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Ragemoor, la review

Ragemoor, la review

ReviewDark Horse
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Notre note

Les publicités dans les comics Dark Horse présentent Ragemoor comme « un cauchemar gothique à la Poe et Lovecraft ». Une accroche ambitieuse pour une mini-série (bientôt disponible en hardcover) certes dessinée par le légendaire Richard Corben (Hellboy The Crooked Man, Banner), mais écrite par un illustre inconnu au nom imprononçable : Jan Strnad. Cependant, au final, force est de constater que non seulement on n’est pas face à de la publicité mensongère, mais réellement à un classique de l’horreur digne de ses prestigieuses influences.

You should not have come.

Ragemoor Comicsblog Critique 

Tout commence un soir d’orage, parce que certaines conventions narratives ont la vie dure. Herbert, le maître du château de Ragemoor dîne avec son oncle et sa cousine, la belle Anoria. Ceux-ci sont venus rendre visite à Machlan, le père d’Herbert. Hélas le maître des lieux les informe que la terrible bâtisse a fait perdre la raison à son malheureux parent. Il en profite pour leur compter la grotesque genèse de Ragemoor, dans l’espoir de les mettre en garde contre la volonté aussi meurtrière qu’insondable de ce géant de pierre. Mais les deux visiteurs n’en croient pas un mot. Un château vivant, quelle plaisanterie ! Ils se réjouissent même en secret d’entendre Herbert proférer de telles élucubrations, car ils n’aspirent en réalité qu’à devenir les nouveaux maîtres de Ragemoor, pour le raser et s’approprier les richesses que recèle le sol sur lequel il est bâti. D’ailleurs Anoria n’est même pas la véritable cousine d’Herbert, juste une complice de l’oncle.

Ainsi le duo d’escrocs décide de passer la nuit au château. Et ce sera le début d’un cauchemar dont Herbert et son majordome, le fidèle Bodrick (mais fidèle à qui ?) seront tour à tour les témoins et les acteurs. Et Ragemoor l’architecte. Je n’en dirai pas plus sur le scénario lui-même, car Ragemoor n’est pas une histoire qui se raconte. Elle se vit, à l’instar de La Chute De La Maison Usher d’Edgar Allan Poe (dont le scénario pourrait se résumer à « un homme va passer une nuit dans une maison qui s’effondre mystérieusement »). C’est d’ailleurs la première force de cette mini : Jan Strnad réussit à écrire un récit empreint d’une véritable atmosphère. C’est sombre, angoissant, parfois oppressant, mais aussi tragique et même étrangement poétique. Bref c’est dans la plus pure tradition de la littérature d’horreur gothique du XIXème siècle, dont Poe fut l’un des maîtres. Cependant ce constat ne suffit pas à résumer Ragemoor.

Entre les murs du château, Jan Strnad crée tout un bestiaire, de serviteurs insectoïdes, de babouins à la tête squelettique… Il y a aussi le mystérieux braconnier, Tristano, dont Anoria s’éprendra. Ou le vieux Machlan, qui hante les couloirs. Sans parler des créatures fantastiques venues des étoiles et de la nuit des temps, intimement liées aux origines de Ragemoor, ainsi qu’à raison d’être… C’est notamment avec ces dernières que l’influence de H. P. Lovecraft se fait clairement sentir. Mais au-delà de la résonance entre l’univers créé par Strnad et le mythe de Cthulu et des Anciens, le réel parallèle avec l’œuvre de l’auteur de L’Abomination De Dunwich, est à faire avec la façon dont l’horreur est représentée. Elle est à la fois physique (voir les créatures mentionnées plus haut) et psychologique, à parts égales. La folie guette les malheureux protagonistes à chaque instant.

It ends with ME !

 

Enfin, en parlant de la représentation physique de l’horreur, comment ne pas être béat d’admiration devant les somptueux dessins de Richard Corben ? Son trait si personnel sied à merveille à ce genre de récit. Ses ombres sont impeccables, de même que ses mises en page. Les personnages sont parfaits, qu’il s’agisse des humains (Herbert, Brodick, Tristano, Anoria…) ou des multiples créatures. Mention spéciale aux babouins, superbement sinistres. Et le reste du bestiaire est tout aussi réussi. Cependant le château lui-même vient voler la vedette à tout ce petit monde, avec son architecture torturée. Et quelle brillante idée de ne pas utiliser de couleurs mais uniquement des nuances de gris. L’atmosphère pesante du récit s’en trouve encore renforcée.

Ragemoor est donc à n’en pas douter un classique. Un récit envoûtant, terrifiant, fascinant, que les adjectifs ne suffisent pas à résumer. Un chef d’œuvre d’horreur gothique, véritablement à mi-chemin entre Poe et Lovecraft. Bref un coup de maître pour le duo Strnad-Corben.

 


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