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Deep Gravity #1, la review

Deep Gravity #1, la review

ReviewDark Horse
On a aimé• Un lettrage malin
• Le design des monstres, plutôt réussi...
• ... mais très, très classique
On a moins aimé• L'empire des poncifs
• Gabriel Hardman seulement sur le script
• Loin d'être très joli
Notre note

Chez Dark Horse, on aime beaucoup le cinéma. Ainsi, après avoir porté en BD les plus grandes licences d'Hollywood, et après avoir vu Disney récupérer l'ogre Star Wars, l'éditeur au Cheval Noir fait aujourd'hui le chemin inverse, avec un comic-book qui s'inspire clairement de deux classiques du cinéma de S-F, aux antipodes l'un de l'autre : Gravity et Starship Troopers. Plus connu comme un bon éditeur que comme un fin scénariste, Mike Richardson (le Big Boss de Dark Horse) s'attaque aujourd'hui à une nouvelle histoire, en compagnie d'un artiste qu'on aime beaucoup, Gabriel Hardman. Enfin ça, c'est ce qu'on croyait.

Me rendre dans mon comic-shop et fouiner parmi les nouvelles séries à venir chaque semaine ou presque chez les plus petits éditeurs de l'industrie fait partie de ces plaisirs dont je ne me passerai sûrement jamais. Vieux réflexe hérité d'après-midi à retourner les bacs de CDs des disquaires à ma disposition, le sentiment de se sentir happé par un titre rien qu'à sa couverture n'a pas de prix, et devrait être prescrit à tous les amateurs de culture en proie au doute face à leurs envies de renouvellement artistique. Ici, si vous n'aviez pas décidé de me confier la tâche de vous parler de Deep Gravity #1, il y a de fortes chances pour que le titre se soit quand même trouvé dans mes achats de la semaine grâce à son écrin de bon goût, mêlant Vaisseaux Spatiaux, planètes éloignées et monstres tentaculaires. Un programme qui sent bon le déjà-vu mais qui, bien exécuté, peut offrir de vrais bons moments de BD.

Problème : le premier coup du lapin pour le lecteur curieux intervient dès la première page, où l'excellent Gabriel Hardman, très mis en avant sur la couverture avec son nom en dessous de celui de son patron, ne s'occupe finalement pas du tout des dessins et co-signe le script (pas même le plot) avec Corinna Bechko, la lourde tâche du dessin incombant au jeune et inexpérimenté Fernando Baldo, dont c'est le premier comic-book publié. 

Autre souci : le contexte est résumé au cœur de deux paragraphes lourdingues, là où les 24 pages à venir devraient mener à bien la mission de localisation d'un lecteur lui aussi perdu dans l'espace avant même de débuter sa lecture. Bref, l'entrée en matière était franchement délicate.

La suite va aller de mal en pis puisque le titre, qui reprend déjà le nom du film d'Alfonso Cuaron un peu par nécessité dans son titre, va plagier les aventures de Sandra Bullock "au calme", comme dirait un ami poète de Boulbi. Certes, on pourra invoquer le clin d'œil et l'hommage pour justifier cette entrée en matière, toujours est-il que c'est l'exécution qui pêche, malgré de jolies ambitions de 3D en BD. Le véritable problème, c'est que séquentiellement, le titre est faible. La narration est loin d'être fluide, la balance dessin / dialogues est très mal gérée et d'une intro' dans l'espace on se retrouve projeté dans un dialogue politico-social dont les enjeux nous échappent totalement, l'empathie n'étant jamais considérée par des auteurs qui exposent ce qui semblent être des fiches de personnages en train de se répondre. Les poncifs sont présents par centaines, et aucun aspect de Deep Gravity n'est réellement original. Ni la durée du voyage (6 ans) et la perte de repères signifiée par l'un des rares dialogues réussis, ni même l'aspect Empire Galactique - Colonie Minière militarisées face à la faune et la flore locale menaçante, pas plus que le love interest planqué au bout de l'univers et source du voyage entrepris par un héros qui refuse sa condition et je vous en passe encore quelques uns. 

On notera tout de même, au rayon des qualités, l'envie de proposer quelque chose d'envergure, qui mêle sub-plots et action débridée, sans jamais verser dans un genre particulier de Science-Fiction. Autre anecdote franchement positive à noter : les onomatopées réalisées à la main si chères à Max Bo, qui permettent d'offrir un côté Pulp au titre, sûrement insufflé par un Gabriel Hardman finalement pas si absent.

Deep Gravity est le rendez-vous manqué entre Gravity, Starship Troopers et High Fidelity. Proposé à 4 dollars (!) par un éditeur qui n'hésite pas à mettre ses plus gros noms en avant alors qu'ils ne sont finalement que consultants, le titre déçoit par son manque total d'originalité, ses faiblesses séquentielles et sa façon de dérouler une histoire que le lecteur pourrait écrire à mesure qu'il avance au fil des pages. Une belle déception, là où le concept même de la série aurait pu hériter d'un monde riche, de personnages passionnants et d'enjeux bien mieux mesurés. 

Sullivan
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