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Revenge #1, la review

Revenge #1, la review

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On a aimé• Jonathan Ross en roue libre
• Un genre assumé
• C'est pas propre
On a moins aimé• C'est pas propre
• Le dessin de Ian Churchill, loin de son meilleur travail.
Notre note

Ce n'est plus un secret, nous aimons Image Comics et la direction über pro-active prise par la compagnie de Todd McFarlane depuis quelques ans maintenant. L'éditeur, qui recèle de nombreuses pépites en devenir comme en témoigne son hallucinant panel lors de l'Image Expo, se paye le luxe de faire revenir dans le monde des comics un auteur aussi bankable qu'avatar du cool : Jonathan Ross. Le présentateur de la BBC, en dilettante avec son rôle de scénariste en raison de son job de star des talk-shows à plein temps, semble plus affûté que jamais, prêt à en découdre aux côtés de son collègue et ami Ian Churchill.

Aussi difficile à croire que cela puisse paraître, Revenge est une histoire d'amour. Une histoire de l'amour, plutôt. Le pitch, presque aussi malsain que son exécution, place d'emblée le contexte de ce titre coup de poing : Jonathan Ross vient taper dans la fourmilière du showbiz, qu'il occupe 24/7 par ailleurs. Nous présentant la vie d'un acteur has-been (un "barely was", plutôt) spécialisé dans les actioners de mauvais goût, le pote de Will Smith et de Rihanna en profite pour attaquer les parasites qui ont transformé Hollywoodland en ce conglomérat hypocrite qu'est aujourd'hui l'industrie du cinéma, débordant de bimbos et de pics-assiettes en tous genres.

C'est d'ailleurs son amour pour les jeunes filles qui va changer la vie de Griffin Franks, pastiche de ses tristes modèles, de Steven Seagal à Robert Z'Dar en passant par Mark Gregory. Piégé par celle qu'il croyait être sa femme (et qui nous laisse découvrir ses vrais griefs à mesure que le récit progresse), l'acteur s'envole pour Mexico dans le but de subir une opération spectaculaire capable de lui redonner le visage de ses jeunes années, pour ne pas se faire remplacer dans sa franchise par un petit jeune qui pousse, ce qui ne manque pas de nous rappeler un certain Jai Courtney

Évidemment, rien ne se déroule comme prévu et le récit assume sa grandiloquence macabre avec l'introduction de personnages hauts en couleurs et vicieux comme pas deux, appuyés par les gouttières de Ian Churchill, qui suintent autant qu'elles oppressent, dans la plus pure tradition des Comics gore, tels qu'on les trouve en masse chez Avatar Press. La différence avec les titres de David Lapham se fait alors dans la finesse de l'écriture, puisque derrière ses allures de titre qui sent l'huile de friture et la suie, Revenge s'avère être une belle réflexion sur l'accomplissement, la confiance et l'amour. Persuadé de ne pas faire le mal, Franks ne s'aperçoit pas qu'il mène sa vie comme ces gros porcs que l'on trouve en meute à Hollywood. 

Pourtant, et ce malgré les atrocités qu'il commet et qui se matérialisent jusque dans sa façon de faire l'amour, le lecteur se prend d'empathie pour ce balourd un peu perdu entre son quart d'heure de gloire et sa vie qu'il fantasme. Les sévices qu'il subit sont tels que Ross va chercher le lecteur au plus profond de son instinct primaire et la vengeance apparaît comme la seule solution viable pour un homme qui ne méritait pas tant de souffrance. Je vous laisse évidemment le soin de découvrir le panel de tortures réservés par l'esprit joueur du scénariste à la lecture, mais soyez conscients que le titre est réservé à un public très adulte, et habitué à la violence graphique.

La violence graphique, c'est peut-être justement ce qui dessert le titre. Véritable caméléon du 9ème Art, Ian Churchill voyage une fois de plus entre les styles et semble se plaire dans ce déchainement d'hémoglobine hyper-détaillé. Et si le découpage se permet 2-3 folies, l'ensemble renvoie à une image brouillonne et sale, voulue par les artistes comme direction artistique principale du titre, mais bien loin de la seconde lecture que mérite Revenge #1. Peu importe, les lecteurs les plus alertes et les plus amateurs du genre se délecteront de cette représentation dérangée, et pourront profiter du message qu'essaye de faire passer un Jonathan Ross en feu. 

Revenge #1 est un titre pour adulte. Enragé, malsain et puant, il nous renvoie à nos pires instincts et à nos actes les plus barbares, tout en offrant une jolie parabole sur le succès et sur les misérables histoires qui pavent Hollywood Boulevard. Loin d'être un million-seller en puissance, le titre se savoure comme un plaisir coupable, et comme un témoignage d'un Jonathan Ross qui connait aussi bien son sujet qu'il insuffle une âme (malade) à une histoire qui promet énormément pour la suite. Encourageant, et dérangeant. 

Sullivan
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