Il y a vingt ans et quelques mois, X-O Manowar de l’éditeur Valiant paraissait et rencontrait un succès retentissant. Pendant plusieurs années, la notoriété et les ventes de Valiant Comics ne faisaient que monter jusqu’à titiller les deux gros de l’industrie, Marvel et DC. Puis, il y a eu un rachat par Acclaim, et une descente aux enfers. Depuis une dizaine d’années, le retour de Valiant et de ses personnages emblématiques était annoncé puis démenti, devenant une grande arlésienne de l’industrie du comic-book. Mais voila qu’il y a quelques mois, les informations d’un comeback s’avéraient réels, et aujourd’hui X-O Manowar #1 est enfin dans toutes les bonnes crémeries. Mais avec de telles attentes, la déception ne pourrait être que plus grande... Le retour est il réussi ?
"Visigoths, form your lines !"
Après une petite frise chronologique bien pensée et permettant de poser immédiatement le contexte, on est immédiatement plongé dans le vif du sujet avec un affrontement entre les oppresseurs Romains et les Visigoths, deux peuples que tout oppose. Dans une bataille tout autant épique que déséquilibrée, l'attention est rapidement portée sur Aric, neuveu du roi Alaric, un guerrier valeureux rempli de courage et suivi par les siens. Son caractère tête brulé si cher aux comics ressort rapidement, agissant sur le moment et suivant son cœur laissant la réflexion à plus tard... Il est prêt à tout pour libérer les siens. La menace romaine n’est pas la seule à planer sur les Visigoths puisqu’un vaisseau alien se pose dans le même temps sur la Terre. Après une seconde bataille perdue d’avance menée par Aric, notre héros se retrouve donc capturé par les extra-terrestres. Tout cela peut paraître alambiqué et tiré par les cheveux, mais que nenni ! L’introduction des aliens au 5ème siècle est tout naturellement portée par notre intrépide guerrier réalisant que les Romains ne sont pas derrière ces armures qu’ils n’ont jamais vu. Le passage dans le vaisseau est dans la continuité directe, le récit de Robert Venditti n’est pas haché par l’opposition de style et le lecteur se retrouve face à ce qui sera un élément majeur de cette série : l’armure Shanhara, vénérée par les aliens.
"The day will come."
Comment faire revenir un personnage et tout un univers après plus d’une décennie d’absence ? Demandez à Venditti. Ce premier single se dévore sans temps mort, sans avoir besoin de quelconques connaissances pour en profiter pleinement. Le personnage d’Aric est parfaitement posé, notamment par le dialogue avec son père. Des futures menaces ainsi que divers élements approfondissant le background sont également distillés efficacement et appuyés par un dessin tout aussi bon. Le trio artistique Cary Nord, Stefano Gaudiano et Moose Baumann livre un travail sublime. La grandeur de la bataille d’ouverture est parfaitement retranscrite, autant dans les détails des armes et armures que l’intensité du combat. Les planches fourmillent de détails. L’opposition des champs du nord de l’Italie avec les Romains et Visigoths avec le vaisseau Alien ne choque pas du tout et l’intégration des deux univers est une franche réussite.
Valiant réussit son retour avec brio, et on ne peut qu’être enthousiaste sur la suite des événements avec un nouveau titre par mois (Harbinger, Bloodshot, Archer and Armstrong) si la qualité est au rendez vous. Les moyens sont mis avec des scénaristes et artistes de bon niveau, malgré une communication pouvant paraitre faible face à Marvel et DC. Le reproche que l’on pourrait faire à ce X-O Manowar est dans les couvertures, non pas pour leurs qualités, mais pour annoncer bien plus que ce que le titre propose, c'est-à-dire poser des bases solides. Nouveaux lecteurs, vous ne serez pas perdus. Anciens fans de Valiant, vous trouverez votre bonheur. En attendant la suite…
