Je sais ce que vous vous dites, et la réponse est oui : c'est pour ce genre de titres qu'on a choisi de faire ce métier, et, effectivement, la compétition pour le Pulitzer 2020 s'annonce très serrée. L'information n'a pourtant rien d'un simple gag, et a été révélée par le comédien lui-même dans le cadre d'une entrevue avec la rédaction de Page Six. Revenu sur le devant de l'actualité avec le crossover Crisis on Infinite Earths sur la CW, et l'obtention de son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, une tradition honorifique pour les grands noms du divertissement populaire et des arts filmés, Ward a pu livrer une anecdote de taille, pour permettre à tout un tas de journalistes désoeuvrés en ce début d'année de faire des blagues de bite pour occuper l'hiver. Parfois, les meilleures choses de la vie sont les plus simples.
Entre 1966 et 1968,
Adam West et
Burt Ward campaient
Batman et
Robin dans l'adaptation diffusée sur la chaîne
ABC, une oeuvre culte gorgée de bizarreries et qui aura laissé une empreinte durable
dans la légende du Chevalier Noir, jusqu'à récemment. A l'époque, l'acteur de vingt-et-un ans, censé interpréter un adolescent bien plus jeune, devait logiquement s'adapter au premier costume de
Robin, composé d'un simple sous-vêtement vert moulant, de chausses de cirque et de collants pour le bas du corps. Problème : la bistouquette du
Boy Wonder était un peu trop apparente dans cet ensemble vestimentaire, ce qui aura posé un problème à la production.
A l'époque de la première saison, la série se sera attiré les foudres de la National Legion of Decency (ou "Catholic Legion of Decency"), une organisation chrétienne fondée en 1933 dont l'objectif était d'identifier et de combattre les images tendancieuses diffusées au cinéma et à la télévision. D'après Ward, son cas particulier de poutre apparente était un sujet de scandale pour la série télévisée Batman, poussant les producteurs à lui prescrire une pilule censée diminuer l'importance de ce membre généreux.
"Ils trouvaient que Robin avait un engin un peu trop gros pour être montré à la télévision. A l'inverse d'Adam, où ils étaient plutôt obligés de lui mettre des serviettes dans le pantalon.
[Les pilules devaient] me rapetisser. Je les ai prises pendant trois jours et puis j'ai arrêté, je me suis dit que ces trucs là risquaient de m'empêcher d'avoir des enfants un jour. J'ai arrêté, et ensuite, je me suis simplement servi de ma cape pour me couvrir."
Si toute l'affaire pourrait s'avérer marrante aujourd'hui - et probablement un peu déformée par un Burt Ward de soixante-quatorze ans et qui a bien le droit de frimer sur la taille de son zguègue - le fait est que les producteurs de l'époque n'auront pas été tendres avec le jeune comédien. Sur Batman '66, l'interprète de Robin recevait le minimum salarial autorisé par le syndicat des acteurs d'Hollywood (soit 350 dollars par semaine, contre les 2000 d'Adam West) et devait réaliser la plupart de ses cascades lui-même pour économiser le coût de professionnels. Ce qui aura conduit le jeune homme à finir à l'hôpital à intervalles réguliers, se briser plusieurs os et finir avec plusieurs brûlures au second ou au troisième degré dans les cas les plus extrêmes, en fonctions des décisions de scénario.
Après plusieurs décennies, on aura découvert que Burt Ward n'a jamais touché la moindre royalties pour son rôle de Robin, du fait d'un contrat particulièrement restreint. Quoi que lui-même ne témoigne d'aucune amertume vis-à-vis de cette période, le souvenir de sa bistouquette moulée dans un inconfortable slip vert doit certainement passer pour une petite victoire de sa part contre un studio - littéralement - castrateur, qui aurait sans doute préférer le rendre stérile plutôt de choquer les bonnes moeurs de l'Amérique des années soixante. On félicitera le brave Robin pour sa contribution au rôle, et une étoile sur le Hollywood Boulevard décidément bien méritée.
