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Olivier Coipel, plus grand talent Français.

Olivier Coipel, plus grand talent Français.

DossierMarvel

 

 Semaine Thor oblige, nous nous devions de revenir sur le cas du dessinateur de Comics Français le plus influent de tous les temps aux USA qui, en plus d'être pétri d'un talent presque indécent, est un Homme tout aussi incroyable. Décryptage d'un surdoué :

 

L'homme

Globetrotteur de l'éternel, il est sûrement l'auteur que l'on pourrait le plus aisément surnommer "l'anguille". Toujours en déplacement, à visiter le monde et à rencontrer des gens, lui mettre le grappin dessus relève de l'épreuve olympique. Derrière cette façade "Attrape moi si tu peux" se trouve alors un artiste profondément gentil, sincère dans la vie comme dans son art et définitivement passionné par son métier. Nostalgique des années Claremont, il rêverait de son propre aveu de pouvoir dessiner "ses X-Men", signe que les héros Marvel ont envahi son quotidien bien avant de les travailler professionnellement sur une planche à dessin.
Toujours en train de courir, Olivier Coipel sait pourtant se rendre disponible pour ses nombreux fans, comme ce fût le cas il y a deux petites semaines à la Kapow! Comic Con où il a lui aussi gagné un Guiness World Record, celui de l'auteur le plus photographié en compagnie de ses lecteurs !
Autre particularité du Français, qui le place une fois de plus à part de ses confrères artistes, celui-ci ne lit pas les critiques sur ses oeuvres, et c'est avec un étonnement véritable qu'il apprend que "son" Thor est perçu comme l'un des plus aimés d'un lectorat pourtant exigeant avec la continuité graphique et éditoriale du Dieu du tonnerre.
Généreux pourrait être un autre attribut du personnage, lui qui souhaiterait voir plus de Français en conventions, poussant la jeune génération à le rejoindre dans son rôle de dessinateur majeur de l'industrie, plutôt que de craindre une quelconque concurrence venue de l'intérieur (et Dieu sait que les talents Français ne manquent pas avec Stephane Roux, Paul Renaud, Gerald Parel, Stephanie Hans, Guile, Soul, Mast' et on en passe...).

Un homme complet avec un talent si prononcé mérite donc amplement son succès, même si nous verrons qu'il a également su s'attirer les foudres d'un lectorat exigeant au début des années 2000 : celui de la légion des super-héros...

Sa carrière

Des Vengeurs aux Mutants en passant par la Légion...

Après de bons épisodes des Vengeurs co-réalisés avec Geoff Johns (qui, avant d'être l'architecte alpha de DC, était bel et bien scénariste Marvel) à un moment peu propice (le début des années 2000 n'est pas la meilleure époque pour prendre en main les héros Marvel), l'auteur Français accompagne son scénariste sur le chemin de la concurrence et de DC.
Débuts difficiles sont souvent l'apanage des plus grands. Ainsi, c'est accueilli par une horde de fans hardcore de la Legion des Super-héros qu'Olivier Coipel fait son entrée dans le monde des Comics Mainstream. Accompagné de DnA (Dan Abnett et Andy Lanning, le scénariste à 4 mains), l'auteur fera ses débuts en fanfare, pour le meilleur et pour le pire.
Conspué par les fans les plus conservateurs de la série (parce qu'il faut savoir que la Legion est la série qui possède sûrement la plus grosse fanbase de l'histoire des Comics), applaudi par la critique, le Français sait se faire remarquer à son insu grâce au titre Legion Lost.
Plusieurs années et quelques dizaines de couvertures plus tard (où son style aura évolué considérablement pour se rapprocher petit à petit de sa patte "classique"), on retrouve l'artiste sur House of M avec ni plus ni moins que Brian Michael Bendis.
Preuve que Marvel lui fait confiance pour l'avenir, Joe Quesada le cite parmi les "Young Guns", ces artiste qu'il imagine être l'avenir de l'industrie des Comic Books. Et si l'on entend beaucoup d'idioties sur la personne de Joe Quesada ça et là, vous pouvez vous amuser à lui donner raison ou tort avec cette vision qui, chez nous, apparaît très prémonitoire : "Marvel's Young Guns are Olivier Coipel, Jim Cheung, David Finch, Trevor Hairsine, Adi Granov, and Steve McNiven". Joli tir groupé.

Revenons à House of M, un des meilleurs crossovers Marvel de ces 10 dernières années au demeurant -dont les secousses se font encore sentir aujourd'hui- et au dessin du Français le plus talentueux de l'industrie. Event oblige, l'exercice est plein de deadlines et de pression éditoriale forte, rien de mieux pour booster un Olivier Coipel à produire le meilleur le temps de 8 numéros historiques. 
Découpage au poil, storytelling hallucinant, personnages reconnaissables entre mille et prémices de techniques de mouvement qu'il utilisera à merveilles avec Thor 2 ans plus tard, tout est là pour nous rappeller l'importance que revêt l'évènement dans l'univers Mutant. Sa version de Wolverine est sans nulle doute l'une des plus marquantes de l'histoire du personnage et cette double page où le griffu chute de l'héliporteur reste aujourd'hui encore l'une des productions les plus marquantes du Français On le sait, l'artiste aime s'amuser avec Spider-man et les Mutants lorsqu'il ne sublime pas Thor, quel plaisir alors de le voir prendre possession de ses héros d'enfance et les animer le temps d'un cataclysme X. 


C'est le moment que choisissent les lecteurs pour le considérer à la juste hauteur de son talent, faisant de lui une superstar de l'industrie des Comics, particulièrement chez Marvel.
Comme à son habitude, le Français saura alors se faire rare pendant 2 ans, distillant quelques couvertures bien senties pour des séries X et Y chez Marvel, préparant ce qui fera de lui le géant qu'il est aujourd'hui.

Thor, une vitrine en cristal.

Nul besoin de (re)présenter l'oeuvre dans ses moindres détails, vous n'êtes pas sans savoir que le reboot de Thor par J.M.S et Olivier Coipel est un chef d'oeuvre. Là où le scénariste démontre une énième fois son savoir-faire (et sa fâcheuse manie de ne pas terminer ses oeuvres), le Français s'approprie un personnage aux antipodes de Spider-man et Wolverine par son statut de Dieu Guerrier : Thor.
Accueilli par une critique dithyrambique, ce Run sert au Français à montrer toute l'étendue de sa technique et particulièrement de sa maîtrise du mouvement.
De sa représentation quasi-exacte d'un Oklahoma red-neck en passant par une déroute mythique de Tony Stark face à l'alter ego de Donald Blake, les climax se font légion et chaque numéro est prétexte à une note meilleure que son prédécesseur. Les scènes intimistes de Donald Blake à l'hôtel sont particulièrement hallucinantes et réalisme et une image en particulier contient le génie de Coipel, comme nous le verrons plus bas. Rarement une telle concordance entre scénario et dessin fût aussi flagrante dans l'industrie des Comics mainstream et JMS autant qu'Olivier Coipel semblent avancer continuellement dans le même sens, accompagnant un personnage perdu dans sa quête de renaissance. 
C'est alors naturel de le retrouver en 2009 sur le crossover SIEGE, qui voit la fin d'Asgard, 2 ans après avoir lui-même recréé le royaume nordique divin sur Terre. Là aussi, le caméléon Coipel s'adapte et délaisse l'intimité d'un Thor pour une approche plus Hollywoodienne, où les Splash Pages sont toutes plus belles les unes que les autres et les scènes de baston plus lisibles qu'elles l'ont trop rarement été ces dernières années. Mention spéciale à Laura Martin qui sublime ses couleurs d'une manière purement hallucinante, rendant la chaleur du Rouge et de l'Orange très appropriée au dessin du Français.
4 numéros plus tard, Quid du futur du SEUL artiste Marvel à avoir jamais réalisé 2 Crossovers en moins de 5 ans?
C'est là que le retour à son amour intervient, puisque comme il nous le confie lors de l'interview réalisée à la Kapow! Comic Con, son retour sur Thor accompagné de Matt Fraction pour The Mighty Thor lui semblait tout naturel. Les premières planches font l'écho d'une maîtrise nouvelle et d'une énième évolution de son style, l'artiste prenant en main des personnages cosmiques de la trempe du Silver Surfer et de Galactus avec brio. La suite? Nous ne la connaissons pas encore mais nous ne inquiétons pas le moins du monde quant à la réussite de l'Artiste (avec un grand A).


The Mighty Thor #1

Sa technique

Même s'il ne voit lui même pas le lien entre ses études aux Gobelins (école d'animation de référence en France) et ses rendus actuels, le parallèle entre le story-telling impeccable du Français et le secteur de l'animation est souvent mis en avant par les amoureux de son art.
En effet, comment expliquer plus clairement ce rapport étroit entre le mouvement et le dessin d'Olivier Coipel? Scènes de baston ou simple vue intimiste d'un personnage dans un hotêl deviennent cinématographiques et "lisibles" sous le crayon du dessinateur de SIEGE.
Le découpage des actions est quasi-similaire à ce qui se fait au cinéma et tout semble rappeler ce lien étroit entre le 9ème et le 7ème art grâce au dessinateur.
La planche suivante reflète d'ailleurs tout à fait cette "habitude" de l'auteur à imaginer ses pages comme des Story-boards magnifiés par un dessin au petits oignons :


En plus de cette aisance toute naturelle à adapter les scripts, on trouve chez Olivier Coipel ce soucis du détail propre aux plus grands artistes. S'il n'est pas adepte du coup de crayon "sec et rapide" des auteurs phares des années 90, celui-ci ne laisse pas partir de sa main le moindre trait irréfléchi et c'est bel et bien cette minutie qui rend ses compositions incroyables de justesse.

Ses proportions semblent être calquées sur des modèles vivants et ses postures sont, elles-aussi, sorties droit de photographies. Ainsi, Thor qui se tient la hanche en lisant une lettre prend la forme d'un Dieu guerrier géant aux postures "étonnamment" humaines, dualité d'un personnage qui semble déjà très humanisé par sa condition sur Midgard :

Au final, c'est cette façon d'être complet dans tous les aspects de son métier de dessinateur qu'Olivier Coipel trouve sa force. Ne laissant rien au hasard, maitrisant chaque découpage de chaque planche de chaque série, le Français semble en plus n'avoir aucune limite en matière de progression.
Si The Mighty Thor n'est encore aujourd'hui qu'un projet à peine débuté, nul doute que celui-ci deviendra dès son terme la nouvelle référence du talent du Français, repoussant une nouvelle fois les limites d'un niveau déjà très, très elevé.

Pour finir, nous vous laissons avec la bibliographie d'Olivier Coipel, dans laquelle manquent quelques couvertures et illustrations ça et là :

Marvel Comics

  • Avengers #65-70, 77-78, 80-81
  • Black Panther #16 (Couverture seulement)
  • House of M #1-8
  • Marvel Spotlight: Daniel Way/Olivier Coipel
  • New Avengers #3 (Variant Cover seulement), 23
  • Ultimate X-Men #61 (Variant Cover seulement)
  • New Avengers Annual #1
  • Stan Lee Meets Spider-Man #1 (Histoire principale)
  • Uncanny X-Men #448-449, 526
  • Young Guns Sketchbook 2004
  • Thor #1-6, 9-12
  • Tales of Asgard #1-6 (couvertures)
  • Siege #1-4
  • The Mighty Thor #1-6

DC Comics

  • The Legion #1-4, 5 (couverture), 6-8, 9 (couverture), 10-12, 13 (couverture), 14
  • Legion Lost #1-3, 4 (couverture), 5, 6 (couverture), 8, 9 (couverture), 10-12
  • Legion of Super Heroes vol. 4 #122-123, 125 (couverture)
  • Legionnaires #78-81
  • Legion Worlds #1 (Back-up)
Sullivan
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