Edito : Il serait temps de laisser Stan Lee tranquille

Tout le monde aime Stan Lee. Le produit de ses créations se savoure tous les jours dans la sphère de la pop-culture. Les personnages qu'il a co-créés sont devenus des icônes, affichées fièrement dans les salles de cinéma du monde entier, dont les logos se retrouvent partout au quotidien. Stan Lee a eu la chance de vivre longtemps sans trop subir les affres de l'âge. On aura apprécié jusqu'à présent le retrouver en caméo dans chaque film Marvel. Comme une façon d'entretenir une complicité, ténue et ferme à la fois, pour nous rappeler que derrière la Maison des Idées et l'histoire du comic-book il y a cette légende vivante. 

Mais toutes les bonnes choses ont une fin.

Depuis le début d'année, les actualités autour de Stan Lee ont quelque chose de pourri. Que des tabloids s'emparent d'accusation de harcèlement sexuel, ou qu'on lui vole son sang pour l'utiliser dans des tampons à signatures (oui), le tout associé à un état de santé déclinant, l'ambiance n'est pas à la rigolade. Pour ses dernières années, Stan Lee est en train de vivre un véritable calvaire. Un (très) long article du Hollywood Reporter fait ainsi état d'une bataille à la fois légale et psychologique de l'auteur contre sa fille, qui serait visiblement sous l'influence de trois personnes (gravitant dans l'entourage de Lee depuis des années) bien décidées à profiter de sa célébrité - et de ses richesses. 

Un document authentifié comme écrit par Stan Lee vient expliquer une situation qu'on imagine cauchemardesque pour l'homme. Il y décrit les tensions qu'il a eues, lui et sa femme (partie l'été dernier) avec leur fille, qu'il déclare incapable d'être indépendante. En conséquence de cause, il a planifié par écrit des mesures destinées à faire en sorte que sa fille, Joan C. Lee, âgée de 67 ans, ne se retrouve pas à la rue une fois qu'il sera parti. Un document que sa fille - et les trois autres personnes mal intentionnées, ont du mal à digérer.

Le reportage du Hollywood Reporter montre aussi comment Max Anderson, bras droit hyper fidèle à Stan Lee, s'est progressivement retrouvé mis hors-jeu de ses responsabilités envers l'auteur, dans une bataille de personnes qui ont profité de l'attitude patibulaire (et de son casier judiciaire) d'Anderson pour le mettre de côté.

A côté, et malgré une récente pneumonie au mois de février passé qui l'a hospitalisée, Stan Lee a été invité à venir à la Silicon Valley Convention le week-end dernier. Rappelons que Lee est âgé de 95 ans, vous comprendrez que l'exercice n'est pas forcément le plus agréable, d'autant plus avec les remous mentionnés auparavant. Le spectacle n'a pas été de toute beauté. On vous épargnera les vidéos et photos à l'appui, qui ont montré un Stan Lee à bout de force, à qui il faut rappeler comment écrire son nom, et qui ne peut se retenir de dormir entre chaque photo prise.

Cet article n'a pas vocation à se montrer larmoyant, mais les faits sont ce qu'ils sont. Entre l'épuisement, la pression médiatique, et un ensemble de vautours qui veulent tirer un quelconque gain des possessions de Lee, force est de constater qu'il faut maintenant laisser le bonhomme se reposer. 

Bien sûr que chacun aimerait pouvoir encore se prendre en photo avec lui. Bien sûr qu'on aimerait le voir faire de nombreux caméos pour les dix prochaines années. Mais l'entertainment et l'envie ont ses limites. Un effort de dignité assez évident est désormais nécessaire. Après en avoir créé des dizaines, c'est bien de véritables héros dont Stan Lee a maintenant besoin.