Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Édito #21 : Le single V.O, bientôt du passé ?

Édito #21 : Le single V.O, bientôt du passé ?

chronique

La bande-dessinée et le papier sont indissociables, si bien qu'acheter ses livres sous un format numérique est inconcevable (et une torture) pour un grand nombre d'entre nous qui aime le bruit d'une page qui se tourne et l'odeur d'un papier neuf. Pour autant, les systèmes de consommation évoluent avec leur temps et le comics semble être à l'orée d'une période de changement.

C'est le rendez-vous de la semaine à ne jamais manquer : le mercredi avec ses très nombreuses sorties de singles V.O. Il faut dire que l'avantage des titres comics papiers à toujours été, à l'instar des journaux, d'être en vente toute les semaines et proposer toujours des aventures de ses héros préférés en continu. Le voyage jusqu'à son revendeur préféré et la découverte de ses titres étant un moment de plaisir de lecteur irremplaçable. Malheureusement, le capitalisme et la crise sont passés par là et les 10 cents sont aujourd'hui devenus des 3,99$ pour parfois atteindre des 5,99$. Des prix abordables qui ne cessent de croître et qui poussent évidemment le lecteur à revoir sa consommation de comics vers le bas, surtout quand on lit du manga, du franco-belge, qu'on aime les jeux vidéo et le cinéma à côté.



Évidemment, cette triste tendance est paradoxalement à mettre sur le compte des deux plus gros éditeurs (qui gagnent déjà beaucoup d'argent donc), DC Comics et Marvel, qui, en monopolisant l'industrie, se permettent de porter parfois atteinte au respect de son lecteur en éditant des éditions de plus en plus médiocres compte tenu de leur prix. Un papier transparent qui permettra bientôt de voir d'un seul coup d'œil le cliffanger d'un numéro à travers sa couverture. Mais ce n'est pas seulement la qualité de son papier qui attriste aujourd'hui les éditions en single puisque les magazines sont de plus en plus infestés de pubs qui seront bientôt présentes une page sur deux. Assez effrayant. La Maison des Idées s'est d'ailleurs montrée pionnière dans un nouveau genre en augmentant ses prix de façon aléatoire ces derniers mois. Parfois sur un seul numéro d'une série pour la simple et bonne raison qu'un numéro d'une autre série pas forcément intéressant (ou déjà lu) a été ajouté en back-up. La Distinguée Concurrence n'étant pas en reste en proposant des séries hebdomadaires à la pelle dont Batman Eternal qui se terminera en mars prochain même si la résolution de son intrigue sera connue dans Batman: Endgame qui débutera en Novembre.

Heureusement des irréductibles sont encore là pour montrer l'exemple et offrir satisfaction à son lectorat comme Image Comics, IDW (avec The Squidder) ou des Asylum Press qui proposent des éditions non polluées avec un papier de qualité qui nous rappelle quelque chose d'essentiel: un single, c'est beau. Car oui, un single est censé être un objet de plaisir pour le lecteur et ce type d'édition a réussi à instaurer au fil des années un culte de la couverture et de la couverture variante. Mais ces éditeurs pourront-ils à eux seuls garder en place un système de consommation si particulier ?



Aujourd'hui, les méthodes de consommation ont évolué et internet a bousculé l'ordre pré-établi ces dernières années dans beaucoup de domaines comme la musique (la première à morfler), le cinéma, le jeu vidéo et maintenant la bande-dessinée. Tablettes ou smartphones à la main, le monde peut maintenant accéder à n'importe quel comics directement en quelques clics. Si le système numérique n'a pas encore convaincu les lecteurs qui aiment aller chez leur revendeur, l'éditeur, lui, en a vu l'intérêt. La chaîne de fabrication d'un livre étant cassé pour relier le premier maillon de la chaîne directement avec le dernier. Sans impression, sans transport, sans libraires, les coûts sont drastiquement réduits même si les prix restent principalement inchangés. Un monde éminemment triste mais économiquement alléchant lorsque l'on veut toujours plus de profit.

Pourtant les choses n'ont pas encore véritablement changées, et ce même si le comics papier a évidemment pris un coup dans le menton avec l'arrivée de plateformes d'édition numérique qui ont décidé de bousculer cet ordre comme Comixology ou encore avec l'abonnement Marvel Unlimited, qui permet d'accéder à tout le catalogue de la Maison des Idées moyennant un forfait de 10$ ou 60$ par mois. Un constat qui porte à croire que les maîtres de la bande dessinée américaine cherchent à auto-saboter le format single pour donner envie aux fidèles lecteurs de passer au numérique. Tout comme le jeu vidéo ou le cinéma l'a fait : en livrant des éditions en boîte de plus en plus maigres pour un prix équivalent qu'une version numérique qui promet un accès immédiat et sans déplacement.

Heureusement, à l'image des héros de comics, nous n'avons pas encore dit notre dernier mot et nous pourrons, pour l'instant, toujours compter sur le relié pour nous créer une bibliothèque digne de ce nom. Et ce, malgré le mal au dos post-déménagement...

AlexLeCoq
est sur twitter
à lire également
Commentaires (22)
Vous devez être connecté pour participer