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Édito #45 : Marvel et DC Comics, en manque d'idées ?

Édito #45 : Marvel et DC Comics, en manque d'idées ?

chronique

La blague sur le fait que la rédaction serait pro-Marvel ou pro-DC Comics, pro-Disney ou pro-Warner, est devenu un running-gag entre nous au quotidien . Choisir entre l'un et l'autre nous a toujours semblé aussi vain et puéril que de choisir entre Nike et Adidas. L'identification par les marques, symptomatique d'une dérive capitaliste qui n'a pas vraiment lieu d'être. Personnellement, j'ai grandi en appréciant aussi bien les X-Men que Batman, et avant tout les auteurs qui eux n'ont jamais eu à choisir entre ces éditeurs, passant joyeusement de l'un à l'autre en fonction de leurs contrats.

C'est d'ailleurs encore plus vrai désormais que les deux majors sont devenues ces dernières années des catalogues à licences, où les artistes ont pour but de faire vivre des personnages et qui ont parfois le bonheur de faire quelques histoires qui sortent du lot. Je ne vais pas vous sortir le couplet du "c'était mieux avant". Trop limitée comme analyse. Qui ne prend pas en compte l'évolution d'un marché qui brasse tellement d'argent depuis que les super-héros sont devenus les tauliers du blockbuster made in Hollywood.

Regardons avec honnêteté ce qui est advenu de ces éditeurs, et le constat devient terrible. Longtemps, je me suis demandé si j'étais devenu aigri sur le sujet. Est-ce que je n'aime plus les super-héros ? Suis-je trop vieux pour ses conneries ? Ce serait quand même une vacherie de se la jouer Danny Glover des comics. La lecture d'un petit chef-d'œuvre comme Thor, qu'écrit actuellement Jason Aaron, m'a conforté sur une idée qui commence à émerger alors que l'on prend du recul, Marvel comme DC Comics n'ont plus de ligne éditoriale cohérente.

Les meilleures séries se vendent désormais à 100 000 exemplaires, bien loin des ventes mirifiques des années 90. Alors quand la maison-mère, Disney ou Warner, engrange des millions sur un seul film, une seule série, on peut se demander quel est leur intérêt dans ces BD qui ne concernent plus qu'un lectorat de niche. Que ce soit Secret Wars ou Convergence, ces events qui font disparaitre toute velléité de continuité, la cause est entendue : les univers super-héroïques ne sont qu'un immense catalogue où ce qui prime est le copyright.

Si j'étais cynique, je verrais là-dedans un nouvel effet de l'accelérationnisme appliqué à la culture. Mince, je suis peut-être cynique. Attention, cela ne veut pas dire pour autant qu'on ne peut pas trouver de bonnes surprises dans ces events. The Infinity Gauntlet est l'expression même du génie de Dustin Weaver qui a enfin pu se lâcher sur un univers post-apocalyptique comme il les aime. Midnighter est méchant bien comme il faut, avec un humour à deux balles tellement salvateur. Mon propos, c'est que plus personne tient la barque. Plus que d'idées, ce qui manque aux majors ce serait plutôt une attention, une vocation.

Axel Alonso ou Dan DiDio sont devenus des pompiers de service, qui reçoivent des directives de leurs propres patrons et doivent composer avec. "Hé Axel, faudrait que tu nous trouves une alternative à Captain America, parce que Chris Evans va bientôt se barrer et que franchement Sebastian Stan ça va pas le faire." Bon, le design de Sam Wilson en héros à la bannière est sublime, mais entre nous, qu'elle est la justification au-delà de ça ? L'intention, le message ? La pirouette, c'est que nous sommes pro-bonnes histoires. Celles-ci sont généralement motivées par une réflexion, un primat conceptuel qui motive le récit. Pas par un diktat de producteurs qui cherchent à devenir plus riches qu'ils ne le sont déjà. 

Alfro
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