Et si une fois de plus cette semaine on parlait nana ? Ou plus précisément d’un comic-book qui raconte l’histoire de super héroïnes et dont la cible est aussi destinée (en partie) à un lectorat féminin ?
Ultra, est une mini-série de huit numéros sortie entre 2004 et 2005 chez Image (et en France chez Delcourt) et qui a souvent été dépeinte comme une alternative entre Sex and The City (pour le côté sexy et girly) et X-Men (pour les héroïnes aux super pouvoirs), rien que ça.
Créé par Jonathan et Joshua Luna, deux frères originaires des Philippines, (à qui l’on doit aussi les excellentes séries Girls et The Sword), Ultra est un comic-book qui tout en gardant un ton très léger, aborde une vision réaliste et touchante de la femme moderne, celle qui essaie de conjuguer vie sentimentale et professionnelle, tout en faisant de son mieux pour garder une image d’elle même irréprochable.
À Spring
City, où les super-héros sont partagés entre leur désir d’aider les forces de
l’ordre et la gestion de leur image publique, Pearl Penalosa – alias Ultra
– est une véritable droguée du boulot. Elle est devenue la plus grande
super-héroïne de tous les temps, a acquis une popularité sans pareille, et mène
une vie absolument parfaite… Du moins en apparence. Sans réelle vie personnelle,
ni relation amoureuse durable, elle rencontre fortuitement une diseuse de bonne
aventure qui va lui ouvrir les yeux sur la vraie vie.
Mais Ultra c’est aussi une belle histoire d’amitié entre trois femmes qui travaillent ensemble dans la même agence de super héroïnes, et qui resteront unies malgré leurs différents.
Jouant au maximum avec le phénomène des tabloïds et de la presse People, les Luna Brothers s’amusent à mettre en scène Ultra, Aphrodite et Cowgirl dans des affiches publicitaires pour des cigarettes, sodas et autres parfums et dans des couvertures de magazine de mode. Cela bien entendu afin de dénoncer une surmédiatisation des célébrités, et de l’attente de la part des journalistes (et du commun des mortels) du moindre faux pas.
Certains lecteurs
seront peut être un peu déroutés par le style de dessin et l’utilisation des
couleurs de Jonathan Luna, qui se révèlent être très sobres et fades (froids
diront certains) compte tenu du contexte super héroïque. Mais c’est un style
que l’on retrouve aussi sur Girls et The Sword, et qui se révèle être une
marque de fabrique reconnaissable entre mille. L’utilisation de la violence et
des scènes gores se fait également avec parcimonie et finesse, et elles sont du
coup d’autant plus percutantes.
Ce qui ressort aussi chez les frères Luna c’est leur intérêt constant pour les femmes fortes et indépendantes, ou qui vont se révéler en tant que tel. Ils s’exprimeront d’ailleurs ainsi sur ce sujet : « Les femmes sont belles, intelligentes et fortes, et nous aimons travailler sur des personnages comme ça. Mais c'est aussi amusant de voir des femmes faire des choses étonnantes comme sauter au dessus des bâtiments. »
Ultra est donc la preuve que ces messieurs sont effectivement capables de créer des personnages féminins réalistes et à la hauteur de ce que l’on peut en attendre. On aimerait juste pouvoir en voir un peu plus souvent.
