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Édito #92 : Damian Wayne et Jon Kent, pour le DC Comics de demain !

Édito #92 : Damian Wayne et Jon Kent, pour le DC Comics de demain !

chronique

Jouer avec plusieurs générations de héros a toujours été une constante chez DC Comics qui a bien souvent, et beaucoup plus que Marvel, mis en avant cette idée d'héritage entre les différents héros de son univers. Cette composante est notamment vérifiée avec les principaux héros de la Distinguée Concurrence qui ont toujours eu un apprenti privilégié pour leur apprendre leur philosophie de vie et leur techniques de combat (parce que la bagarre). Ainsi, Flash a Kid Flash, Green Arrow a Speedy, Aquaman a Aqualad, Wonder Woman a Wonder Girl et Batman, maître dans la matière, a toujours eu son armée de Robins.


En effet, c'est probablement le Chevalier Noir qui a embelli cette philosophie, celle de finalement prendre sous aile une autre victime des mêmes traumas, pour lui apprendre à utiliser ses sentiments contradictoires afin d'œuvrer pour le bien commun. Avec plus où moins de réussite (qui a dit Jason Todd ?) mais le Chevalier Noir et sa relation avec ses fils adoptifs a toujours évolué pour finalement voir débarquer l'un des meilleurs personnages de sa mythologie, Damian Wayne. Apparu dans les pages de Batman #655 et créé par le génial Grant Morrison, le fils de Bruce est rapidement devenu un personnage majeur de l'univers du Chevalier Noir puisqu'il est en quelque sorte l'anti-Batman avec ses excès de rage, son manque clair de morale et son côté irritable, qui a toujours tendance à vouloir avoir le dernier mot (Batman aussi, en fait). Mais tout l'intérêt du personnage a justement été de le coller dans les pattes de son père, qui avait déjà effectué l'exercice de la formation avec plusieurs disciples, mais jamais avec un fils biologique. L'opération avait donc pris une toute nouvelle dimension. En effet, le jeune Damian parle forcément directement à la psyché torturée de Bruce Wayne, toujours pas remis de la mort et de l'absence dans sa vie de son propre père et héros : Thomas Wayne

Mais au fur et à mesure des publications, Damian s'est avéré être plus qu'une extension de son paternel puisqu'il est maintenant l'un des Robins les plus populaires et sa personnalité a évolué ses dernières années pour le rendre plus fin et presque plus intéressant que Bruce Wayne, puisqu'il est piégé entre sa formation dans la Ligue des Assassins, son héritage, son caractère et son envie constante de combattre le crime malgré tout. On doit l'avancée du personnage au duo Peter J. Tomasi et Patrick Gleason (notamment) les deux papas qui s'étaient cachés derrière le personnage lors des New 52 et la série Batman et Robin

La team s'est d'ailleurs de nouveau illustrée lors de DC Rebirth en profitant de la présence d'un nouveau Superman pour réintroduire Jon Lane Kent, fils légitime de Lois et Clark, introduit dans les New 52 via une version plus âgée et porteur du costume de Superboy. Ici, tout ceci a été mis de côté pour présenter un nouveau héros, lui aussi placé dans une position périlleuse, lui qui est un "sang-mêlé" : mi-humain, mi-Kryptionien. Beaucoup plus jeune et inexpérimenté que Damian, Jon a très peu de confiance en lui et a pourtant déjà une folle envie de déployer des pouvoirs qu'il ne maîtrise pas pour faire le bien. Et le personnage permet lui aussi de travailler sur la personnalité de son père, Superman, puisqu'il est la personnification de ses propres faiblesses mais aussi de ses forces en tant qu'humain d'adoption. Mais il a aussi permis de présenter une nouvelle dynamique très intéressante entre Jon et Damian. En effet, il était tout naturel qu'après avoir écrit Damian et Jon chacun de leur côté Peter Tomasi leur offre leur première série team-up, Super Sons.


Pourtant jeune, la série m'a fait rêver d'un futur pour DC Comics, un futur qui casserait les codes de la continuité, outil incroyable du média mais qui peut parfois le freiner. Posons-nous la question suivante : le respect de la continuité et du traitement de la chronologie devra-t-il être cassé chez les Big Two ? Le pari est effectivement risqué puisque les générations actuelle et précédente de lecteurs sont hautement friands de cette particularité qui permet évidemment de créer une cohérence forte dans les histoires de super-héros. Mais c'est aussi celle qui entraîne finalement un immobilisme permanent dans la façon de raconter des histoires pour les scénaristes de l'industrie. En effet, la façon la plus simple dans le comic-book pour introduire une idée nouvelle ou un bouleversement majeur d'un univers est finalement de partir dans le passé (comme le fera bientôt Marvel) pour introduire un élément qui aura un impact sur le présent, mais il est rare de voir une idée du présent radical mener la barque pour le futur. Il est ainsi plus contraignant pour les auteurs de devoir allier leur série sur des destins communs. Et je ne parle évidemment pas ici de la mise en place d'events, qui permettent finalement seulement de faire converger des titres à une lutte généralement commune, qui n'aura finalement qu'un impact minime sur la continuité.


Mais au juste, pourquoi cette réflexion ? C'est simplement en voyant Damian Wayne et Jon Kent interagir entre eux que ma pensée s'est perdue dans la possibilité d'un univers futur bâti autour des deux héros, qui laisseraient derrière eux (et derrière nous) les Bruce Wayne, Clark Kent et autres héros (même si certains d'entre eux ne vieillissent pas). Le choix serait audacieux, je voous l'accorde, mais imaginez une Justice League menée par un Damian/Batman et un Jon/Superman. Nous aurions suivi les parcours des deux héros qui seraient eux-même très différents de leurs parents en poursuivant pourtant leur héritage, une idée chère à DC Comics, qui pourrait être exploitée de la façon la plus naturelle possible. Des tonnes d'histoires seraient donc à réinventer puisqu'en les voyant déjà se chamailler, il ne serait d'ailleurs pas impossible d'imaginer finalement un schisme entre les deux héros, qui aurait une résonance toute autre aux yeux des lecteurs qui auraient suivi les deux alliés depuis leur plus jeune âge. Partir dans une telle direction ne serait d'ailleurs pas renier la continuité actuelle de DC Comics mais plutôt une façon de lui donner une toute nouvelle dimension beaucoup plus iconique puisqu'elle ferait partie de l'histoire avec un grand "H" - au sens temps qui passe, dans notre monde comme celui de nos héros. Et puis pour les réfractaires, on pourrait toujours imaginer une série Retired Justice League, avec Bruce, Clark, Diana, Oliver et tout la clique en train jouer au Keno le dimanche. Non ? ok, non.


Le comic-book a clairement un aspect redondant dans la mise en place de ses histoires qui reviennent souvent selon un cycle (voir Batman #24) alors que des éditeurs comme Image Comics, qui vont toujours de l'avant avec de nouvelles séries en permanence, ont tendance à rouiller les techniques éditoriales du Big Two. Les deux éditeurs devraient ainsi s'inspirer de séries comme Saga qui, à la manière d'un shonen finalement, n'hésitent pas à s'imposer des "ères". Une pratique plutôt maligne puisqu'elle introduit concrètement un élément d'évolution dans la vie d'un personnage en plus d'inscrire un récit dans le réel, où le temps s'écoule réellement.

Oser aller dans l'avant est peut-être même l'évolution logique voire indispensable des relaunchs toujours de plus en plus proches du Big Two, qui n'hésitent pas à recycler des idées pour resservir la même soupe aux lecteurs. Et malgré leur place confortable dans les ventes de comic-books, qui subissent clairement les hausses de prix et le planning rapproché des parutions en singles, DC Comics et Marvel ne pourront finalement pas toujours compter sur la popularité d'un genre qui s'est déjà exporté sur le grand écran pour le grand public.

AlexLeCoq
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