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Batman Eternal #1, la review

Batman Eternal #1, la review

ReviewDc Comics
On a aimé• Un plan visiblement ambitieux
• Jason Fabok en grande forme
On a moins aimé• Sentiment de déjà vu
• Pas vraiment prenant
• Ça commence quand ?
Notre note

DC Comics a donc décidé, à raison, de mettre en avant son personnage de Batman à l'occasion des soixante-quinze ans de ce dernier. Tant mieux, celui-ci est aussi le héros qui a le plus de succès dans leurs publications avec la série de Scott Snyder et Greg Capullo qui garde précieusement sa place du comics le plus vendu, mois après mois. Suffisant cependant pour lancer une série hebdomadaire sur le Chevalier Noir ?

 

"Your city is burning to the ground."

Quitte à faire une série sur Batman à la parution hebdomadaire, autant s'assurer de mettre toutes les chances de son côté. DC reprend ainsi le scénariste de leur meilleure série, la seule série régulière qui dépasse les cent mille exemplaires, accompagné de son ancien élève James Tynion IV. Au dessin, ils récupèrent Jason Fabok, ils ne sont pas fous et ont sans doute réalisé qu'ils tenaient leur futur David Finch, et le laissent s'éclater. Bon ça, c'est pour le premier numéro hein, parce que qui dit série hebdomadaire, dit forcément une palanquée d'artistes conviés, mais on y reviendra dans les épisodes prochains. Si sur le papier, cela semble un plan qui se déroule sans accroc, la réalité nous montre que Scott Snyder, bien que continuant à vendre des palettes de comics, a perdu sa plume depuis une petite année. Son Zero Year est, à défaut d'être vraiment nul, totalement anecdotique et assez plat, The Wake est très loin des espoirs qu'on y avait placé et il tient difficilement le rythme sur American Vampire. Par contre, il retourne chez Image Comics avec un projet qu'il avait imaginé initialement pour Vertigo. Et il faudrait peut-être éviter d'évoquer Superman Unchained qui est scénaristiquement d'une légèreté qui rappelle son gros raté précédent, Flashpoint : Superman.

Si le Dernier Fils de Krypton ne lui réussit pas, on pouvait espérer qu'il se relance avec le Chevalier Noir. Sauf qu'il semble désormais trop occupé pour avoir le temps de travailler ses scénarios, apporter le nécessaire d'originalité, d'écriture et de bons dialogues pour que cela soit un titre qui passe de la catégorie des comics banals à celle des bon comics. Car c'est aussi là le problème, c'est qu'en soit, ce premier numéro n'est pas mauvais, il repose sur un twist fort (mais vu dix mille fois) et semble promettre un vrai gros projet. Mais s'il faut se coltiner des scénarios aussi convenus, se farcir cinquante-deux numéros de cette facture ne va pas être une gageure. Dès la première page, on sait que Snyder est en mode automatique, puisque l'on voit Bruce Wayne dans une fâcheuse posture, Gotham en feu et un vilain en contre-champs qui déclame sa victoire sur un Batman visiblement au plus mal. Soit le début facile, tout le monde ces dernières années aime commencer par une scène de la fin de la série, on ne vous remercie pas Lost et Breaking Bad. Mais si la technique du flashforward est devenu une marotte, celle de présenter son héros dans une situation catastrophique va encore plus loin dans le cliché et ne peut marcher que si l'auteur y met assez d'enjeux pour que la menace se ressente. Sauf qu'ici, on se dit juste : "Tiens, ça ressemble à du Grant Morrison".

 

"You can't trust what you see !"

Plutôt que taper rageusement sur ce premier numéro, surtout qu'il faut bien insister sur le fait que c'est loin d'être horrible, un exemple clair montre bien le problème d'un scénario qui manque cruellement de finesse. Celui de la caractérisation du Major Forbes. Cet adversaire notoire du Commissaire Gordon accueille la nouvelle recrue du GCPD qui a été spécifiquement choisie par le père de Batgirl lui-même. Pour bien nous faire passer le message comme quoi c'est le genre de flic que l'on n'aime pas croiser dans la rue et qui est pourri par ses ambitions professionnelle, il nous raconte qu'il frappé une innocente au sol par mégarde et que ça l'a fait rire. C'est d'une lourdeur confondante. Le problème du coup, c'est qu'on ne croit pas une seule seconde à ce personnage qui en devient un stéréotype du mauvais flic contre le bon flic (Gordon et son nouveau fils spirituel). Et c'est souvent le cas dans ces pages où on est mis à distance de l'intrigue par une suite de scènes toutes aussi convenues. On pourrait arguer que Snyder n'a fait que le scénar', laissant le script (et donc l'instant où l'on fait appel à la finesse d'écriture), mais ce serait plutôt là un aveu de faiblesse pour le scénariste de Batman qui laisse le soin de l'écriture à un autre sans se soucier du résultat final. Facétieux avec son éditeur, le scénariste n'aurait-il pas jeté un oeil au script final de son nouveau bébé ?

D'ailleurs, pour finir sur une note positive, il faut quand même parler de ce Jason Fabok qui reste à l'orée des grandes séries, sans se voir confier un titre à la hauteur de son talent. Déjà, lors de ses travaux chez Aspen, on avait remarqué son trait qui avait plus à voir avec celui de David Finch que Michael Turner. À tel point d'ailleurs qu'il avait pris la suite du dessinateur de Justice League of America sur Batman : The Dark Knight montrant encore mieux la parenté entre les deux. Montrant enfin autre chose qu'une copie de Finch depuis qu'il est sur Detective Comics, on sent que son trait, qui reste encore très appliqué pour ne pas dire académique, est en train d'évoluer vers l'excellence classique des Comics 90's. On sent qu'une identité commence à habiter ses dessins, et qu'il se trouve enfin en allant dans un versant plus direct, plus incisif. Il offre à ses pages un dynamisme et une grandiloquence qui conviennent à merveille à Batman et offre un premier numéro très agréable au regard.

Ce premier numéro n'incite donc pas à se lancer dans une série qui paraitra toutes les semaines une année durant. Convenu mais assez appliqué pour "faire le  taf", il ne se sauve presque qu'à travers des dessins au parfait parfum de blockbuster. Reste que d'autres scénaristes, Ray Fawkes, John Layman et Tim Seeley, prendront la suite et sauront peut-être lui insuffler ce supplément d'âme qui lui fait cruellement défaut pour l'instant.

Alfro
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