Premier essai pour le jeune réalisateur Josh Trank, avec Chronicle. Film loin d’être facile et
qui avait pour challenge d’allier film de super héros et réalisation «caméra
embarquée». Un choix de mise en scène qui se cantonne d’habitude aux films
d’horreurs depuis le fameux Projet Blair
Witch, sorti en 1999. Et oui, voilà douze années maintenant qu’on se mange du cadre
qui bouge au cinéma en essayant de faire passer pas mal de films pour des
créations originales, à travers une démarche qui cherche le plus souvent à
masquer de réels défauts cinématographiques. Chronicle était donc attendu au tournant, car il pouvait autant
être une belle surprise, qu’un énième raté à ranger avec les Paranormal Activity (NdSullivan : Vous avez le droit d'avoir du mauvais goût comme moi et d'avoir adoré ce film) et autres.
Des débuts enthousiasmant...
Et le film commence assez bien, la caméra embarquée se justifie assez
bien à travers l’un des personnages qui semble traverser une période assez
chaotique (mère atteinte d’une maladie grave, père devenu violent et
alcoolique). On suit dès le début le quotidien difficile d’Andrew, ce qui
permet au spectateur de rentrer en peu de temps dans le film, et d’adhérer
au côté sérieux, faux documentaire que cherche à développer le réalisateur. Cet effet
est peut être aussi plus maîtrisé dans ce film que dans un autre du genre, du fait
que le réalisateur cut beaucoup plus ses scènes et installe un rythme saccadé.
Contrairement à un REC ou autre où
l’action n’est jamais stoppée et se déroule dans un espace de temps assez
court, sans aucune ellipse. Le reste s’enchaîne parfaitement, lorsque les trois
jeunes protagonistes commencent à découvrir leurs pouvoirs, l’effet d’immersion
est maîtrisé et on tient presque le film de super-héros parfait, proche de la
réalité et loin des running gags typiques des grosses productions Marvel.
... Pour une fin en demi-teinte
Mais, parce qu'il faut bien qu’il y ait un mais, vu que nos héros n’ont pas de réels menaces qui viennent de l’espace, leur déclin va venir de l’un d’entre eux et c’est à partir de là que le film bascule. Le réalisateur essaie de développer la psychologie des personnages sans réellement la maîtriser à coups de scènes qui tirent sur la corde sensible et en total décalage avec le début du film. J'en veux pour témoin des morts de personnages absolument soudaines et aucunement justifiées. Le revirement de mentalité d’un des personnages arrive pareillement et du coup, on y croit plus, alors qu'en 2011, X-men : First Class pour ne citer que lui avait montré la voix à suivre pour mettre en scène la genèse de "vilain" d’un personnage comme Magnéto. Le film se termine dans une scène d'action débridée, parce qu’il faut quand même une dose de règlement de compte à grand renfort d'effets spéciaux, donnant un effet "train fantôme" symptomatique des films à caméra "au poing".
Au final, le
spectateur déchante quelque peu sur la seconde moitié du film et subit
un épilogue beaucoup trop attendu, surtout après la démonstration
d'audace de la première heure. On se dit qu’on avait
devant nous un film qui a du potentiel et qui, si il avait été mieux
maîtrisé,
aurait pu être un bon film de super-héros, loin des super productions à
licences et plus proches d’un esthétisme réaliste. Il reste que pour un
premier film, c'est un début des plus prometteurs et que Josh Trank fait
désormais partie de ce gotha de jeunes réalisateurs qui comptent.
Attendu comme la première surprise de 2012, Chronicle remplit son
contrat à merveilles et devrait vous propulser dans les salles obscures
début février pour 2h de fun pur et dur !