconvertir l'entreprise de son père, spécialisée dans le pétrole et l'industrie lourde, en pointure de la haute technologie. Deux générations, deux milieux, deux managements, même : toujours d'après l'interview, notre Lex Luthor est à la cool et se paie le luxe d'avoir un baby-foot dans sa sale de conférence. On pourrait développer plus loin encore mais je crois que vous avez compris l'idée : cette réécriture subtile (qu'on doit sans doute à Chris Terrio, scénariste du film) ajoute une certaine complexité et une saveur particulière au personnage.

Si vous n'êtes pas convaincus, nous pouvons convoquer un autre exemple, issu du même film. Lors de la dernière San Diego Comic Con, Zack Snyder avait révélé que les villes de Metropolis et de Gotham City étaient des cités voisines dans le DCEU, uniquement séparées d'une large baie. A première vue, ça n'a pas d'impact sur l'histoire, c'est même un pied-de-nez assez inutile à l'univers DC tel qu'on le connaît dans les comics. Mais à bien y regarder, c'est très intelligent. Il n'y a pas que l'eau qui sépare les deux villes. Il y a aussi une architecture, un niveau de vie, et surtout, des héros différents. Dans le DCEU, Gotham devient en quelque sorte la banlieue chaude de Metropolis. Une cité où il ne fait pas terriblement bon vivre. Et où le paysage n'est guère réjouissant. Ce n'est pas pour rien que la production a été tourner à Detroit pour donner vie à Gotham. Les habitants de la cité sont entourés d'édifices industriels délaissés et sombres. Leur héros ne peut donc être que violent et ténébreux. De l'autre côté de la baie, pour les habitants de Gotham, c'est l'espoir. Des édifices neufs et qui viennent toucher le ciel. Pas étonnant que Superman y réside. C'est un héros de lumière, malgré les couches de noirceur que Zack Snyder lui impose. Du coup, quand vous faîtes s'affronter Batman et Superman, l'un est le fruit d'un contexte socio-politique précis, l'autre de son exact opposé. On va plus loin que le simple "Day versus Night" de Lex Luthor. Et on retomberait presque dans la vision de Frank Miller des deux personnages : un chevalier noir qui prend la défense du peuple, face à un Superman tribun, au service de l'état fédéral.

Un univers étendu

Je suis peut-être parti un peu loin dans l'analyse, mais je crois que ces deux exemples, une fois développés, nous en disent beaucoup sur le DCEU et sa volonté de créer un tout cohérent. Sans taper gratuitement sur le Marvel Cinematic Universe, le monde bâti par la concurrence manque parfois cruellement de ce genre de synergies scénaristiques, qui permettent au spectateur de mieux s'immerger dans l'histoire. Qu'il soit conscient ou non de ce type de développements d'ailleurs, c'est toute la beauté du procédé. Quelque part, donc, le DC Extended Universe est bel et bien un "univers étendu" dans le sens où il étoffe toutes ses composantes, qu'elles soient des personnages comme des villes. 

Rassurez-vous, il ne se perd pas non plus dans des références intellectuelles. Nous avons aussi droit à nos easter-eggs favoris. On sait qu'au cinéma, DC a parfois du mal à les semer, mais en l'occurrence, l'interview de Fortune entend nous rassurer, avec la présence, notamment, de Kord Industries. Le nom ne vous dit peut-être rien, mais les fans de DC l'auront reconnu : le second Blue Beetle, un super-héros qui fait lui aussi usage de gadgets en tous genre, se nomme Ted Kord. Et si son apparition (physique, j'entends) reste à confirmer, le clin d'œil est plutôt sympathique. D'autant plus qu'il a tout à fait sa place dans une interview orientée business - les marketeux le savent. On rappellera d'ailleurs qu'une rumeur persistante fait état d'un film qui verrait Blue Beetle faire équipe avec Booster Gold, un autre héros DC.

Dans un autre registre, et en lien direct avec le  scénario de Batman v Superman, la fin de l'interview fait état du lancement éminent d'un nouveau produit du côté de chez LexCorp. Un produit qui permettrait à ses utilisateurs de se protéger. On ne sait pas de quoi, de qui ou comment, mais Lex entretient un certain teasing, aussi suis-je prêt à parier que l'un piliers du scénario de Chris Terrio reposera sur l'apparition de cette technologie. Peut-être faut-il se préparer à une réinterprétation du Brother Eye, le satellite de surveillance né de la paranoïa de Batman, qui pourrait changer de paternel pour les besoins du film. 

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